Réflexions en cours

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mardi 31 janvier 2012

Les chiffres bidons de François Hollande

C'est bien connu, la presse traite les gens suivant la séquence suivante : d'abord elle lèche, ensuite elle lâche, enfin elle lynche. Il y a un an, Dominique Strauss-Kahn était au firmament, déjà élu Président de la République, plusieurs biographies étaient d'ores et déjà publiées pour présenter le nouvel homme fort de la France. C'était ça la, la lèche. La presse l'a totalement abandonné au moment du déclenchement de l'affaire du Sofitel, et fut finalement médiatiquement lynché en bonne et due forme par la suite. Ce n'est qu'à ce moment là que furent posées les questions sur ses liens avec certains milieux, son rapport inapproprié avec la gent féminine, les conflits d'intérêts qui en découlent et la façon dont cela impactait sa gestion des affaires. Persona non grata au PS, aujourd'hui il n'est plus rien. Mais ne nous inquiétons pas, le cirque médiatique continue, et la presse a trouvé un nouvel objet d'adoration. François Hollande est subitement devenu le nouvel horizon indépassable de la politique française, et le voilà amoureusement léché à son tour par la quasi totalité de notre paysage médiatique.

Cela fut particulièrement manifeste lors de son meeting du Bourget. Il faut dire que François Hollande ne prit pas trop de risque en s'inspirant méticuleusement de celui de Nicolas Sarkozy à la porte de Versailles cinq ans auparavant. Les commentateurs politiques vantent son programme qualifié de sérieux, sans s'être vraiment posés de questions à son sujet. Tout le monde gobe sans rechigner les chiffres fournis dans son programme, sans qu'ils ne recouvrent pour autant une réalité. Voilà la promesse : le coût du programme de François Hollande est évalué à 20 milliards d'euros, financé par la suppression de niches fiscales pour 29 milliards d'euros, le différentiel permettant de réduire le déficit. Seulement, dans le détail, c'est bidon.

La suppression des exonérations de charges sociales sur les charges sociales est abondamment cité en exemple, mais cela ne fait au mieux que 3,2 milliards d'euros de rentrées fiscales. Le reste est beaucoup plus folklorique : 2,1 milliards d'euros sont trouvés dans la maîtrise des effectifs de l'Etat. S'ils sont seulement "maîtrisés", c'est à dire qu'ils n'augmentent pas, ce n'est pas une rentrée d'argent, ce n'est même pas une économie sur de l'argent qui était prévu pour être dépensé. C'est comme si un particulier comptait comme rentrée d'argent le fait de ne pas acheter une Ferrari qu'il n'avait de toute façon pas budgétée. C'est ridicule d'un point de vue comptable. Et si la maîtrise des effectifs de l'Etat doit être compris comme une réduction supplémentaire par rapport à ce qui est d'ores et déjà prévu par le gouvernement, il faudrait le dire, car le reste du programme dit exactement l'inverse, en annonçant au contraire des recrutements.

De même, le redéploiement des crédits budgétaires (pour 2,4 milliards d'euros) n'est pas non plus une ressource financière. Pour bien faire, il faudrait remplacer cette expression vague par la mention des programmes qui ne seront plus financés, mais comme ce n'est pas le cas, cela veut dire que c'est de l'argent qui n'existe pas. Enfin, le Parti Socialiste trouve 4 milliards d'euros par la suppression de la déductibilité des intérêts d'emprunts... qui a été déjà supprimée en 2011. Du grand art... Ce programme fut célébré pour n'avoir retenu une hypothèse de croissance de 0,5 % au lieu des 2,5 % initialement prévus par François Hollande lors de la primaire socialiste... mais cela ne concerne que l'année 2012. Pour les trois dernières années de mandat, le PS est toujours certain d'avoir 2,5 % de croissance. Quel optimisme !

