Réflexions en cours

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jeudi 19 mai 2011

Y a-t-il une seule théorie du complot qui se soit révélée vraie ?

Lorsqu'à l'été 2007, les Européens décidèrent de nommer Dominique Strauss-Kahn à la tête FMI, c'était en souhaitant qu'il exerce l'intégralité de son mandat. Bien sûr, cela arrangeait Nicolas Sarkozy, qui aurait alors vu un concurrent potentiel à la présidentielle de 2012 s'écarter, mais c'était un vœu plus large. Les deux précédents directeurs du FMI avaient en effet démissionné avant la fin de leur mandat de cinq ans, et si cela aurait du se répéter une troisième fois, cela aurait posé un problème de crédibilité. Cela voudrait dire que les Européens ne prennent pas la direction du FMI. En 2004, l'Allemand Horst Köhler quitta le FMI moins de quatre ans passés à sa tête pour devenir candidat à la présidentielle allemande (poste qu'il obtint). En 2007, l'Espagnol Rodrigo Rato quitta le FMI à son tour, pour "raisons personnelles". Si peu de temps l'annonce officielle, il n'est plus possible d'en douter : DSK allait démissionner avant l'été. Dans son esprit, c'était pour faire comme Horst Köhler, et devenir Président de la République de son pays. Et s'il reste accusé d'ici la fin de la semaine, il devra démissionner pour des raisons que l'on qualifiera de personnelles, ce qui est moins glorieux.

L'opportunité d'un FMI décapité était de toute façon douteuse, alors que la crise financière de 2008 n'est toujours pas terminé, et que plusieurs pays d'Europe font face à de graves difficultés relevant de la compétence du FMI. La Grèce en particulier est actuellement particulièrement malmenée. L'absence d'un directeur au FMI tombe mal, et des réunions importantes ont d'ores et déjà pas pu avoir lieu. Quoi qu'il en soit, ce genre d'aléas est toujours possible, et une institution doit être conçue pour continuer à fonctionner en l'absence d'un de ses responsables : personne n'est à l'abri d'un souci de santé.

La sortie de Dominique Strauss-Kahn du jeu politique français et international est quand même vécu comme un drame pour de nombreuses personnes. Et dès qu'il se passe quelque chose de spectaculaire, on trouve des gens qui se croient plus malins que les autres, et décèlent la véritable nature des événements qu'ils croient cachées. Cette fois-ci, le choc est si grand que, d'après un sondage CSA, 57 % des Français pensent que DSK est certainement ou probablement victime d'un complot. Il était prévisible que les partisans de celui-ci le défendraient pied à pied envers et contre tout. Mais que la théorie du complot soit brandie par autant de gens, cela laisse pantois.

Il ne s'agit pas de dire que DSK est forcément coupable. Par le passé, on a vu de nombreux rebondissements judiciaires, certains même très spectaculaires. Il y a eu des lynchages médiatiques ne reposant sur rien, des faux témoignages, des erreurs crasses, des enquêtes erratiques... Tout cela peut être à l'œuvre, comme dans chaque affaire, et ce sera au tribunal d'y voir clair. Mais cela n'en ferait pas un complot pour autant. Le complot, tel qu'il est envisagé dans ce genre de situation, est une manœuvre secrète et consciente de plusieurs personnes puissantes pour établir un mensonge qui s'imposera au monde, souvent en ayant des conséquences spectaculaires. Des théories faisant état d'éventuels complots de ce type, il y en a énormément. Il y a le fait que l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy ait été l'acte de quelqu'un d'autre que Lee Harvey Oswald, la dissimulation des extraterrestres dans la zone 51, l'organisation des attentats du 11 septembre 2001 par le gouvernement américain, la survie d'Elvis Presley après sa mort officielle, la fuite d'Oussama Ben Laden alors que le gouvernement américain prétend l'avoir tué, la création de faux camps de la mort pour faire croire à un génocide des juifs...

