Réflexions en cours

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lundi 15 avril 2013

Jusqu'où la transparence ?

François Hollande s'est lancé dans une croisade sur la "transparence" en politique, et y voit sa planche de salut maintenant que sa promesse électorale de "République irréprochable" a coulé corps et âme. Le grand public ne doit donc plus rien ignorer du patrimoine et des conflits d'intérêts des ministres, et voire même des parlementaires. Le procédé, aussi ennuyeux soit-il pour les ministres, ne vaut pourtant pas grand chose. En effet, Jérôme Cahuzac avait bel et bien rempli une déclaration de patrimoine une fois arrivé au gouvernement... où il avait soigneusement oublié d'inclure ses comptes bancaires à l'étranger. Le problème ici, c'est bien le mensonge. On va nous abreuver de déclarations qu'il faudra prendre pour argent comptant en nous prenant pour de gros naïfs. Si l'on doit combattre le mensonge en politique, le sujet est plus vaste. Si les politiciens mentent, c'est qu'ils croient que c'est dans leur intérêt. Ils diront toute la vérité le jour où ce le sera aussi.

Il y a 20 ans, Les Inconnus avaient parfaitement résumé ce qu'on pouvait voir et penser de tout ça. Rien n'a changé, bien sûr, et ces dernières semaines le confirment même plus que jamais.



jeudi 20 décembre 2012

La gauche a tous les pouvoirs

Quand était-ce arrivé la dernière fois ? En France, depuis les dernières élections, un bord politique dispose de tous les pouvoirs. Difficile, dès lors, de parler de véritable séparation des pouvoirs, ou d'un système où une branche tempère l'autre, vu que toutes les branches sont du même camp idéologique. L'exécutif national est uniformément de gauche : le Président de la République, François Hollande, comme le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, sont issus du Parti Socialiste, comme la quasi totalité du gouvernement. Les deux ministres Verts pourraient avoir des opinions discordantes, mais se gardent bien de les exprimer.

Le pouvoir législatif est également de gauche : l'Assemblée Nationale depuis les dernières élections législatives, le Sénat depuis l'année dernière. Il n'y a d'ailleurs plus personne à gauche pour critiquer le Sénat comme institution depuis qu'elle en a pris le contrôle. Certes, probablement par habitude, les sénateurs socialistes ont voté contre le budget présenté par le gouvernement, mais ce n'est pas là qu'on verra une quelconque remise en cause du gouvernement.

Le pouvoir judiciaire est globalement de gauche depuis... depuis... en a-t-il jamais été autrement ? En tout cas, les magistrats étant représentés par deux syndicats dont l'un est à gauche et l'autre n'est pas à droite, on sait à quoi s'en tenir, leur opposition aux gouvernements de droite étant systématique. Cela se confirme d'ailleurs dans leur action au quotidien.

Les médias, généralement considérés comme le quatrième pouvoir, sont aussi de gauche dans leur majorité. Il y a bien sûr des titres neutres ou orientés à droite, mais les journalistes politiques sont très majoritairement à gauche...

Les pouvoirs politiques locaux sont majoritairement de gauche, et ce, quelque soit l'échelon. 21 régions sur 22 en France métropolitaine, la majorité des départements, et les dernières élections municipales avaient été favorables à la gauche.

Et pendant ce temps là, il n'y a même plus d'opposition. L'inénarrable duel Copé/Fillon a figé l'UMP dans l'inaction la plus totale, au Modem on se demande même s'il ne faudrait pas entrer au gouvernement (alors qu'il en est hors de question pour les socialistes) et à l'UDI on attend que les choses se passent. En dehors, il n'y a que des partis extrémistes.

Bref, la gauche a vraiment tous les pouvoirs, et ce depuis plus de six mois maintenant. Elle est libre de faire ce qu'elle veut. Le changement, c'est maintenant, nous avait-on dit. Qu'est-ce qui a changé... pour le mieux, depuis ? Avec le pouvoir, vient les responsabilités. Et aujourd'hui, la gauche n'a aucune excuse. Elle a pu mettre en place la politique qu'elle voulait, et il n'est plus question d'améliorations avant bien des années. Elle peut, mais ne fait rien. Voilà pourquoi elle souffre d'impopularité record dès le premier dixième de quinquennat écoulé. La population sait que s'il n'y a pas de graines de plantées, il ne risque pas de pousser quoi que ce soit.

mercredi 28 novembre 2012

Un président de parti d'opposition élu triomphalement

La nouvelle est tombée lundi : le président d'un parti d'opposition français de centre droit a été élu par l'ensemble des adhérents, et cette élection s'est passée sans souci. Jean-Louis Borloo a en effet été réélu président du Parti Radical. Certes, les possibilités de contestation étaient réduites, vu qu'il était le seul candidat. Du coup, il n'y eu que 4 % de vote blanc, et une participation de 65 %. Cette nouvelle est passée inaperçue. Comme à peu près toutes les autres informations d'ailleurs. On a peu entendu parler également des errements de François Hollande sur le mariage homosexuel, de la dégradation financière de la France, des rodomontades d'Arnaud Montebourg, des derniers soubresauts du conflit israélo-palestinien, et évidemment de la guerre civile syrienne, dont tout le monde se désintéresse maintenant semble-t-il. L'ensemble des journalistes de l'Hexagone n'a d'yeux que pour un seul événement : la farce jouée par Jean-François Copé et François Fillon autour de l'élection du président de l'UMP. S'il faut en passer par là, eh bien, allons-y ! Voici un résumé des épisodes précédents :
  1. Le soir de l'élection, Jean-François Copé a annoncé sa victoire le premier avec 1000 voix d'avance, François Fillon a ensuite également déclaré avoir remporté ce scrutin, ils dénoncent tous deux des irrégularités.
  2. La commission organisant l'élection ne prend en compte aucune irrégularité, et annonce une victoire de Jean-François Copé avec 98 voix d'avance. Les deux candidats acceptent ce résultat.
  3. Il s'avère que la commission en question avait "oublié" les résultats de certains DOM-TOM, qui auraient entraîné une victoire de François Fillon par une vingtaine de voix d'avance. Une fois cela clairement établi, François Fillon réclame la victoire.
  4. Non non non, dit Jean-François Copé, si cette méthode auparavant acceptée par les deux candidats ne lui octroie pas la victoire, alors il faut changer de méthode. Il remet alors les irrégularités sur le tapis, et engage la commission des recours, qu'il contrôle en sous-main, à tripatouiller les chiffres pour qu'ils aillent dans son sens.
  5. François Fillon, voyant le coup venir, n'accepte cet arbitrage de la commission des recours que si elle est indépendante, donc sans soutien de François Fillon et de Jean-François Copé
  6. Non non non, dit Jean-François Copé. Ce sera d'ailleurs sa réponse à toute hypothèse de sortie de crise qui puisse induire qu'il ne soit pas à terme président de l'UMP. Les médiations d'Alain Juppé et de Nicolas Sarkozy arrivant à l'échec de ce fait.
  7. Pendant ce temps, la commission des recours a bien travaillé, et a réussi à faire coïncider les résultats électoraux avec la parole de Jean-François Copé, sortant de son chapeau les 1000 voix d'avance dont il se targuait le soir même de l'élection quand les résultats précis n'étaient pas connus. Malheureusement pour lui, personne n'est dupe.
Voilà grosso modo où on en est. Evidemment, la solution la plus simple serait de faire revoter les adhérents, et pas à la socialiste avec des bureaux de vote où, semble-t-il, tous les doutes sont permis, mais de faire comme au Parti Radical la semaine dernière, avec un vote électronique organisé par une société indépendante. L'UMP connait pourtant bien ce principe, puisqu'il s'en est servi systématiquement par le passé, par exemple pour désigner son candidat à la présidentielle en 2007, ou dans un cadre plus compétitif, organiser des primaires pour désigner les candidats aux régionales de 2010. Avec un vote électronique, le résultat est connu rapidement, et les magouilles sont plus difficiles à organiser. Celui qui a décidé de passer par un vote papier pour une élection aussi disputée est un âne, ou bien quelqu'un qui avait intérêt à pouvoir jouer des marges liées à ce mode de scrutin.

