Réflexions en cours

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mardi 17 février 2009

Femme debout, mais dérangée

"Ils ont tellement dit que j'étais nulle que j'ai failli finir par croire que c'était vrai !" Cette phrase ironique donne le ton du dernier "livre" de Ségolène Royal (en fait une compilation d'une douzaine d'interviews) : victimisation et absence de remise en cause de sa part. Au fil des pages, elle ne fait qu'enchaîner les satisfecits envers elle-même. Elle n'hésite pas à dire qu'elle aurait pu être élue à la présidentielle facilement avec 55 % des voix si elle avait bénéficié du même soutien des médias et de son parti que son adversaire. Dans ce qu'elle a fait elle-même, rien n'était mauvais. Il semble que la France avait de la chance de l'avoir. Ségolène Royal se sent intimement destinée à diriger ce pays. Tout le drame est que certaines personnes n'aient pas voulu et l'en aient empêché.

Alors tous ceux qui ont eu le mauvais goût de se mettre sur son chemin, ou même de ne pas lui avoir déroulé le tapis rouge, font l'objet de son ire souveraine. Outre les longs passages d'auto-glorification, le livre empile donc les petites attaques envers les inopportuns. Jack Lang "geignard", Nicolas Sarkozy "infantile", et ainsi de suite pour tous ses camarades du Parti Socialiste. Au gré des attaques se dessine l'image du champ de carnages dont elle seule émerge comme pure et triomphante. Il faut dire qu'elle n'hésite pas à se comparer à Sœur Emmanuelle. Dans son esprit, sa seule victoire à la primaire interne du PS pour désigner le candidat à la présidentielle de 2007 est censé légitimer à jamais sa présence à la tête de la gauche. Avant même ce vote, elle partait déjà du principe que son bon niveau dans les sondages devait écarter tout questionnement dans son parti quant à son sujet. Et pour la suite, elle a besoin de boucs émissaires sous les formes des médias, des machistes et des autres éléphants pour justifier son incapacité à accomplir les buts qu'elles se fixent.

La primaire ne lui donnait pourtant une légitimité effective que pour se présenter à une seule élection. Après, elle redevenait simple militante socialiste. D'ailleurs, elle se souvient bien plus facilement de sa victoire lointaine que de ses défaites récentes. C'est qu'elle a tout de même deux défaites à son actif depuis sa victoire à la primaire de 2006 : son échec à la présidentielle fut cinglant, et dans la course au poste de premier secrétaire du PS, son résultat fut bien inférieur aux 60 % dont elle se revendiquait auparavant. A moitié moins, elle a du cette fois rentrer dans la minorité du parti. Dans un cas comme dans l'autre, elle ne montre dans son propos aucune préoccupation pour ce qu'il serait arriver dans le cas où elle aurait été aux responsabilités. Quand elle parle, elle se contente de dire que tout aurait été mieux, sans problème.

Au bout du compte, la question se pose de savoir si Ségolène Royal a un intérêt quelconque pour la réalité. Elle vit dans un monde dont elle est l'unique centre, l'unique raison d'exister. Certes, toutes les personnalités politiques se caractérisent par un égo démesuré, mais on atteint là un niveau stratosphérique, probablement sans égal en France. Le souci est bien que le monde de Ségolène Royal n'a que peu de points commun avec le monde réel. Au vu de ses schémas de pensée délirants, il est préférable qu'elle reste dans la position de la perdante remplie d'amertume plutôt qu'elle n'accède de véritables responsabilités, où sa vision du monde aurait des conséquences autrement plus graves qu'un simple livre d'entretiens.

mercredi 4 février 2009

Pécresse vs Karoutchi

L'UMP travaille d'ores et déja sur les régionales de 2010. Avec 20 présidents socialistes de régions sur 22, elle pourra difficilement faire pire. Son idée est de désigner le plus tôt possible des chefs de file pour chaque région, qui se transformeront en têtes de listes sauf dans les cas où une personnalité du Nouveau Centre jouerait ce rôle. Ceux qui veulent jouer ce rôle doivent passer par des primaires où ils seront départagés par le vote des adhérents de l'UMP. En Ile de France, on sait officiellement depuis le début de la semaine qui s'affrontera dans les primaires de mars. Comme on pouvait s'y attendre, il s'agit de deux membres du gouvernement, Valérie Pécresse, ministre de la recherche et de l'enseignement supérieure, et Roger Karoutchi, secrétaire d'Etat aux relations avec le parlement. Les tensions entre eux ont d'ailleurs commencé bien avant le début de la campagne directe, Roger Karoutchi parlant d'ores et déjà de tentatives de manipulation.

La question de la présidence de l'Ile de France n'est pas négligeable. Cela va faire 11 ans que Jean-Paul Huchon a pris la tête du Conseil Régional, et jusqu'ici les mots qui décrivent le mieux son bilan sont "échec complet". Alors que le Conseil Régional n'hésite pas à voter des subventions complaisantes à divers projets parfois loin de concerner l'Ile de France, ou bien à augmenter largement frais de fonctionnement, de communication ou de réception, la situation des usagers dans les transports en commun ne fait qu'empirer. Depuis 11 ans, rien n'a été fait contre la saturation de certaines lignes alors que c'est bien le Conseil Régional qui est responsable du Syndicat des Transports d'Ile de France. Les dysfonctionnements pénibles et quotidiens se multiplient, conséquence d'une décennie d'immobilisme. Pendant ce temps, on apprend que Jean-Paul Huchon est condamné définitivement pour prise illégale d'intérêts dans ses fonctions de Président du Conseil Régional, sans que cela ne l'incite à en tirer les conséquences. Il est donc vraiment nécessaire que cette région change de direction aux prochaines élections.

Le choix se fait donc entre Valérie Pécresse et Roger Karoutchi. Ce dernier peut se targuer d'une excellente connaissance des dossiers régionaux, étant chef du groupe UMP au Conseil Régional. Il avait en outre déjà été mentionné comme possible candidat aux élections régionales en 2004, avant que Jean-François Copé n'occupe cette place. Son diagnostic sur les transports en commun est le bon, et il souhaite mettre en place un plan précis et ambitieux pour améliorer la situation. Seulement la campagne de 2004 avait montré que les enjeux strictement régionaux ne suffisent pas, Jean-Paul Huchon ayant surtout bénéficié d'un vote "sanction" contre le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin qui lui avait permis de rester en place. La personnalité de la tête de liste compte, et celle de Roger Karoutchi peut paraître moins engageante que celle de Valérie Pécresse. Celle-ci travaille actuellement à des réformes nécessaires dans les universités, et jusqu'ici s'y est plutôt bien pris. Egalement conseillère régionale, elle incarne mieux le renouvellement politique que son concurrent. Et en venant de la grande banlieue, elle ne peut être soupçonnée de "clanisme", alors que la droite des Hauts de Seine semble être un lieu propice aux coups tordus.

L'idéal serait bien que Roger Karoutchi et Valérie Pécresse s'allient contre Jean-Paul Huchon, tant la région ne peut se permettre un troisième mandat de celui-ci. Valérie Pécresse a probablement de meilleures chances de l'emporter face à Jean-Paul Huchon, et est capable de prendre les décisions nécessaires pour que l'Ile de France ne soit plus à la dérive. Roger Karoutchi serait donc bien inspiré de l'aider dans cette optique.

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