Réflexions en cours

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mardi 26 avril 2011

Des primaires pour l'UMP

En publiant une tribune dans Le Monde réclamant l'organisation d'une primaire pour désigne le candidat de l'UMP à la prochaine présidentielle, le député européen Alain Lamassoure s'est attiré une volée de bois vert. Plusieurs personnalités telles que Jean-Claude Gaudin ou Nadine Morano s'en sont vivement pris à lui, pour avoir osé suggéré pareilles choses. Non seulement les primaires sont accusées de diviser la majorité, mais le fait même d'en parler est subitement devenu tabou. Pour ceux qui suivent les choses de loin, il y a de quoi être surpris. L'organisation d'une primaire au sein de l'UMP pour désigner son candidat aux élections présidentielles a été voulue par Nicolas Sarkozy lui-même en 2005. Elle a eu lieue début 2007 pour le désigner candidat, avec quelque chose comme 69 % de participation. Il était le seul candidat, mais dans les débats préparatoires, Michèle Alliot-Marie, Christine Boutin ou Rachid Kaci avaient été évoqués comme d'éventuels concurrents.

Après la présidentielle, le poste de président de l'UMP fut supprimé. Ses anciens occupants, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy y avait été élus par la volonté des adhérents, mais par un prétexte fallacieux (il ne saurait y avoir qu'un seul président, celui de la République), tout cela fut éliminé. Depuis, l'UMP est "dirigée" par un secrétaire général, nommé dans les faits par l'Elysée. Patrick Devedjian, Xavier Bertrand et Jean-François Copé ont été autant d'échecs à ce poste. Ils manquent de légitimité, et n'ont plus de lien avec leurs militants. Concrètement, l'UMP fut mise en sommeil, de crainte qu'elle ne fasse émerger un concurrent potentiel pour le Président de la République, comme lui-même l'avait été pour son prédécesseur. Evidemment, l'impact se fait sentir à travers la démobilisation de la droite.

Si la suppression du vote pour la désignation du dirigeant de l'UMP fut entérinée, les responsables politiques assuraient qu'il y aurait quand même une primaire désignant le candidat à la présidentielle, même si cela concernait le Président sortant, et qu'après tout, c'était ça qui comptait. C'est d'ailleurs toujours inscrit dans les statuts de ce parti : "Le Congrès choisit le candidat soutenu par l’Union à l’élection à la Présidence de la République". Cela suppose donc un vote, et c'est ce qui s'appelle une primaire. Alors comment l'UMP pourra-t-elle ignorer ses propres statuts, un texte qui la contraint légalement ?

Ce choix peut se faire par acclamations lors d'un Congrès improvisé. Quitte à risquer les réactions non canalisées d'éventuels adhérents mécontents. L'UMP peut aussi changer à nouveau ses statuts. Dans tous les cas, ce serait d'un ridicule achevé. Jean-Louis Borloo et Dominique de Villepin sont d'ores et déjà en dehors de l'UMP. Hervé Morin n'y a jamais été. Que risque Nicolas Sarkozy à passer par le processus des primaires ? Pas grand chose. Il faudrait certainement arrêter de changer les règles en fonction des circonstances. Une primaire doit être organisée à l'UMP pour désigner le candidat qu'elle soutiendra.

mardi 12 avril 2011

Il paraît que François Hollande est candidat...

A l'occasion de sa réélection au conseil général de Corrèze, François Hollande a fait savoir qu'il sera candidat à l'élection présidentielle. Pour résumer, il veut changer l'état de la France qu'il trouve déplorable, et sera candidat envers et contre tout.