Difficile de savoir où tout cela les mènera, mais si Jean-François Copé croit vraiment que tout cela lui profitera in fine, il se met un doigt dans l'œil.

lundi 29 octobre 2012

Le PS s'oppose subitement aux manifestations

A la base, on n'a pas envie de défendre Jean-François Copé. Ses dernières déclarations d'hier soir ne valent pas grand chose : nostalgique de la mobilisation pour l'école libre contre Pierre Mauroy en 1984, il souhaite faire appel à la rue pour s'opposer à la politique du gouvernement socialiste. Cela amène deux commentaires. Le premier, c'est qu'il s'agit évidemment d'une prise de position tactique, conçue dans le cadre de sa campagne pour devenir président de l'UMP. Comme d'habitude, il ne croit pas vraiment ce qu'il dit, et ce serait bien étonnant qu'il croit subitement au rôle important des manifestations comme moyen de gérer un pays. Le deuxième, c'est que la manifestation ne fait pas vraiment partie des outils traditionnels de la droite. Car de ce côté là, l'opinion majoritaire est que ce sont les élections qui déterminent la légitimité du pouvoir, et ce sont le gouvernement et le Parlement qui prennent les décisions dans le cadre de la séparation des pouvoirs. Après, chacun a le droit de s'exprimer et de manifester en démocratie. Seulement, il faut bien comprendre que le manifestant ne représente que lui-même, et qu'une manifestation, même de deux millions de personnes, ne parle pas pour un pays entier.

Une déclaration sans intérêt donc. Mais voilà qu'un phénomène presque incompréhensible se produit : les éminences socialistes semblent la prendre au sérieux, lui donne un écho médiatique bien plus important, et surtout, en réaction, commencent à dire que manifester contre la politique du gouvernement c'est appeler au chaos. Harlem Désir, premier secrétaire du PS délégué par l'Elysée aux indignations surjouées, parle ainsi d'"une surenchère dangereuse, irresponsable et indigne d'un républicain", qualifiant la proposition d'"agressive". Ministres et parlementaires socialistes sont sur la même ligne. Bruno Le Roux parle de tentative de "radicaliser la société", le ministre Jérôme Cahuzac parle d'appel au "désordre", Jean-Christophe Cambadélis parle de "guerre civile", David Assouline pense que "la rue contre la volonté populaire, c'est du jamais vu", et ainsi de suite...


Harlem Désir et François Hollande


Jean-Marc Ayrault, Ségolène Royal, Harlem Désir, Martine Aubry et Benoît Hamon


Jean-Paul Huchon, Jean-Christophe Cambadélis, Claude Bartelone et Harlem Désir


Martine Aubry, David Assouline, Claude Bartelone, Michel Berson et Benoît Hamon

Voilà qui est plus que surprenant, c'est totalement hallucinant. Quelle amnésie de la part de socialistes tout d'un coup ! Eux qui manifestaient tous les quatre matins pendant dix ans, précisément contre les politiques de gouvernements tenant leur légitimité du suffrage populaire ! Comment peuvent-ils croire qu'on a oublié cette habitude qui était la leur ? La manifestation contre le gouvernement, cela toujours été leur fond de commerce, et voilà qu'ils considèrent que c'est un dangereux acte de guerre civile ? Avec toutes les manifestations qu'ils ont faites, ils pourraient s'accuser eux-mêmes de haute trahison si l'on part dans cette logique... Le PS semble en roue libre, et en s'offusquant de façon disproportionnée à la suggestion de Jean-François Copé, ne fait que contribuer à lui faire de la pub. Mais il n'y a que ça : cette subite amnésie, et cette remise en cause si marquée de leurs propres méthodes les décrédibilisent également. Ce ne serait pas si grave, s'ils n'étaient pas aux responsabilités.


Photos : AFP/Jacques Demarthon, Hugues Leglise Bataille/Wostock Press/Maxppp France, Philippe Grangeaud/Solfé communications

dimanche 28 octobre 2012

François Hollande élit Harlem Désir à la tête du Parti Socialiste

C'est peu de dire que la compétition pour savoir qui deviendra président de l'UMP n'intéresse pas grand monde. Ce choix n'est accessible qu'aux adhérents de ce parti, et François Fillon et Jean-François Copé font plus campagne en direction des militants de droite qu'auprès de la population générale. Mais il y au moins un choix entre deux personnalités importantes, qui se sont nettement distinguées des autres via l'importance de leur parrainage, alors que les candidats ne manquaient pas. Pendant ce temps là, le suspense fut inexistant du côté du Parti Socialiste. Pour savoir qui en deviendrai le premier secrétaire, tout s'est réglé à l'Elysée. L'élection s'est donc réglée avec une seule voix, celle de François Hollande, de la même manière qu'il fut lui même élu à ce poste par Lionel Jospin en 1997. François Hollande avait le choix entre deux candidats notables, parfaitement similaires : Harlem Désir et Jean-Christophe Cambadélis. De la même génération, ils ont tous les deux commencé leur carrière politique au sein de mouvements satellites du PS, l'UNEF (tous les deux) et SOS Racisme (Harlem Désir). Etant de parfaits apparatchiks, ils se voient décerner de bonnes places politiques, via un bon positionnement dans le scrutin de liste des européennes pour Harlem Désir, et via une circonscription quasiment imperdable pour Jean-Christophe Cambadélis. Jusque là, rien que du très classique au Parti Socialiste.

