Réflexions en cours

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lundi 16 octobre 2006

Guérilla à droite

A l'UMP, l'humeur semblait à l'union et au consensus lors de la rentrée politique. Il semble que ce soit bien fini : en gros, tous ceux qui ne veulent pas de Nicolas Sarkozy comme candidat à la prochaine élection présidentielle s'agitent et l'attaquent, laissant entendre qu'une autre candidature à droite est possible en dehors de l'UMP, en plus de celle de l'UDF. Cela ferait se diviser le vote des sympathisants de la droite entre plusieurs candidats, et diminuerait d'autant les chances de l'un d'entre d'accéder au second tour, comme cela s'était passé pour la gauche à l'élection présidentielle précédente. C'est donc bien un mouvement irresponsable que ceux qui mènent l'attaque essaient d'entreprendre. Pourtant, il peut bien y avoir un autre candidat que Nicolas Sarkozy venant de la droite, mais dans ce cas ce dernier ne s'y présentera pas. Il ne peut y avoir qu'un candidat de la droite qui se présente pour qu'il soit viable. Dès lors, il faut que cela celui soutenu par l'UMP. Un vote des militants est organisé pour déterminer le candidat soutenu par l'Elysée, cela peut être Nicolas Sarkozy, Michèle Alliot-Marie ou un autre, la première des conditions étant qu'il n'y en ait qu'un. C'est un souhait soutenu par la très grande majorité des sympathisants de la droite, et ceux qui ne le respecteraient pas seraient jugés sévèrement par tous.

En plus de Michèle Alliot-Marie qui laisse planer le suspense sur une éventuelle candidature, il y a aussi Dominique de Villepin qui semble manoeuvrer malgré tout jouer la politique du pire concernant la présidentielle, et qui espère peut-être la gagner sur une campagne éclair, et un sacré coup de chance. Il a pourtant affirmé à plusieurs reprises qu'il n'avait pas d'ambition présidentielle, mais cela ne semble pas le troubler. Après avoir aidé Jacques Chirac à gagner la présidentielle de 1995, il se croit capable de tout réussir, oubliant du même coup qu'il fût le principal architecte de la défaite de la droite aux législatives de 1997.

A cela viennent s'ajouter les déclarations de Jean-Louis Debré qui visent explicitement à entretenir l'incendie. Il faut bien en être conscient, Jean-Louis Debré n'est pas nouveau dans ce registre, en fait, il a de tous temps eu comme unique rôle celui de porte flingue pour le compte de Jacques Chirac ou de ceux qui s'en réclament. Et avoir obtenu du Président le perchoir de l'Assemblée lui apporte la meilleure position pour tirer en sniper sur tous ceux qui ne lui plaisent pas. Si au moins il avait une quelconque autorité morale ou une expérience particulière à faire valoir, on pourrait comprendre ses regrets. Mais ces attaques viennent d'un homme qui ne s'est jamais démarqué par son intelligence, qui n'a qu'une expérience ratée au ministère de l'Intérieur à faire valoir et qui est une caricature de politicien avant tout à son propre service, dont le seul semblant de conviction est la défense de la Vème République créée par son père. C'est d'autant plus compréhensible que c'est bien grâce à ce dernier qu'il s'est trouvé une place dans la vie politique française. Mais qu'on ne s'y trompe pas, cette défense de la Constitution ne vaut que dans l'opportunité des flèches qu'il cherche à décocher.

Voilà donc la manoeuvre qui est en cours, et qui ne glorifie pas ceux qui la commandent. Quelles que soient leurs ambitions personnelles, ce n'est pas de cette façon qu'ils les accompliront.

jeudi 5 octobre 2006

L'UDF, Union peu Démocratique Française

Il a suffi que le député UDF Pierre-Christophe Baguet affirme son soutien pour Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle de 2007 pour qu'il lui soit aussitôt promis l'exclusion par les dirigeants de son parti. C'est assez curieux lorsque l'on sait que François Bayrou n'a pas voulu rallier l'UMP par crainte d'un parti monolithique, alors que de toute évidence, celui qu'il dirige en a toutes les caractéristiques. Gilles de Robien a déjà été mis au ban de sa famille politique pour avoir eu des idées différentes que celle de l'ambitieux Béarnais, et visiblement le sort est le même pour des personnalités plus modestes qui ne se soumettent pas entièrement à François Bayrou. Par l'oeuvre de ce dernier, l'UDF s'est transformé en un parti où le débat d'idées est absent, la pensée dominante étant d'approuver tout ce que peut dire François Bayrou. Mais comme celui-ci se contente d'attaquer la droite sans jamais proposer d'alternative, c'est bien à vide intellectuel qu'est confronté le parti centriste.

Ce n'est en fait pas si étonnant : en tant que tel, depuis la création de l'UMP, l'UDF n'a plus de raison d'être. En effet, l'union si attendue de la droite et du centre ayant été réalisée, la pensée centriste est déjà intégrée et appliquée dans la politique gouvernementale. Il ne reste donc plus rien à ceux qui sont restés dans le parti autrefois créé par Valéry Giscard d'Estaing. Il faut dire que la plupart de ceux qui sont restés ne l'ont fait que par fidélité à François Bayrou, qui ne pouvait se passer d'un parti s'il voulait continuer à poursuivre ses ambitions présidentielles. Il est donc logique que ce qui reste de l'UDF n'ait comme unique pensée que celle de vouloir se démarquer de l'UMP, en l'occurrence par le bas, en refusant la responsabilité du pouvoir pour mieux critiquer l'usage qui en effet, mais sans jamais prendre d'initiative pour améliorer les choses, et sans émettre d'idées. L'UDF est devenue un parti d'opposition sans avoir un discours différent sur le fond.

Depuis que l'UDF est devenue un parti uniquement dédié à la cause d'un seul homme, il n'a plus grand chose de démocratique. Ceux qui ne se satisfont pas de cette nouvelle situation sont immédiatement haïs, méprisés et rejetés. Le plus incroyable, c'est que la posture adoptée par François Bayrou soit celle du rassembleur, voulant accueillir des personnalités venues tant de droite que de gauche. Vu le sort réservé aux centristes, on peut se dire que François Bayrou a davantage tendance à rejeter qu'à rassembler. Ensuite, personne n'est dupe, et rares sont ceux qui prennent cette posture au sérieux. Si Michel Rocard et Michel Barnier étaient présents à l'université d'été de l'UDF, ils étaient les premiers à dire que toute allégeance à François Bayrou était exclue, or c'est la seule forme de coopération qu'il semble connaître. Par rapport à 2002, c'est donc un François Bayrou plus déterminé qui se présente à la présidentielle, mais c'est aussi un François Bayrou plus tyrannique, plus égocentrique et plus déconnecté de tout que l'on découvre. Les chrétiens démocrates ont pourtant un rôle à jouer dans la vie politique française. Mais ils seraient plus efficaces s'ils jouaient ce rôle en étant tous unis au sein de l'UMP.

Photo : Gamma / Gilles Bassignac
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