Nous sommes paraît-il sept milliards d'êtres humains à habiter cette planète. D'habitude, les informations qui sont traitées par les journalistes sont presque toutes affreusement déprimantes. Guerres, crises économiques, maladies, pauvreté, famines... Et malgré tout cela, la population continue de croître dans des proportions incroyables, poursuivant une explosion démographique sans précédent. Nous avons gagné un milliard d'habitants en une douzaine d'années. Il y a actuellement 4 milliards et demi d'habitants en plus par rapport à 1950. Cela fait beaucoup. La première conclusion que l'on peut tirer de cela, c'est que malgré tout, les conditions de vie n'ont jamais été aussi bonnes. En effet, si elles étaient vraiment mauvaises, autant de personnes ne pourrait pas survivre. Malgré les guerres, les maladies et les famines qui ont autrefois décimé la population mondiale, cette dernière continue de croître à un rythme insensé. C'est bien la preuve que ces guerres, maladies et famines ne sont pas si graves que cela, une fois vues à l'échelle du monde entier.

C'est en fait une question tout à fait malthusienne. A ce titre, on pourrait d'ailleurs prendre ce constat en le reversant : et si les guerres, les famines et la pauvreté n'étaient que la conséquence de cette augmentation disproportionnée de la population ? C'est l'ancien débat autour de la célèbre phrase de Jean Bodin, "il n'y a de richesses que d'hommes". Pour être plus terre à terre, on pourrait commencer par essayer de mettre en rapport peuples et ressources.

Aujourd'hui, l'Asie est de loin le continent le plus peuplé. L'Inde et la Chine ont chacun une population supérieure à un milliard de personnes, mais ces pays connaissant une croissance économique très forte, qui leur donne au moins l'opportunité d'améliorer leur développement. Encore de larges pans de leurs populations sont très pauvres, mais le niveau de vie augmente quand même progressivement. A contrario, l'Afrique est le continent qui connait la croissance démographique la plus soutenue, avec une population actuelle très jeune. Mais les opportunités économiques sont loin de suivre. Il n'y a pas vraiment d'industrialisation de l'Afrique sub-saharienne, et une agriculture peu productive ne suffit pas pour favoriser le développement. Les Etats y sont mal structurés, ils apportent peu d'aide à l'essor économique, et les luttes régulières pour le gouvernement, la corruption et le népotisme handicapent même les initiatives individuelles. Il n'y a jamais eu autant d'habitants en Afrique, mais par corolaire, il n'y a jamais eu autant de miséreux en Afrique aussi...

La croissance démographique africaine est donc une machine à fabriquer de la misère. A quoi bon donner naissance à beaucoup d'enfants, si c'est pour qu'ils vivent dans des conditions de vie tout à fait déplorables, et cherchent à quitter leur lieu de naissance par tous les moyens ? Une forte fertilité avait une utilité lorsqu'elle devait suppléer une mortalité infantile élevée, mais la croissance démographique actuelle tend à montrer que celle-ci a diminué, sans que les comportements se soient adaptés. Pour son propre avenir, l'Afrique a donc tout intérêt à terminer sa transition démographique.