Donc les 20 milliards de dépenses supplémentaires sont en fait peu financés. Et dès lors, les 9 milliards d'euros d'euros supplémentaires mentionnés pour réduire le déficit ne sont pas du tout détaillés. C'est bien simple, ils n'existent pas. Le programme de François Hollande se contente de nous promettre un taux de prélèvements obligatoires de 46,9 % en 2017, une hausse de 4 points par rapport à 2010, ce qui ferait de la France le deuxième pays en la matière parmi les industrialisés. Il n'y a pas de véritables réductions de dépenses de prévu, seulement des impôts supplémentaires, et encore, insuffisants pour financer les nouvelles dépenses. Les prévisions de réduction des déficits sont donc fantaisistes, et l'on s'aperçoit rapidement que le chiffrage a dû être fait à la va vite sur une nappe en papier dans un restaurant au moment du digestif pour arriver à un tel résultat. Mais après tout, l'important doit être de donner des chiffres, peu importe s'ils sont bidons... Comme tout le monde, François Hollande sera un jour lui aussi lâché par les médias. La question qui reste désormais, c'est "ouvriront-ils les yeux avant ou après l'élection ?"

dimanche 8 janvier 2012

Président jusqu'au bout

Cette semaine, François Hollande s'est mis en campagne. Malheureusement, il n'a pas grand chose à dire. Le projet prévu par le Parti Socialiste il y a un an de cela, et qui devait obligatoirement être promu et appliqué par le candidat quel qu'il soit, semble à peu près oublié. Ce serait une bonne chose si cela se confirme, vu qu'il était tout à fait consternant. Les rares idées brandies par François Hollande dans sa campagne des primaires sont également remises au placard : ce qui était considéré comme réaliste hier est bel et bien décrédibilisé aujourd'hui. On navigue donc à vu sur ce que compte faire François Hollande. Son directeur de campagne, Pierre Moscovici, revendique le fait que le candidat ait son propre programme par rapport au Parti Socialiste, quitte à ce qu'il arrive plus tard, et que c'est une tradition socialiste. En effet, c'est exactement ce qu'avait fait Ségolène Royal il y a cinq ans, en se mettant en campagne en attendant que quelque chose sorte de ses ateliers de démocratie participative. Même cause, mêmes effets : Ségolène Royal ne pouvait pendant ce laps de temps rien dire d'intéressant, étant réduite à parler de "bravitude" à la presse. Et maintenant, François Hollande en est réduit à traiter le Président de la République de "sale mec" devant les journalistes. Voilà qui augure d'une belle campagne, l'insulte succédant au néologisme.

Pendant ce temps, Nicolas Sarkozy ne fait pas campagne, et continue de faire le travail pour lequel il est élu. Plutôt que d'attendre un nouveau mandat, il lance dès maintenant deux nouveaux projets. Ce n'est pas forcément pertinent pour ce qui est de la taxe sur les transactions financières à l'échelle française : il est bien plus intéressant de la lancer au niveau au moins européen, et c'était déjà en cours. Par contre, pour ce qui est de la TVA sociale, il était bien temps. Idéalement, il aurait même fallu le faire depuis longtemps. Et puisqu'il n'est pas sûr de pouvoir la faire voter lors de la prochaine législature, autant le faire immédiatement.

Voilà un mécanisme qui permet d'améliorer la compétitivité des entreprises françaises sur les marchés intérieurs et extérieurs. Certes, ce n'est pas une solution miracle qui réglera tout, mais le fait de faire financer la protection sociale par la consommation plutôt que par le travail assure que les produits français sont moins désavantagés par cette importante protection sociale dont bénéficie les Français. La gauche critique la mesure car susceptible de gêner une relance de la consommation. Or, d'une part, les baisses de cotisations sociales peuvent être répercutés en gains pour la population. Et d'autre part, le problème de la France n'est pas qu'il n'y a pas assez de consommation. C'est que cette consommation est largement financées par la dette, et profite massivement aux produits étrangers, d'où notre balance commerciale déficitaire. La TVA sociale ne peut aller que dans le bon sens sur ces points là.

Pourquoi remettre au lendemain ce que l'on peut faire le jour même ? En mettant en place la TVA sociale, Nicolas Sarkozy prouve qu'il travaille le plus longtemps possible pour les Français. Espérons maintenant que la campagne présidentielle ne soit pas un prétexte pour s'attaquer à cette bonne idée, approuvée d'ailleurs par une partie de la gauche (Manuel Valls s'en était ainsi fait l'avocat pendant la primaire socialiste).

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