Mais le mimétisme va plus loin. Alors que François Hollande avait déclaré pendant la campagne présidentielle ne pas vouloir s'entourer de personnes condamnées, voilà que ses deux candidats pour la tête de son parti sont tous deux des repris de justice. Ils ont tous les deux été punis pour recel d'abus de biens sociaux pour avoir bénéficié d'emplois fictifs, ces mécanismes qui permettent de recevoir des rémunérations de la part d'organismes sans effectuer de travail en contrepartie. Qu'à cela ne tienne, les promesses n'ayant aucune importance, François Hollande n'a aucun problème à travailler avec ces deux éminents condamnés. Il choisira Harlem Désir, et le congrès socialiste n'a plus qu'à procéder à l'adoubement...

Cette intronisation a donc eu lieu ce matin. Dans son discours, Harlem Désir ne s'est pas livré en un vibrant plaidoyer pour l'action du gouvernement, contrairement à ce que l'on pouvait attendre. En effet, il n'y a pas de bons résultats à mettre en avant. Pas de bonnes mesures prises à défendre non plus, la politique gouvernementale se limitant à augmenter ou à créer des impôts, sans vraiment limiter les dépenses. Pas de projet enthousiasmant à venir, le PS payant le prix de l'absurdité de ses programmes présidentiels. Alors... Alors Harlem Désir se contente d'attaquer l'UMP, dont on entend pourtant plus parler. Il ne semble pas être au courant que son camp qui dirige la France, la gauche ayant même tous les pouvoirs. En prononçant des mots qui n'ont pas vraiment de réalité, Harlem Désir prend la tête du PS, mais il semble que c'est un PS qui s'apprête à être mis en sommeil. Tel est bien souvent le sort du parti majoritaire.

dimanche 7 octobre 2012

Entre Copé et Fillon, le choix est vite fait

A droite, l'été aura marqué par les campagnes de différents candidats, non pas tant pour la présidence de l'UMP que pour avoir leur nom sur le bulletin de vote de cette élection. Pour la plupart, le seuil de 8 000 parrainages d'adhérents semblait insurmontable, et ils n'ont pas tardé à se plaindre de cette obligation. Seulement, deux d'entre eux n'eurent aucun problème à atteindre ce chiffre, mais arrivèrent même à plusieurs dizaines de milliers de parrainages, asséchant d'autant le vivier disponible pour les autres. Au final, il ne reste donc que François Fillon et Jean-François Copé, l'ancien Premier ministre et l'actuel secrétaire général de l'UMP. Si tout le monde semble s'en défendre, l'enjeu reste bien le leadership de la droite, et à terme, la possibilité de la mener à la prochaine présidentielle. Si l'UMP ne choisira son nouveau président qu'en novembre, nous pouvons d'ores et déjà voire l'alternative qui se présente.

D'un côté, il y a Jean-François Copé. Il a toujours voulu devenir Président de la République, étant prêt à sacrifier tout pour cela. Cette élection est importante pour lui dans cette optique. Il a passé le précédent quinquennat à défendre ses propres intérêts, se créant un réseau de politiciens fidèles. Jusqu'à présent, il était totalement dépourvu de ligne politique, malgré la création d'un think tank, Génération France, qui n'était qu'un support d'autopromotion. Mais ces derniers mois, il semble s'en être trouvé une : "la droite décomplexée", ce qui pour lui, semble s'apparenter à désigner du doigt l'influence de l'immigration sur la France. Ce qui est bien plus choquant que ses propos, c'est le fait qu'il ne les tient que parce qu'il se croit obligé de le faire, par souci tactique. Ce n'est même pas une quelconque conviction ou analyse personnelle. Le but est simplement de provoquer, créer des réactions hostiles de la part des éternels donneurs de leçons de la gauche, pour que la droite se regroupe autour de lui afin de le défendre par réflexe. La manœuvre est grossière, mais on trouve quelques activistes pour marcher dans son jeu.

Une autre tactique consiste à se faire passer pour le grand héritier du sarkozysme, allant jusqu'à déclarer qu'il ne passe pas un jour sans penser à Nicolas Sarkozy. Celui-ci n'en demande pas tant. Surtout que Jean-François Copé n'a jamais été véritablement sarkozyste. S'il n'a pas été son ministre, ce n'est pas pour rien. Il s'est opposé à lui quand c'était son intérêt, il s'est servi de lui à d'autres occasions (par exemple en mettant en gros le nom de Nicolas Sarkozy, alors populaire, sur ses bulletins de vote pendant les régionales de 2004, même si celui-ci ne se présentait pas). Comme Nicolas Sarkozy reste une référence à droite, le voici devenu l'idole de Jean-François Copé. Tout cela n'a pas grand sens...

De l'autre côté, il y a François Fillon. Plusieurs fois ministre, ayant occupé des ministères importants (comme les affaires sociales) où il avait mené les quelques réformes notables du deuxième quinquennat de Jacques Chirac. Son envergure lui avait permis de négocier son rapprochement avec Nicolas Sarkozy avant la campagne présidentielle de 2007, et c'est ce qui lui permit de rester cinq ans à Matignon. Certes, il passa au second plan derrière le Président, mais il fit bien son travail, gardant encore une image de sérieux qui correspond à l'époque actuelle. De même, ses soutiens dans cette élection sont plus rassurants que ceux de Jean-François Copé. Le principal point d'achoppement pourrait être son refus du traité de Maastricht, à la suite de Philippe Séguin, mais il soutint le Traité Constitutionnel Européen de 2005.

Au final, il y a donc un choix, et ce choix est vite fait. Il faut souhaiter que François Fillon prenne la tête de l'UMP. Quant à Jean-François Copé, une défaite cinglante serait l'occasion pour lui de se remettre en question.

jeudi 26 juillet 2012

UMP : où sont les femmes ?

L'élection d'un président à la tête de l'UMP sera peut-être l'occasion de poser une question simple aux candidats : que comptent-ils faire pour améliorer la parité dans ce parti ? Après tout, il ne s'agira pas seulement de déterminer qui prendra la tête de l'opposition en France, mais bien aussi que la droite s'interroge sur son fonctionnement. Pour commencer, ce sera un ticket de trois personnes qui sera élu (président, vice-président et secrétaire général). En 2002, c'était le trio composé d'Alain Juppé, Jean-Claude Gaudin et de Philippe Douste-Blazy qui avait été élu. En 2004, c'était celui composé par Nicolas Sarkozy, Jean-Claude Gaudin et Pierre Méhaignerie. En 2012, il semble difficilement imaginable qu'il n'y ait pas au moins une femme sur chacun des tickets. Nathalie Kosciusko-Morizet visant la présidence, elle est naturellement parée de ce côté. Du côté de François Fillon, Valérie Pécresse est déjà assurée d'avoir une des deux places restantes. Il serait également étonnant que Jean-François Copé ne propose pas à une femme une telle place.