La liste des théories du complot n'en finit pas. Elles sont toutes délirantes, au mieux symptomatique d'une logique viciée, au pire d'une paranoïa aiguë. Depuis le début du XXème siècle, peut être même avant même, on ne trouve pas trace d'une seule théorie du complot qui se soit révélée vraie au final. La vérité, c'est que personne n'a assez de pouvoir pour fomenter une conspiration qui soit à la fois secrète, effective, et aux conséquences importantes. Il est de toute façon difficile de réunir plusieurs personnes ayant exactement les mêmes intérêts, et de tels complots nécessiteraient un très grand nombre de conspirationnistes se partageant des secrets redoutables. Cela ne fonctionne que dans les fictions.

En fait, les théories du complot véhiculent peut-être une vision volontariste de la vie, qui consiste à croire qu'il y a toujours une explication rationnelle, qu'il y a toujours quelqu'un de responsable. Dans bien des cas, ce sont des dizaines de décisions personnelles séparées qui forment le cours des événements, un flot qui génère ce qu'on appelle ensuite le hasard ou la fatalité des choses. On peut se sentir démuni devant de telles forces incontrôlées, mais cela ne veut pas dire pour autant qu'il faille faire porter la responsabilité de certains événements à des gens qui n'ont rien à voir.

mardi 17 mai 2011

Arès, dieu... du centre

Dans la mythologie grecque, Arès est le brutal dieu de la guerre, particulièrement apprécié à Sparte. Il pâlit de la comparaison avec Athéna, déesse qui s'occupe également de la guerre, mais de façon plus sage, plus posée, protectrice d'Athènes. Mais il va pouvoir se reconvertir en dieu... du centre. ARES (Alliance Républicaine Ecologique et Sociale) est en effet le sigle adopté pour désigner la confédération des centres en cours de construction. Une semaine après le Nouveau Centre, le Parti Radical a décidé en congrès ce week-end de rallier cette confédération des centres. Pour le Parti Radical, cela implique de quitter l'UMP. Et la suite, ce serait une candidature à la prochaine présidentielle.

Dans cette "ARES", il y a deux logiques différentes. Il y a d'abord celle de Hervé Morin. Lorsqu'il était bayrouiste, il attaquait durement l'UMP et Nicolas Sarkozy. Puis, lorsqu'en 2007, François Bayrou le laissa en rase campagne lui et les autres députés UDF pour leur réélection, il choisit de rallier la majorité de droite. Il devint lui-même ministre de la Défense de Nicolas Sarkozy. Ayant réuni dans le Nouveau Centre les députés dans une situation semblable, il déclara constamment que son parti avait vocation à présenter un candidat à la présidentielle. On comprenait bien qu'il parlait de lui-même. Il n'y avait pourtant pas vraiment de désir des électeurs pour une candidature de Hervé Morin, l'homme restant encore mal identifié. Après avoir quitté le gouvernement, il travaille à cette candidature, ayant même récemment publié un livre où, en attaquant le gouvernement, il s'attaque lui-même. On peut rester circonspect sur cette approche.

Il y a ensuite la logique de Jean-Louis Borloo. Recruté par le Parti Radical en 2005, il avait grimpé les échelons du gouvernement sous Jacques Chirac, et en 2007, il fut l'un des derniers de l'UMP à annoncer son soutien à Nicolas Sarkozy avant le second tour. Toute la question des radicaux, de droite comme de gauche, est d'avoir suffisamment d'influence au sein de leurs alliances respectives. Jean-Louis Borloo s'est donc efforcé de diffuser les idées centristes au sein de l'UMP et du gouvernement, travaillant sur ses dossiers (le Grenelle de l'environnement) et à la promotion de son parti. Toujours populaire, il croyait arriver au but lorsqu'il fut question de le nommer Premier ministre. Cela aurait du être la consécration du centre. Néanmoins, cela se transforma en humiliation lorsque les centristes se firent sortir du gouvernement, et lui-même choisit de ne pas y rester dans ces conditions. Alors que l'heure était aux Nadine Morano, Frédéric Lefebvre et Jean-François Copé, le signal était clair : le centre n'était plus le bienvenu au pouvoir.

