Réflexions en cours

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lundi 29 octobre 2012

Le PS s'oppose subitement aux manifestations

A la base, on n'a pas envie de défendre Jean-François Copé. Ses dernières déclarations d'hier soir ne valent pas grand chose : nostalgique de la mobilisation pour l'école libre contre Pierre Mauroy en 1984, il souhaite faire appel à la rue pour s'opposer à la politique du gouvernement socialiste. Cela amène deux commentaires. Le premier, c'est qu'il s'agit évidemment d'une prise de position tactique, conçue dans le cadre de sa campagne pour devenir président de l'UMP. Comme d'habitude, il ne croit pas vraiment ce qu'il dit, et ce serait bien étonnant qu'il croit subitement au rôle important des manifestations comme moyen de gérer un pays. Le deuxième, c'est que la manifestation ne fait pas vraiment partie des outils traditionnels de la droite. Car de ce côté là, l'opinion majoritaire est que ce sont les élections qui déterminent la légitimité du pouvoir, et ce sont le gouvernement et le Parlement qui prennent les décisions dans le cadre de la séparation des pouvoirs. Après, chacun a le droit de s'exprimer et de manifester en démocratie. Seulement, il faut bien comprendre que le manifestant ne représente que lui-même, et qu'une manifestation, même de deux millions de personnes, ne parle pas pour un pays entier.

Une déclaration sans intérêt donc. Mais voilà qu'un phénomène presque incompréhensible se produit : les éminences socialistes semblent la prendre au sérieux, lui donne un écho médiatique bien plus important, et surtout, en réaction, commencent à dire que manifester contre la politique du gouvernement c'est appeler au chaos. Harlem Désir, premier secrétaire du PS délégué par l'Elysée aux indignations surjouées, parle ainsi d'"une surenchère dangereuse, irresponsable et indigne d'un républicain", qualifiant la proposition d'"agressive". Ministres et parlementaires socialistes sont sur la même ligne. Bruno Le Roux parle de tentative de "radicaliser la société", le ministre Jérôme Cahuzac parle d'appel au "désordre", Jean-Christophe Cambadélis parle de "guerre civile", David Assouline pense que "la rue contre la volonté populaire, c'est du jamais vu", et ainsi de suite...


Harlem Désir et François Hollande


Jean-Marc Ayrault, Ségolène Royal, Harlem Désir, Martine Aubry et Benoît Hamon


Jean-Paul Huchon, Jean-Christophe Cambadélis, Claude Bartelone et Harlem Désir


Martine Aubry, David Assouline, Claude Bartelone, Michel Berson et Benoît Hamon

Voilà qui est plus que surprenant, c'est totalement hallucinant. Quelle amnésie de la part de socialistes tout d'un coup ! Eux qui manifestaient tous les quatre matins pendant dix ans, précisément contre les politiques de gouvernements tenant leur légitimité du suffrage populaire ! Comment peuvent-ils croire qu'on a oublié cette habitude qui était la leur ? La manifestation contre le gouvernement, cela toujours été leur fond de commerce, et voilà qu'ils considèrent que c'est un dangereux acte de guerre civile ? Avec toutes les manifestations qu'ils ont faites, ils pourraient s'accuser eux-mêmes de haute trahison si l'on part dans cette logique... Le PS semble en roue libre, et en s'offusquant de façon disproportionnée à la suggestion de Jean-François Copé, ne fait que contribuer à lui faire de la pub. Mais il n'y a que ça : cette subite amnésie, et cette remise en cause si marquée de leurs propres méthodes les décrédibilisent également. Ce ne serait pas si grave, s'ils n'étaient pas aux responsabilités.


Photos : AFP/Jacques Demarthon, Hugues Leglise Bataille/Wostock Press/Maxppp France, Philippe Grangeaud/Solfé communications

dimanche 28 octobre 2012

François Hollande élit Harlem Désir à la tête du Parti Socialiste

C'est peu de dire que la compétition pour savoir qui deviendra président de l'UMP n'intéresse pas grand monde. Ce choix n'est accessible qu'aux adhérents de ce parti, et François Fillon et Jean-François Copé font plus campagne en direction des militants de droite qu'auprès de la population générale. Mais il y au moins un choix entre deux personnalités importantes, qui se sont nettement distinguées des autres via l'importance de leur parrainage, alors que les candidats ne manquaient pas. Pendant ce temps là, le suspense fut inexistant du côté du Parti Socialiste. Pour savoir qui en deviendrai le premier secrétaire, tout s'est réglé à l'Elysée. L'élection s'est donc réglée avec une seule voix, celle de François Hollande, de la même manière qu'il fut lui même élu à ce poste par Lionel Jospin en 1997. François Hollande avait le choix entre deux candidats notables, parfaitement similaires : Harlem Désir et Jean-Christophe Cambadélis. De la même génération, ils ont tous les deux commencé leur carrière politique au sein de mouvements satellites du PS, l'UNEF (tous les deux) et SOS Racisme (Harlem Désir). Etant de parfaits apparatchiks, ils se voient décerner de bonnes places politiques, via un bon positionnement dans le scrutin de liste des européennes pour Harlem Désir, et via une circonscription quasiment imperdable pour Jean-Christophe Cambadélis. Jusque là, rien que du très classique au Parti Socialiste.