Mais cela ne sera pas suffisant. L'idéal, c'est qu'il y ait autant de femmes que d'hommes à tous les niveaux. Les médias ont beaucoup évoqué la parité réalisée au sein du gouvernement Ayrault (quitte à aller chercher des inconnues), en oubliant qu'elle avait été également réalisée dans le premier gouvernement Fillon. Cela s'est déséquilibré ensuite. Plus embarrassant pour l'UMP, la faible proportion de femmes parmi les candidats à la députation. Certes, Jean-François Copé pouvait évoquer le fait qu'il est difficile de ne pas soutenir un sortant masculin qui souhaite se représenter. La défaite électorale devrait alors permettre à l'UMP de lancer davantage de candidates en 2017.

C'est justement la question du renouvellement de ses candidats qui doit se poser dans cette prochaine campagne électorale. A l'instar de tous les autres partis politiques, l'UMP est loin d'avoir autant de femmes que d'hommes ne serait-ce qu'au niveau des adhérents. C'est malheureusement une constante, dans tout ce qui est politique ou même dans une bonne partie de la vie associative, ceux qui sont "volontaires" sont en majorité des hommes. Les raisons peuvent être diverses (déséquilibre de la vie familiale, éducation, modestie...), mais le résultat est là. La parité est obligatoire pour les scrutins de listes, mais il est toujours plus facile de trouver des hommes candidats que des femmes. Dès lors, pour une femme motivée, il n'est donc pas si certain qu'on peut le croire qu'il lui est plus difficile qu'à un homme de faire son trou en politique.

C'est donc à la base que la question des femmes en politique doit se poser, et ce doit être un chantier pour la prochaine direction de l'UMP. Evidemment, actuellement les hommes sont beaucoup plus impliqués dans la vie locale, et en l'état, ils resteront toujours un vivier de candidats plus important pour les législatives. Mais puisqu'il y a quelques années avant les prochaines échéances électorales, c'est justement le bon moment pour permettre quelques évolutions.

lundi 25 juin 2012

Le bon comportement vis-à-vis du FN

La "droitisation" de la dernière campagne de Nicolas Sarkozy a rapidement été caricaturée par la grande farandole des redresseurs de torts, prompts à qualifier de maléfique tout ce qui est à droite. On a ainsi vu des gens opposer le Président de la République à une vision "républicaine" de la société, sans que l'on sache bien ce que cela veuille dire. Voulait-on dire qu'il n'était pas un démocrate ? Il suffisait de voir comment la transition avec la gauche s'est déroulée sans accroc pour se rendre compte que c'était un reproche ridicule. Est-ce que cela voulait dire qu'il n'y avait de droite que d'extrême ? D'un point de vue logique, c'est impossible : sur l'axe (ou plutôt le cercle) politique, la droite ne peut disparaître, puisqu'il y a toujours une gradation. En fin de compte, ce qu'il faut comprendre, c'est que ne pas être "républicain" signifie ne pas être à gauche.

Lors de la prochaine élection du président de l'UMP, la question des alliances se posera certainement. Que faire avec le nouveau "nouveau centre" de Jean-Louis Borloo ? Et les médias lanceront certainement la question du comportement à adopter face au Front National. Après tout, la question revient régulièrement. Et il n'y a pas le moindre doute sur la réponse qui sera adoptée : le cordon sanitaire restera de mise.

Oh, certes, on verra encore des enquêtes d'opinion montrant qu'une certaine proportion de sympathisants UMP est favorable à des alliances avec le FN. Cela ne veut pas dire qu'ils auront gain de cause. Pour commencer, la plupart des cadres sont contre. Les élus qui pourraient se montrer tenter sont ceux qui sont le plus menacés par un vote FN fort, ils sont loin d'être majoritaires, et sur des zones assez limitées géographiquement. Ce n'est pas que la peur qui les anime : ils viennent de territoires qui sont bien plus à droites que la moyenne, et cela se transcrit dans leurs convictions. Mais dans le reste de la France, on prend les extrêmes pour ce qu'ils sont sont : des voies sans issues, dangereuses et vaines.

Si tellement de gens de droite sont favorables à une alliance avec le FN, c'est surtout qu'ils en ont marre de partir désavantagé face à la gauche, qui n'a jamais eu de problème à faire ouvertement alliance avec l'extrême gauche. L'extrême droite et l'extrême gauche, c'est pourtant la même chose, les mêmes tendances folles qui ne peuvent qu'abimer un pays. On a vu lors des campagnes présidentielle et législatives à quel point les deux Fronts, National et De Gauche, étaient le miroir l'un de l'autre, dans un numéro de duettiste qui n'en finissait jamais, sous fond d'outrances verbales ininterrompues. L'UMP a toujours eu raison de ne pas vouloir s'allier avec le FN. La vraie faute, c'est celle du PS, qui n'a jamais eu le moindre scrupule à s'allier avec les communistes. Quand l'UMP exclut un candidat qui se désiste en faveur du FN, le PS encourage les siens à se désister en faveur du PC s'ils arrivent derrière.

A l'UMP, il y aura tout un débat sur la question du "ni-ni", soit ne pas se désister ni en faveur de la gauche, ni en faveur du Front National. En 2002, le PS avait appelé à voter pour Jacques Chirac face à Jean-Marie Le Pen, mais le candidat socialiste avait déjà été éliminé. Alors un candidat socialiste vaut certainement mieux qu'un candidat FN. Mais quelle différence il y a-t-il entre un candidat PC et un candidat FN ?

jeudi 21 juin 2012

Qui pour reprendre l'UMP ?

Depuis 2007, il n'y avait plus de leadership légitime à l'UMP. Par un curieux changement, le poste de président de ce parti avait été supprimé tant que Nicolas Sarkozy était Président de la République, alors qu'il avait été créé sous Jacques Chirac. Maintenant que l'UMP est dans l'opposition, ce poste va être ressuscité, ce qui supposera une élection de la part des adhérents. Cette fois-ci, il n'y aura pas de candidat qui s'imposera d'emblée, comme Nicolas Sarkozy en 2005. En fait, le jeu semble même plutôt ouvert, et rappelle l'élection du président du RPR en 1999. Il y avait alors eu plusieurs candidats, et l'élection s'était réglée en deux tours. Michèle Alliot-Marie avait alors été élue, lui donnant un poids politique fort.