Jean-Louis Borloo, ancien ministre d'Etat et premier-ministrable, président de son propre parti, avait donc toutes les cartes en main pour se présenter à la présidentielle. Seulement, deux candidatures de centre droit (avec Hervé Morin), cela aurait été une de trop. Voilà pourquoi le Nouveau Centre et le Parti Radical se sont unis. Quelque soit ses velléités, Hervé Morin pourra difficilement être candidat à la place de Jean-Louis Borloo, qui a bien plus de légitimité. Il faut toutefois rester réaliste : Jean-Louis Borloo a peu de chances de devenir Président. Il n'est même pas dit que ce soit vraiment son objectif. Une candidature centriste est redoutée par Nicolas Sarkozy, qui craint la dispersion des voix au second tour.

Le ralliement des centristes devra être une séquence soigneusement étudiée pour qu'il soit efficace. D'ores et déjà, Jean-Louis Borloo assume l'ensemble du bilan gouvernemental et refuse d'attaquer le Président et le gouvernement comme a pu le faire Hervé Morin. Ce dont il est question ici, c'est donc bien de Matignon en 2012, en cas de victoire de la droite. En 2007, Nicolas Sarkozy avait réussi à faire le grand écart pour réunir les voix tant d'une bonne part des centristes que d'anciens électeurs de l'extrême droite. Face aux difficultés de l'exercice du pouvoir, l'un des enjeux de la présidentielle pourrait être la réconciliation entre le centre et la "droite populaire". Et alors, le but d'Arès serait d'œuvrer pour la paix entre ces familles politiques.

dimanche 15 mai 2011

Il voulait être César, il ne fut que Pompée

On aurait pu s'attendre à ce que ce matin, les journaux radiophoniques titrent sur la victoire de Lille en coupe de France, une équipe qui devient digne du très beau stade qu'on est en train de lui construire. Ils auraient également pu titrer sur la nouvelle débâcle de la France à l'Eurovision, et constater que la France étant somme toute assez mal vue en Europe, elle ne risquera en fait jamais de gagner. Mais non, surprise au réveil : le directeur du FMI Dominique Strauss-Kahn a été interpellé à New-York pour agression sexuelle sur la femme de ménage d'un hôtel, et évidemment c'est le principal titre de l'actualité. Bien sûr, comme tout à chacun Dominique Strauss-Kahn a le droit à la présomption d'innocence. L'accusation est grave, mais rien ne permet d'être certain sur la façon dont ça impactera sa carrière politique, alors qu'il allait se présenter à la présidentielle française. Si l'interpellation avait eu lieu en France, le principal accusé aurait évidemment été le Président français Nicolas Sarkozy, qui se serait vu reprocher d'éliminer un adversaire par la puissance publique. Et même si ça se passe à New York, on trouvera sans nul doute des partisans de la théorie du complot (il y en a sur tous les sujets) pour affirmer que le bras du Président va jusque là.

Toujours est-il que cela commence à faire beaucoup pour un seul homme. En 2006 déjà, il se disait en privé dans les milieux politiques que le Parti Socialiste ne prendrait pas le risque de désigner Dominique Strauss-Kahn comme candidat à la présidentielle de 2007, ses "problèmes de mœurs" étant considérés comme un risque trop lourd. Le livre Sexus Politicus, sans révéler de nom, ferait référence à lui de façon appuyée. En juillet 2007, lorsqu'il fut nommé directeur de FMI, le journaliste Jean Quatremer fut le premier à évoquer ouvertement cette question, expliquant : "Le seul vrai problème de Strauss-Kahn est son rapport aux femmes. Trop pressant, il frôle souvent le harcèlement. Un travers connu des médias, mais dont personne ne parle (on est en France)".

Il pronostiquait des difficultés avec la mentalité anglo-saxonne, très à cheval sur ce genre de choses, ce qui fut confirmé quand en 2008, DSK fut dans la tourmente pour avoir trompé sa troisième femme, Anne Sinclair, avec l'une de ses collaboratrices du FMI. Les rumeurs, elles, demeuraient. Sur le net, la vidéo d'une jeune journaliste prétendant lors d'une émission chez Thierry Ardisson avoir subie des avances trop agressives d'une personnalité politique dont le nom fut coupé au montage continue de circuler. Il s'agirait de Dominique Strauss-Kahn, mais personne n'a vraiment eu envie d'enquêter sur cette histoire, de peur d'amener le débat politique dans le caniveau. Et maintenant, il y a cette affaire new-yorkaise, qui est d'autant plus spectaculaire qu'elle est révélée quelques heures seulement après les faits reprochés...