On a commencé à entendre parler de François Hollande en 1995. Député battu en 1993, il fut quand même choisi par Lionel Jospin pour être porte parole du PS. A ce titre, il fut un porte flingue assez hargneux, s'exprimant notamment en déclarations à l'emporte pièce contre le nouveau Président de la République, Jacques Chirac. En 1997, quand la gauche plurielle arriva au pouvoir, il fallu qu'un socialiste reste en dehors du gouvernement pour garder le parti. En 1981, Lionel Jospin lui-même avait joué ce rôle. Cette fois-ci, ce fut François Hollande qui fut choisi. Pendant cinq longues années, il ne put exercer la moindre fonction gouvernementale. Etre à la tête d'un parti est en France un rôle moins important lorsque celui-ci est dans la majorité que lorsqu'il est dans l'opposition, les vrais leaders se trouvant au gouvernement. Et pendant ces cinq années, François Hollande fut relativement transparent, se contentant de défendre benoitement l'action du Premier ministre.

C'est après le 21 avril 2002 qu'un gros malentendu eut lieu. Sous le coup de son élimination au premier tour de la présidentielle, le PS se préparait à devoir faire un gros travail de bilan et de recomposition, pour proposer une nouvelle offre politique aux Français. Cela aurait du passer par l'émergence de nouveaux leaders ou d'une nouvelle génération. Alors qu'on s'attendait à une révolution semblable à celle du New Labour de Tony Blair, rien ne se passa. Au congrès de Dijon de 2003, les anciens ministres jospinistes, pour la plupart appartenant à l'aile réformiste du PS, s'accordèrent pour ne pas s'opposer les uns aux autres pour prendre la tête du parti. François Hollande, premier secrétaire sortant, fut considéré comme suffisamment inoffensif par les autres éléphants pour pouvoir représenter le plus petit dénominateur commun. Le congrès du Mans, après la fracture du PS sur le TCE en 2005, prolongea cet artifice.

Après avoir été une dizaine d'années à la tête du PS, François Hollande croyait (très naïvement) qu'en tant que leader de l'opposition, il serait le candidat naturel de la gauche pour l'élection présidentielle. A sa grande surprise, non seulement il ne fut pas désigné, mais il ne fut même pas considéré comme un candidat. Son inexpérience ministérielle, son manque de charisme, son manque de positions tranchées... Ce qui fut ses atouts pour durer en tant que premier secrétaire du PS l'empêcha d'apparaître présidentiable. Il se résigna à n'être que l'arbitre de la primaire entre Ségolène Royal, Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn. Mais il changea de tactique après la nouvelle défaite de la gauche...

Pour commencer, il décida de ne pas se représenter pour la direction du PS après le congrès de Rheims. Ensuite, à l'instar d'Arnaud Montebourg, il souhaita acquérir un peu d'expérience exécutive en se faisant élire président du conseil général de la Corrèze en 2008. Plus récemment, il tenta un changement d'apparence, avec perte de poids et nouvelles lunettes, probablement pour être pris plus au sérieux. François Hollande est très apprécié des journalistes, qu'il rencontre fréquemment et qu'il abreuve d'informations. Ils le trouvent sympathique et parfois même brillant. Mais jusqu'à présent, il ne bénéficie pas vraiment de l'engouement de la population. Il s'avère qu'être 19 ans député ne constitue pas un CV suffisant pour l'Elysée, et qu'il reste trop tiède pour évoquer quoi que ce soit.

François Hollande pourra alors tenter d'être le candidat de la modération. Pour l'instant, ses quelques prises de positions, notamment en matière économique, n'ont rien de scandaleux. Il n'hésite pas aussi à se faire la voix de la raison, comme lorsqu'il s'oppose au projet du PS qui prévoit la suppression de l'énergie nucléaire dans la production électrique française. Mais sur cette ligne politique, il subira probablement de plein fouet la concurrence de Dominique Strauss-Kahn. François Hollande peut-il alors être autre chose qu'un adversaire de circonstance dans la primaire socialiste ? Pour l'instant, il navigue au milieu d'un océan d'indifférence...