Il est donc question de procéder à une telle élection au sein de l'UMP cet automne, et les manœuvres vont commencer. Quoi qu'on en dise, ce sera certainement un poste permettant de préparer la prochaine élection présidentielle, donc l'enjeu est important. A ce titre, le conflit sera probablement violent, donc autant qu'il dure le moins de temps possible, et qu'il soit propre, dans le sens où il ne crée pas de blessures trop difficiles à cicatriser. Pour l'instant, il n'est pas encore question de propositions, donc voyons déjà certaines des personnalités qui pourraient concourir :

Jean-François Copé : C'est sûr, il veut être Président de la République. Tout le reste est négociable... et c'est bien le problème. Il envisage d'ores et déjà cette élection comme le tournant de sa carrière, et n'hésitera devant rien pour arriver à ses fins. Attention à la stratégie de la terre brûlée, qui pourrait le pousser à ruiner son parti s'il y trouvait un intérêt personnel. Sans ligne politique fixe, il a en fin de compte tous les défauts de Nicolas Sarkozy, sans en avoir les qualités. A un moment, il faut se dire que l'ambition ne peut être une fin en soi. Jusqu'à présent, il n'a rien montré de positif. Il vaudrait mieux que Jean-François Copé ne devienne ni président de l'UMP, ni Président de la République.

François Fillon : Pendant cinq années à Matignon, il s'est montré sérieux et rigoureux. Parlementaire, plusieurs fois ministre, Premier ministre, il a désormais un CV impressionnant au bout de trois décennies de vie politique. Son opposition au traité de Maastricht est toutefois inquiétante, si jamais sa présence à l'Elysée venait à se poser, car cela montre qu'il est peu attaché à la construction européenne. Et a déjà 58 ans, peut-il incarner le dynamisme et le renouveau ?

Bruno Le Maire : Il vient de dire qu'il serait prêt à se présenter pour la tête de l'UMP si ses idées n'étaient pas reprises ailleurs. Dans son cas, son problème est plutôt l'inverse de François Fillon : il n'a été élu que cinq ans. Il a récupéré la circonscription de Jean-Louis Debré, solidement ancrée à droite. Auparavant, ce n'était pas vraiment un militant de terrain, puisque c'était un énarque, directeur de cabinet de Dominique de Villepin. Pour le charisme, on repassera également. En bref, il lui reste tout à prouver en dehors des ministères.

François Baroin : Protégé de Jacques Chirac, il a réussi au cours des dix dernières années à exprimer ses idées personnelles tout en se montrant respectueux de celles des autres. C'est quelqu'un de raisonnable, qui arrive à travailler avec à peu près tout le monde, et qui a fini par accumuler de l'expérience. A 47 ans, il envisage lui aussi d'être candidat pour la tête de l'UMP, et ce serait une option très intéressante.

Valérie Pécresse : Elle, elle ne semble par contre pas y songer. Ses dernières déclarations indiquent qu'elle irait plutôt du côté de François Fillon, mais son avenir reste encore devant elle. Au gouvernement pendant cinq ans, elle s'est montrée solide, la réforme des universités qu'elle a mis en place étant nécessaire, et désormais saluée. Si elle n'a pas remporté la région Ile-de-France, au moins elle a continué à s'y impliquer dans l'opposition, contrairement à Jean-François Copé en 2004, qui lui a tenté de faire oublier son échec. A 44 ans, elle est encore jeune en politique. Elle a peut-être moins d'ambition personnelle que d'autres, mais si elle le voulait, elle pourrait s'installer au premier plan de la droite. Il y a d'ailleurs un vaste chantier de féminisation à lancer dans ce parti.

mardi 19 juin 2012

Maître Collard, député m'as-tu-vu

Au soir du second tour, les déclarations de la famille Le Pen et des responsables du Front National étaient aussi agressives que d'habitudes. Mais celle de Gilbert Collard se montrait un peu plus apaisée. Bien sûr, il a promis à cette occasion d'être un "casse-couilles démocratique" à l'Assemblée Nationale. Seulement, être casse-couilles, c'est ce qu'il a toujours été, il n'a pas attendu de faire de la politique pour commencer. Il vient d'être élu député du Gard sous l'étiquette Front National, mais son parcours politique a été très sinueux. Encore en 2008, il était président du Parti Radical de l'Allier, et avait été candidat à la mairie de Vichy. Il y a peu de lien entre le Parti Radical, mouvement centriste depuis une centaine d'années, et le Front National, parti politique ancré dans l'extrême droite. Alors est-ce que les convictions politiques de Gilbert Collard ont changé tant que ça en si peu de temps ? Pas vraiment : en fait, ce sont surtout les opportunités qui ont évolué.

Les partis radicaux de droite comme de gauche ont malheureusement en commun d'être des structures politiques "prêtes à l'emploi". On y trouve un nombre étonnant de militants, par rapport à d'autres formations qui font plus de bruit, mais peuvent compter sur moins de bras. Seulement, peu de personnalités émergent de l'appareil militant. En conséquence, ils accueillent volontiers des profils médiatiques qui se greffent à eux pour servir leurs intérêts. Les radicaux peuvent être une aide précieuse pour négocier avec le parti principal de droite ou de gauche, et permettent de monter des campagnes qui tiennent à peu près la route. Bernard Tapie ou Christiane Taubira se sont ainsi alliés avec les radicaux de gauche sur le tard, et Jean-Louis Borloo n'est entré au Parti Radical Valoisien que peu de temps avant d'en devenir le président.

Tel était certainement le cas de Gilbert Collard. Il voulait faire de la politique, le Parti Radical lui permettait d'en faire, c'est ce qui s'est passé. Visiblement, comme il connaissait Marine Le Pen, il s'est rendu compte qu'il y avait plus d'opportunités de ce côté-là, c'est ainsi qu'on l'a retrouvé comme soutien de la nouvelle présidente du FN. Du reste, toute sa carrière il a été l'avocat de causes médiatiques grotesques et la plupart du temps indéfendables. C'est exactement ce qu'est Marine Le Pen. Cela ne le change donc pas tant que ça. Mais au moins, sa carrière politique a enfin pu décoller, en recevant l'investiture FN (alors qu'il n'en est même pas membre) dans une circonscription bien éloignée de l'Allier, son précédent "terrain de jeu". Et grâce à une triangulaire, le voilà élu.

Dans l'hémicycle, il viendra donc faire le spectacle, dans l'espoir d'être dans le viseur des caméras. Mais sans responsabilité ni groupe parlementaire, il comprendra rapidement que c'est moins rigolo que ce qu'il pensait. Qu'importe, ça l'aura distrait, et ça fera bien sur sa carte de visite.

dimanche 17 juin 2012

Morano, Le Pen, Bayrou, Royal : quatre défaites emblématiques

Les résultats des législatives tombent, et on apprend qui sont les vainqueurs, et qui sont les battus. On ne peut certes pas commenter immédiatement les résultats des 577 circonscriptions. Il y aurait beaucoup à dire, par exemple sur les défaites méritées de Jack Lang et de Claude Guéant. Mais si l'on doit évoquer les défaites, concentrons nous sur celles qui semblent actuellement les plus emblématiques :

Nadine Morano est battue. Si elle manquera à l'UMP, ce sera surtout en terme de représentation féminine. Pour le reste... Elle se faisait fort de s'exprimer "cash", mais sa parole était le plus souvent contre productive. Ses positions tranchées l'ont transformée en tête de Turc pour de nombreuses personnes. Ces attaques sont parfois allées trop loin, comme on l'a vu cette semaine avec l'opération de manipulation perpétrée par un activiste public, soutien déclaré de François Hollande, Gérald Dahan. Mais lorsqu'elle s'exprimait, on avait rarement l'impression que l'on s'engageait loin sur le chemin de l'intelligence.