Des hommes politiques infidèles, il y en a toujours eu, DSK n'est ni le premier, ni le dernier. Certains de nos anciens Président de la République sont connus pour leurs (més)aventures, seulement cela intéresse bien peu les Français. Le Président Félix Faure est resté célèbre pour être mort à l'Elysée en compagnie intime de sa maîtresse. Aux Etats-Unis, Bill Clinton fut carrément menacé de destitution pour avoir trompé sa femme et avoir tardé à l'avouer. Tout cela reste assez anecdotique, mais il reste quand même la question du consentement de la femme abordée. Et c'est ce qui est susceptible de transformer un vaudeville dans un théâtre de boulevard en un épisode de New-York : Unité Spéciale. Le viol est un crime, et si prouvé, ce serait désastreux non seulement pour la carrière de l'homme politique, mais aussi pour l'image de la France dans le monde. Et bien sûr, le pire dans tout cela, c'est l'état de la victime.

Il semble que l'on peut être quelqu'un de grand talent mais être quand même susceptible de comportements douteux. Victor Hugo, d'abord chantre du romantisme, se transforma progressivement en vieillard lubrique, prompt à exiger de ses servantes qu'elles lui prodiguent telle ou telle faveur. Certains vers tardifs évoquaient son attachement modéré au consentement de la femme :

L'amour aime les yeux fâchés de la pudeur ;
Et rien n'est plus charmant qu'un paradis boudeur...

Les temps ont changé, et ce qui, il y a un siècle, faisait passer pour un coureur de jupons, est aujourd'hui du harcèlement sexuel pur et simple. Ces derniers jours, Dominique Strauss-Kahn était l'objet d'attaques parfaitement ridicules sur son train de vie. Cette fois, l'accusation est plus grave et plus précise, et il serait préférable pour tout le monde qu'il puisse repousser ces graves accusations de façon convaincante.

mardi 10 mai 2011

Mitterrand, le terrible échec

Depuis des semaines déjà, des mois peut-être, on nous abreuve de sujets de reportages, d'interviews, de documentaires ou de reconstitutions sur François Mitterrand, avec comme motif l'anniversaire des 30 ans de son élection à l'Elysée. Un concert public est même prévu. On s'étend longuement sur les espoirs soulevés, cette frénésie collective qui avait mobilisé une frange de la population, sur la nostalgie de cette ère nouvelle qui s'ouvrait. Et ainsi, on découvre que ce qu'il reste de Mitterrand, c'est son élection. Pas ses deux mandats. Cette célébration de l'époque et qu'on nous ressert aujourd'hui, c'est l'aveu d'une grande confusion : en politique, arriver au pouvoir ne doit être qu'une première étape, ce qui compte, c'est ce qu'on en fait. Le 10 mai 1981, en fêtant si bruyamment l'élection de François Mitterrand, ses électeurs oubliaient que le plus dur restait à venir. Et la suite, ce fut un terrible échec.

Trente ans après, on peut désormais le dire : la France se serait certainement mieux portée si Valéry Giscard d'Estaing était resté au pouvoir. Alors que les politiques économiques de l'offre mises en place au Royaume-Uni, en Allemagne ou aux Etats-Unis portaient leur fruit dans les années 80 et signifiaient le retour de la confiance, en France, les effets de la politique socialiste de la demande se sont évaporées dans les importations. Résultat : nous n'avons jamais eu vraiment l'impression de sortir de la crise des années 70 quand nos voisins faisaient bien mieux. L'augmentation brutale du salaire minimum et des autres allocations ne fit qu'augmenter le taux d'inflation, ce qui se traduisit par de nombreuses dévaluations et un blocage des prix en guise de cache misère. Ce n'est certainement pas le pouvoir d'achat qui en a profité.