Mais le mimétisme va plus loin. Alors que François Hollande avait déclaré pendant la campagne présidentielle ne pas vouloir s'entourer de personnes condamnées, voilà que ses deux candidats pour la tête de son parti sont tous deux des repris de justice. Ils ont tous les deux été punis pour recel d'abus de biens sociaux pour avoir bénéficié d'emplois fictifs, ces mécanismes qui permettent de recevoir des rémunérations de la part d'organismes sans effectuer de travail en contrepartie. Qu'à cela ne tienne, les promesses n'ayant aucune importance, François Hollande n'a aucun problème à travailler avec ces deux éminents condamnés. Il choisira Harlem Désir, et le congrès socialiste n'a plus qu'à procéder à l'adoubement...

Cette intronisation a donc eu lieu ce matin. Dans son discours, Harlem Désir ne s'est pas livré en un vibrant plaidoyer pour l'action du gouvernement, contrairement à ce que l'on pouvait attendre. En effet, il n'y a pas de bons résultats à mettre en avant. Pas de bonnes mesures prises à défendre non plus, la politique gouvernementale se limitant à augmenter ou à créer des impôts, sans vraiment limiter les dépenses. Pas de projet enthousiasmant à venir, le PS payant le prix de l'absurdité de ses programmes présidentiels. Alors... Alors Harlem Désir se contente d'attaquer l'UMP, dont on entend pourtant plus parler. Il ne semble pas être au courant que son camp qui dirige la France, la gauche ayant même tous les pouvoirs. En prononçant des mots qui n'ont pas vraiment de réalité, Harlem Désir prend la tête du PS, mais il semble que c'est un PS qui s'apprête à être mis en sommeil. Tel est bien souvent le sort du parti majoritaire.

dimanche 7 octobre 2012

Entre Copé et Fillon, le choix est vite fait

A droite, l'été aura marqué par les campagnes de différents candidats, non pas tant pour la présidence de l'UMP que pour avoir leur nom sur le bulletin de vote de cette élection. Pour la plupart, le seuil de 8 000 parrainages d'adhérents semblait insurmontable, et ils n'ont pas tardé à se plaindre de cette obligation. Seulement, deux d'entre eux n'eurent aucun problème à atteindre ce chiffre, mais arrivèrent même à plusieurs dizaines de milliers de parrainages, asséchant d'autant le vivier disponible pour les autres. Au final, il ne reste donc que François Fillon et Jean-François Copé, l'ancien Premier ministre et l'actuel secrétaire général de l'UMP. Si tout le monde semble s'en défendre, l'enjeu reste bien le leadership de la droite, et à terme, la possibilité de la mener à la prochaine présidentielle. Si l'UMP ne choisira son nouveau président qu'en novembre, nous pouvons d'ores et déjà voire l'alternative qui se présente.

D'un côté, il y a Jean-François Copé. Il a toujours voulu devenir Président de la République, étant prêt à sacrifier tout pour cela. Cette élection est importante pour lui dans cette optique. Il a passé le précédent quinquennat à défendre ses propres intérêts, se créant un réseau de politiciens fidèles. Jusqu'à présent, il était totalement dépourvu de ligne politique, malgré la création d'un think tank, Génération France, qui n'était qu'un support d'autopromotion. Mais ces derniers mois, il semble s'en être trouvé une : "la droite décomplexée", ce qui pour lui, semble s'apparenter à désigner du doigt l'influence de l'immigration sur la France. Ce qui est bien plus choquant que ses propos, c'est le fait qu'il ne les tient que parce qu'il se croit obligé de le faire, par souci tactique. Ce n'est même pas une quelconque conviction ou analyse personnelle. Le but est simplement de provoquer, créer des réactions hostiles de la part des éternels donneurs de leçons de la gauche, pour que la droite se regroupe autour de lui afin de le défendre par réflexe. La manœuvre est grossière, mais on trouve quelques activistes pour marcher dans son jeu.

Une autre tactique consiste à se faire passer pour le grand héritier du sarkozysme, allant jusqu'à déclarer qu'il ne passe pas un jour sans penser à Nicolas Sarkozy. Celui-ci n'en demande pas tant. Surtout que Jean-François Copé n'a jamais été véritablement sarkozyste. S'il n'a pas été son ministre, ce n'est pas pour rien. Il s'est opposé à lui quand c'était son intérêt, il s'est servi de lui à d'autres occasions (par exemple en mettant en gros le nom de Nicolas Sarkozy, alors populaire, sur ses bulletins de vote pendant les régionales de 2004, même si celui-ci ne se présentait pas). Comme Nicolas Sarkozy reste une référence à droite, le voici devenu l'idole de Jean-François Copé. Tout cela n'a pas grand sens...

De l'autre côté, il y a François Fillon. Plusieurs fois ministre, ayant occupé des ministères importants (comme les affaires sociales) où il avait mené les quelques réformes notables du deuxième quinquennat de Jacques Chirac. Son envergure lui avait permis de négocier son rapprochement avec Nicolas Sarkozy avant la campagne présidentielle de 2007, et c'est ce qui lui permit de rester cinq ans à Matignon. Certes, il passa au second plan derrière le Président, mais il fit bien son travail, gardant encore une image de sérieux qui correspond à l'époque actuelle. De même, ses soutiens dans cette élection sont plus rassurants que ceux de Jean-François Copé. Le principal point d'achoppement pourrait être son refus du traité de Maastricht, à la suite de Philippe Séguin, mais il soutint le Traité Constitutionnel Européen de 2005.

Au final, il y a donc un choix, et ce choix est vite fait. Il faut souhaiter que François Fillon prenne la tête de l'UMP. Quant à Jean-François Copé, une défaite cinglante serait l'occasion pour lui de se remettre en question.

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