Marine Le Pen est battue. Cela lui a permis de faire un discours agressif dont son parti a l'habitude. Sa nièce, elle, ira au Palais Bourbon, elle n'a rien accompli dans sa courte vie, mais son seul et unique mérite est d'être la petite fille de Jean-Marie Le Pen. C'est la définition même du népotisme. Tous ceux qui s'échinent à expliquer que l'UMP et le Front National c'est la même chose ne font que banaliser ce dernier, mais ne se rendent pas compte du tout des différences fondamentales d'approche (et de tons) entre ces deux partis.

François Bayrou est battu. Il n'est même pas sûr que cela lui permette de revenir à la réalité. S'étant prononcé en faveur de François Hollande alors que celui-ci n'avait pas besoin d'un tel geste, il n'en a pas eu les récompenses qu'il escomptait en dehors de toute logique. Son parti, le Modem, a continué cette semaine a quémander des postes de ministres dans une tribune hallucinante, et ce, en dépit d'un score plus que famélique au premier tour. François Bayrou, c'est l'histoire de quelqu'un qui aura voulu envers et contre tout se faire passer pour quelqu'un qu'il n'est pas, et qui ne comprend pas ce qui se passe.

Ségolène Royal est battue. C'est certainement la défaite la plus marquante de ces élections législatives. Dans son discours de défaite, elle n'en était plus à promettre "d'autres victoires" comme en 2007, mais elle a déversé des torrents de fiel sans jamais se remettre une seule seconde en cause. On n'avait probablement jamais vu autant d'aigreur de la part d'une personnalité politique nationale française. Cette défaite, c'est celle de l'arrogance, l'arrogance de se partager les places avant même que les élections aient lieu. Cela avait été négocié en haut lieu au PS : la présidence de l'Assemblée Nationale devait revenir à Ségolène Royal, celle-ci ne pouvant viser d'autre poste alors que son ex-compagnon était à l'Elysée. Mais c'était oublier que dans des élections démocratiques, les électeurs ont leur mot à dire. Alors qu'une circonscription si solidement ancrée à gauche qu'elle devait être imperdable lui avait été réservée, un socialiste local, opposé à ce parachutage, a réussi à recueillir plus de 60 % des voix au second tour. Les pontes du PS lui en veulent tellement de ne pas avoir accepté leur diktat qu'ils le traitent de tous les noms, et estiment bizarrement qu'étant élu avec des voix de droite, il n'est plus à gauche. Comme d'habitude, ils oublient qu'un élu a le positionnement de ses propres idées, pas celui de ses électeurs, et cela vaut aussi pour les élus de droite élus avec des reports du Front National. Quant à Ségolène Royal, c'est l'éclatement d'un des plus grands ballons de baudruche de la Vème République, une femme considérée comme incompétente tant à gauche qu'à droite, et, à l'instar de François Bayrou, l'autre star de la présidentielle de 2007 battue aujourd'hui, une personne qui peine à comprendre que le monde ne tourne pas autour d'elle.

lundi 11 juin 2012

1er tour des législatives 2012 : tour d'horizon

Le premier tour des législatives a eu lieu hier. Le gouvernement socialiste réclame une majorité parlementaire pour voter ses lois, c'est bien normal. Le contexte général est donc de mettre le bulletin avec le logo PS dessus, quel que soit le candidat concerné. Que peut-on remarquer des résultats ?

En Charente Maritime, Ségolène Royal est en ballotage contre le candidat socialiste dissident. Elle dit que sans lui, elle aurait été élue au premier tour, et le PS demande à ce dissident de se retirer... ce qui ferait un second tour avec une seule candidate. Il n'a évidemment aucune raison de le faire, alors que son retard sur celle qui se voit déjà au Perchoir est faible. En 2007, Ségolène Royal avait annoncé qu'elle ne se représenterait pas, affirmant ne plus vouloir cumuler de mandat, et sa région avait sa préférence. A ce moment-là, elle était bien sûr en pleine campagne présidentielle. Aujourd'hui, toutes ces belles pensées sont oubliées, et elle ne vise plus que le somptueux hôtel de Lassay, plus haut poste qu'elle puisse espérer atteindre quand son ex-compagnon est Président de la République. Ne doutons pas que nombreux seront ceux, à droite, qui, tant qu'à choisir, lui préféreront le dissident Olivier Forlani, qui a au moins le mérite de ne pas être parachuté.

Jean-Luc Warsmann et Jean Léonetti ont été réélus dès le premier tour, ce qui est une bonne chose. En revanche, il y a un problème au niveau de l'UMP des Hauts de Seine, et il reste des choses à faire pour en assainir la politique. Par exemple, l'investiture de Claude Guéant à Boulogne-Billancourt n'a rien de normal. Non seulement il est âgé (67 ans), pas très bon en tant qu'homme politique (il n'aura pas convaincu en tant que ministre) mais il est en plus parachuté via une manoeuvre politique. L'élection de Thierry Solère serait une bonne nouvelle. Dans le même département, Rama Yade n'aura pas passé le premier tour, mais il faut dire qu'elle se présentait contre un député UMP sortant. Membre du conseil municipal de Colombes, elle aurait pu se présenter dans une autre circonscription, tenue par les communistes.

Avec près de 49 % des voix, Manuel Valls a frôlé l'élection au premier tour. Comme quoi le cynisme et l'hypocrisie sont récompensés, visiblement, personne ne lui tient rigueur de sa manœuvre visant à conserver ses indemnités de maires après avoir démissionné de ce poste.

En ne parvenant pas à se qualifier pour le second tour, Jean-Luc Mélenchon a définitivement prouvé qu'il n'est qu'un phénomène de foire médiatique. Pour lui, ce n'est qu'un parachutage supplémentaire. Après avoir pas tourné dans l'Essonne (dont il était finalement devenu sénateur) et s'être fait élire député européen du sud ouest, il repartait dans un coin complètement différent, le Pas-de-Calais, pour y faire de l'esbroufe, et en fin de compte, de la publicité à Marine Le Pen. Tout ça pour ça !