lundi 4 avril 2011

Du bon dosage de la droite

C'est un lieu commun de le dire : l'actualité politique française ne rime à rien, elle n'est constituée que d'un flux interminable de polémiques absurdes qui semble être le quotidien des politiciens et des éditorialistes qui les commentent. Le travail des journalistes politiques n'a rien de commun avec ceux des journalistes dédiés à l'international, chargés de couvrir de vrais événements tels que les révoltes en Afrique du Nord, les conséquences du tremblement de terre japonais ou la guerre civile ivoirienne. Qui se soucie réellement du dernier sujet de polémique amplement traité, le "débat sur la laïcité" ? Un nombre restreint de personnes s'écharpe dessus, sans jamais aborder le fond du sujet. En fait, personne n'y comprend quoi que ce soit. On ne sait pas trop d'où toute cette agitation sort, et on a du mal à croire qu'une banale "convention sur la laïcité" ayant lieu au sein d'un parti politique, comme il y en a déjà eu bien d'autres auparavant, puisse entraîner autant de panique de part et d'autres.

Cela avait déjà été le cas lors du débat sur l'identité national. Débat qui, dans les faits, n'a pas eu lieu. Le seul débat qui apparaît vraiment dans l'actualité est celui sur l'opportunité d'aborder des questions telles que l'immigration ou les religions, et non pas sur les questions elles-mêmes. Ce débat peut d'ailleurs être entièrement résumé en deux phrases :
- Si on aborde de telles questions, on fait monter le Front National, puisque, paraît-il, les gens "préfèrent l'original à la copie" et que parler de ces thèmes dédiabolise l'extrême droite.
- Si on n'aborde pas de telles questions, on fait monter le Front National, puisqu'on crée des tabous qui ne sont traités que par le parti lepéniste.

En bref, c'est un jeu où la droite est toujours perdante. Quoi qu'elle fasse, elle fera monter le FN, ou sera accusée de le faire. Il n'est donc pas étonnant que l'on baigne dans l'hystérie collective.

On peut toutefois tenter d'aborder les choses de façon plus posée. On le constate, la majorité actuelle a un problème de dosage, il a du mal à déterminer quel positionnement adopter face à l'extrême droite. Elle est d'ores et déjà accusée d'être trop à droite : le discours de Grenoble par le Président de la République a été par exemple très mal perçu. La proposition de déchoir de leur nationalité certains criminels fut considéré comme digne de l'extrême droite, et fut justement rejetée par les députés. En même temps, lorsque tous les partis politiques perdent des voix aux élections cantonales, le FN est le parti qui en perd le moins, et les sondages annoncent la présence de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle si l'élection avait lieu demain. Ce peut difficilement être le signe que les électeurs réclament une politique plus centriste. Alors, comment résoudre ce dilemme ?

Pour être élu, Nicolas Sarkozy a voulu ratisser large, en s'adressant tant aux centristes qu'à ceux tentés par l'extrême droite. Une fois au pouvoir, il a mené une politique qui reste, dans les faits, assez centriste. Il a néanmoins continué de tenir un discours bien plus à droite que sa politique ne l'était. Voilà où est le problème de dosage. Il aurait probablement du faire l'inverse : avoir un discours plus modéré, mais mener une politique de droite.

Foin des débats, qui ne s'avèrent être que des polémiques incompréhensibles. Il aurait fallu réaffirmer le modèle assimilationniste de la France, et appliquer la laïcité fermement. Pour la plupart des questions que l'on se pose, il existe d'ores et déjà des règles. Appliquons-les, voilà tout. A l'hôpital, un homme n'a pas à refuser que sa femme soit examiné par un docteur masculin. Quel besoin d'aller plus loin que ça ? De même, en matière d'insécurité, rien n'a été résolu. Des lois ont été votées, mais ont elles été toutes bien appliquées ? En fin de compte, le kärcher, mot qui a fait tellement polémique, n'aurait-il pas fallu tout simplement le passer plutôt que de pérorer ? Et la droite qui a tant vanté le mérite personnel, a probablement perdu plus d'électeurs dans des affaires où celui n'était pas reconnu (cf Jean Sarkozy), plutôt qu'en le vantant face à la solidarité nationale en toute occasion. Pour Nicolas Sarkozy, décrit comme volontariste, privilégier l'action face au discours devrait être possible.

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