Autre exemple de cette politique économique aveugle : la retraite à 60 ans, dont nous payons actuellement le prix par le déficit des caisses de retraite. Présentée comme un "progrès social", cette mesure restera emblématique de la vision à court terme que peut avoir le pouvoir politique. Et il en va ainsi de toutes ces lois qui prétendaient transformer la société, et qui en fin de compte, n'ont fait que bien la plomber. Le renchérissement du coût travail amplifia le chômage, les nationalisations s'avérèrent économiquement injustifiées, et la compétitivité globale de la France déclina. Lors de la première législature socialiste, le taux de chômage augmenta de 2,8 points, soit une augmentation de 46 %. Lors de la deuxième législature socialiste (1988-1993), ce taux augmenta encore de 1,3 point, soit une augmentation de plus de 14 %. En comparaison, le taux de chômage resta stable pendant le gouvernement Chirac de 1986-1988, et il diminua pendant le gouvernement Balladur de 1993-1995.

Si le pouvoir socialiste, confronté à une déroute économique et idéologique, dut prendre le tournant de la rigueur en 1983, il ne l'assuma pas. Cela aurait pu être l'opportunité d'une conversion résolue à la social démocratie, mais ce fut présenté comme une pause sur la route vers les grands idéaux socialistes auxquels le PS s'accroche toujours désespérément. Lorsque François Mitterrand comprit que la politique mise en place par son camp était parfaitement désavouée par les Français, il n'hésita pas : il décida de jouer la carte de l'extrême droite. Et c'est tout à fait intentionnellement et consciemment qu'il fit tout pour faire grimper le Front National, dans le but de gêner la droite. Encore à l'heure actuelle, Jean-Marie Le Pen s'en souvient avec nostalgie. François Mitterrand donna des instructions pour faciliter l'accès du président du FN dans les médias, et mis en place la proportionnelle aux législatives de 1986 pour limiter les pertes de sièges socialistes et diminuer l'ampleur de la victoire de la droite au profit de l'extrême droite.

Aujourd'hui, les mitterrandôlatres décrivent volontiers François Mitterrand comme quelqu'un de profondément cultivé, notamment dans les domaines des lettres et de l'histoire. Il ne s'agit pas d'en douter. Seulement, François Mitterrand, c'était aussi le cynisme érigé en principe de vie, l'art de la manipulation florentine comme principal talent. Cela donna l'impression d'une faillite morale. On découvrit sur le tard qu'il fut, comme bien d'autres, un adepte du retournement de veste pendant la seconde guerre mondiale. Mais ce qui étonna plus, c'est que ses liens avec les anciens vichystes perduraient des décennies après, y compris lorsqu'il était chef de l'Etat. Il ne devint socialiste qu'au moment où il prit la tête du Parti Socialiste, et n'hésita pas à mener la politique du pire lorsque cela servait ses intérêts immédiats. Michel Rocard, le moins mauvais de ses Premiers ministres socialistes, fut ainsi viré sans ménagement sans aucun motif avoué, car il lui faisait de l'ombre. Et de la même façon, François Mitterrand favorisa l'ascension politique de Bernard Tapie pour handicaper ce même Michel Rocard, toujours coupable de lui déplaire. On bascula également dans le franchement sordide, avec la mise en place en place d'écoutes illégales de journalistes et de personnalités diverses au bon vouloir du Président...

Alors que le premier mandat de François Mitterrand fut celui des dégâts portés à la France, le second fut celui du grand immobilisme. C'était une espèce d'amélioration, mais rien ne fut vraiment fait pour retourner à un état satisfaisant. Ce fut donc beaucoup de temps perdu. Dans les urnes, lors des élections législatives de 1993, la gauche souffrit la pire défaite connue depuis l'avènement de la Vème République. François Mitterrand peut au moins se targuer d'avoir mené une bonne politique en matière de construction européenne. Mais en matière de politique intérieure, et en particulier de politique économique, le bilan est résolument négatif. Encore en 2011, nous payons les conséquences de ce qui fut fait et de ce qui ne fut pas fait. Alors bien sûr, s'il n'avait jamais été élu Président de la République, on continuerait de se demander s'il aurait pu apporter tous les changements bénéfiques qu'il promettait. Eh bien, maintenant, on sait, et qu'au moins ça nous serve de leçon.

Photo : Reuters
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