Du reste, ce n'est pas le seul à ne pas vouloir terminer son mandat de député européen, puisque Benoît Hamon pratique également le parachutage intensif au gré des opportunités de carrière. Après avoir été élu en Essonne, il s'était fait élire député européen de l'Est, mais est désormais en lice pour devenir député... des Yvelines. Peu importe, pourrait-il dire, puisque ses électeurs ne le verront pas de toute façon : il est déjà au gouvernement. C'est plus une assurance en cas de remaniement.

Mais comme pour le premier tour de la présidentielle, le principal enseignement de ce premier tour des législatives restera sans contexte le score lilliputien du Modem. Avec 1,76 % des voix au plan national, on est bien loin d'un grand mouvement au sein de la société française. Il est encore trop tôt pour présager du nombre d'élus, mais il semble que même François Bayrou, l'alpha et l'oméga du Modem, soit dans une position incertaine. Il s'agit là du résultat d'un grand malentendu : en se tournant franchement vers la gauche, le Modem espérait bénéficier de la reconnaissance de ce bord politique. C'est bien ce qu'il faut comprendre, lorsque François Bayrou critique le "sectarisme" du Parti Socialiste. Le Modem n'a pas eu la récompense qu'il attendait pour son engagement à gauche, et il est incroyable de voir qu'il y a encore des membres pour prôner une alliance avec la future majorité gouvernementale. Comment ne peuvent-ils pas voir que les socialistes n'ont strictement rien à faire d'eux, et que cela ne changera jamais ? Ils se croient courageux, mais ils se sacrifient volontairement pour une cause douteuse qui n'avait de toute façon pas besoin d'eux. Tout ceux-là souffrent de graves problèmes de compréhension, et semblent bel et bien vivre dans un monde parallèle au notre.

mercredi 16 mai 2012

Un repris de justice à Matignon

Six heures. C'est le temps qui se sera écoulé entre l'entrée en fonction de François Hollande, et sa première promesse rompue. La promesse en question n'était pourtant pas bien veille. Elle ne datait que du mois dernier, quand le candidat avait déclaré, une semaine avant le premier tour, "je n’aurai pas autour de moi à l’Élysée des personnes jugées et condamnées". Il a pourtant nommé à Matignon Jean-Marc Ayrault, bel et bien condamné à six mois de prison avec sursis pour avoir confié un marché public à une personnalité proche du Parti Socialiste. Au moins, on sait à quoi s'en tenir sur la moralisation de la vie politique. Mais Jean-Marc Ayrault, ce n'est pas qu'une condamnation. Lui aussi n'a aucune expérience ministérielle, ce qui lui permettra de ne pas être meilleur que François Hollande. En revanche, son point fort, c'est qu'il sait parler allemand. C'est dommage que ce soit le Président où les ministres qui iront le plus souvent aux sommets européens, cela aurait pu être utile.

La composition du gouvernement obéit à une tradition française bien ancrée depuis toujours : être faite en urgence en moins de 36 heures, même lorsqu'on a une dizaine de jours pour la préparer. Observons là plus en détail sur quelques points :
  • Manuel Valls à l'Intérieur et Vincent Peillon à l'Education, ce sont deux nominations parfaitement logiques.
  • A l'instar de son alter ego Alain Juppé, Laurent Fabius est increvable, et réussit à décrocher à nouveau un gros ministère. Il se voit ainsi récompensé pour ne pas avoir obéi à François Hollande sur le Traité Constitutionnel Européen en devenant numéro deux du gouvernement et chargé des Affaires étrangères.
  • Marisol Touraine et Michel Sapin récupèrent le même ministère, les Affaires sociales.
  • En 2007, Ségolène Royal avait promis à Nicolas Hulot de nommer un vice Premier ministre chargé de l'Environnement. Nicolas Sarkozy avait promis de mettre à la tête d'un grand ministère de l'environnement un poids lourd politique, numéro deux du gouvernement. Ce fut d'abord Alain Juppé, puis Jean-Louis Borloo. Ce fut déjà un peu moins le cas avec Nathalie Kosciusko-Morizet, qui fut alors numéro quatre. Désormais, c'est donc une parfaite inconnue, Nicole Bricq, qui reprend l'Environnement, seulement huitième au rang protocolaire.
  • Arnaud Montebourg récupère un ministère au nom ronflant, le "redressement productif", qui n'est en fait que l'Industrie. Ce ne devait pas être un nom assez sexy.
Pour en revenir à la condamnation de Jean-Marc Ayrault, c'est vrai qu'il y a pire. Après tout, le PS soutient toujours sans sourciller Jean-Paul Huchon, qui lui a pourtant été condamné pour enrichissement personnel. Mais au delà de la promesse non tenue de François Hollande, on remarque quand même le deux poids, deux mesures de la gauche. Elle n'avait cessé de monter au front pour attaquer sur le plan du droit des membres du gouvernement qui n'avaient pas été condamnées, et contre lesquelles il n'y avait même pas de preuves le plus souvent. A contrario, le cas Jean-Marc Ayrault, c'est censé ne rien être du tout. En définitive, il faut savoir que pour la gauche, un coupable de gauche est forcément innocent, et un innocent de droite est forcément coupable.

mardi 8 mai 2012

Le Modem, parti de gauche

Pour certains, ce fut semble-t-il une surprise. Mais François Bayrou avait déjà annoncé avant même que la campagne commence qu'il prendrait position lors du second tour, sous entendant qu'il appellerait à voter pour le candidat opposé à Nicolas Sarkozy. Il s'est donc prononcé en faveur de François Hollande. Ce faisant, il met fin à une fiction qui aura duré cinq ans, celle du "centre indépendant". Le centrisme pur, cela n'existe pas. On ne peut pas être à la fois dans la majorité et dans l'opposition. On peut être de centre droit ou de centre gauche, mais il est impossible d'être entre les deux, c'est comme faire de l'équilibrisme sur le fil d'un couteau : très rapidement, on bascule toujours d'un côté. Si l'ancienne UDF était censé être autrefois dans la majorité au début du second mandat de Jacques Chirac, François Bayrou s'est lui rapidement réfugié dans une opposition très classique, bien plus confortable. Sa posture d'opposant lui permit ainsi d'attirer bien des militants de gauche, effrayés par Ségolène Royal, mais soudés par la haine de la droite, pour établir le Modem.

Au bout du compte, le constat est bien net : le Modem est un parti de gauche. Et c'est un parti de gauche dont l'utilité n'est aujourd'hui plus avérée. En effet, à quoi bon un autre parti de gauche, alors qu'il y a déjà le Parti Socialiste ? Celui-ci n'a que faire du Modem. D'après les enquêtes d'opinion, l'électorat de François Bayrou s'est divisé entre les deux candidats restants d'une manière guère différente de celle de 2007. La prise de position de François Bayrou en faveur de François Hollande n'aura pas changé grand chose. Le Parti Socialiste n'a pas besoin du Modem pour gouverner. En effet, les législatives devraient lui donner une majorité suffisante pour gouverner seul. Et cette année, le Modem a moins le vent en poupe qu'en 2007, il y a donc peu d'espoir pour eux de créer un groupe parlementaire. Les électeurs qui voudront soutenir l'opposition aux socialistes voteront directement UMP, plutôt que pour un parti rallié comme le Modem.

Alors à partir de là, quel avenir pour le Modem ? Certains semblent bizarrement croire à une recomposition du centre droit autour de François Bayrou. Ce n'est que chimères. Pour commencer, une explosion de l'UMP apparaît aujourd'hui assez peu probable. Chez ceux qui en font actuellement partie, rares sont ceux qui y ont vraiment intérêt. Et si certains souhaitent en effet que ce parti se rééquilibre vers le centre, ce peut être fait sans grand big bang. Après tout, celui qui en était ultimement responsable, Nicolas Sarkozy, quitte la vie politique. En outre, les centristes de l'UMP ont encore moins apprécié les caricatures qui ont été faites de la campagne présidentielle que la campagne elle-même. Pour les sympathisants de l'UMP, le Modem s'est engagé pour la gauche, ils s'en souviendront à jamais et le tiendront responsables de la suite. Enfin, si une recomposition du centre droit devrait vraiment arriver, elle se ferait autour de Jean-Louis Borloo, avec le Parti Radical et le Nouveau Centre, qui ont toujours maintenu leur attachement à l'alliance avec la droite.

D'autres militants du Modem croient pouvoir jouer un rôle dans une majorité de gauche. Mais à part peut-être pour le seul siège de François Bayrou, il n'y a aucun accord électoral pour les prochaines législatives, et François Hollande a prévenu que son gouvernement serait socialiste. Le Modem ne bénéficie d'aucune considération de la part du PS, voilà tout. Quelques personnes se mettent à rêver que les résultats du gouvernement socialiste seraient tellement désastreux qu'après peu de temps, le Modem s'imposerait comme le recours naturel. Belle mentalité que celle induite par la politique du pire !

Au bout du compte, le Modem, ce n'est que François Bayrou. C'est un parti entièrement dédié au culte d'un seul homme, un homme qui a déjà été rejeté à trois reprises par les Français dans les urnes, un homme qui, ne pouvant être hégémonique à droite, se place à gauche, sans se rendre compte qu'il y a là encore moins de place pour lui.

dimanche 6 mai 2012

Président par hasard

Quand Nicolas Sarkozy fut élu en 2007, l'une des choses que l'on pouvait d'ores et déjà prévoir est que l'élection de 2012 serait beaucoup plus difficile pour lui en 2012. Et ce quelque soit la politique menée ou les résultats obtenus. En effet, en France, le leitmotiv des élections nationales, c'est "sortez les sortants", où ceux qui ont le pouvoir de fait n'arrivent jamais à le conserver. Valéry Giscard d'Estaing avait été battu en 1981. François Mitterrand avait perdu sa majorité en 1986. Le Premier ministre Jacques Chirac ne fut pas élu Président en 1988, il fut battu largement au second tour. François Mitterrand a de nouveau perdu sa majorité en 1993. Le Premier ministre Edouard Balladur ne fut pas élu Président en 1995, il ne passa même pas le premier tour. Jacques Chirac a perdu sa majorité en 1997. Le Premier ministre Lionel Jospin ne fut pas élu Président en 2002, il ne passa même pas le premier tour. En fin de compte, la prouesse dans tout ça, c'est que Nicolas Sarkozy ait réussi à se faire élire en 2007 alors que son camp était au pouvoir depuis cinq ans. Mais chacun se souvient qu'au sein de la majorité, sa différence avec Jacques Chirac avait très marquée depuis longtemps.

Alors qu'il y a quelques mois les sondeurs annonçaient une défaite aux proportions hors normes, telle que 62-38 pour son adversaire, il s'avère en fin de compte qu'elle reste honorable, avec 48 % des suffrages exprimés, voire plus. C'est de toute façon conforme au mouvement général en Europe où ceux qui ont été au pouvoir pendant cette crise économique sont guidés vers la sortie, qu'ils soient de droite ou de gauche. Désormais, Nicolas Sarkozy s'éloigne logiquement de la vie politique, et ce sera à ceux qui restent de décider quelle orientation prendra la droite et le centre droit.

Pour ce qui est de la France, dans l'immédiat, les choses ne sont pas dures à imaginer. Il n'y aura pas de grand "changement", comme il n'y a avait pas eu de "rupture" en 2007. En fait, tout continuera comme avant, comme lors des précédents gouvernements socialistes. Alors, bien sûr, ce soir, il y a des gens qui font la fête, croyant vraiment que tout va changer. Plus tard, ils seront déçus, ou bien voudront revivre cette sensation de rêver. Peut-être qu'il y aura moins de grèves, maintenant que les syndicats ont un parti idéologiquement compatible au pouvoir. Les professionnels de l'indignation sauront se taire, quelques soient les circonstances. Mais engoncée dans ses conservatismes, la France ne règlera pas ses problèmes de fond.

Dans tout cela, il y a quand même une lueur d'espoir. Auparavant, on croyait qu'être Président de la République, c'était avoir des talents de meneur d'hommes et arriver à créer un mouvement populaire en sa faveur. Seuls des personnalités exceptionnelles pouvaient occuper un tel poste. Ce n'est plus le cas, et on se rend compte désormais que n'importe qui peut le devenir, comme on l'a vu ce soir. François Hollande se retrouve donc élu Président grâce à un impressionnant concours de circonstance.

L'écroulement spectaculaire de Dominique Strauss-Kahn a permis aux candidats socialistes de second choix d'arriver sur le devant de la scène. Parmi ceux-là, il s'est avéré qu'il n'y en avait pas un qui s'imposait naturellement par son charisme et ses compétences. François Hollande fut désigné, étant comme au temps où il était le premier secrétaire du PS le plus petit dénominateur commun. Il n'était pas celui qui avait le plus de qualités, il était celui qui n'avait pas les défauts des autres. Dans toute cette campagne, personne n'a expliqué pourquoi François Hollande était qualifié pour devenir Président. Mais cette campagne fut menée comme un référendum sur Nicolas Sarkozy, et moins que la victoire de François Hollande, aujourd'hui, c'est la défaite du Président sortant. C'est comme cela que l'on a vu plusieurs personnalités politiques déclarer soutenir François Hollande, prenant pour argument qu'il ne réaliserait probablement pas son programme.

Alors bonne chance à François Hollande. Après tout, ce serait dommage que celle-ci ne le quitte qu'au moment où elle pourrait servir tout un pays et non pas une seule carrière.

Photo : Duvignau/Reuters
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