Réflexions en cours

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jeudi 28 septembre 2006

Le Ségo Show

Avec le nouveau retrait de Lionel Jospin, cette fois des primaires socialistes à l'élection présidentielle, nombreux sont ceux qui disent que Ségolène Royal est sûre d'obtenir l'investiture de son camp, et donc d'être au second tour de l'élection présidentielle. Son atout est d'être populaire, et la simple peur d'un renouvellement du 21 avril, où la gauche serait de nouveau absente au second tour, fait que les socialistes vont choisir le candidat qui semble actuellement avoir les meilleures chances de gagner l'élection, plutôt que de choisir celui qui ferait le meilleur président. Ségolène Royal est populaire pour des raisons bien peu liées à la compétence, c'est davantage la personnalité médiatique qui est mise en avant. Nicolas Sarkozy a beaucoup été critiqué pour son omniprésence dans les médias, résultant du fait qu'il agissait et qu'il le faisait savoir. Ségolène Royal est dans la même situation, si ce n'est qu'elle n'a rien à faire savoir, à part vanter un vague slogan, l'ordre juste. C'est donc à un spectacle vide que l'on assiste, et de ce fait, si Nicolas Sarkozy fut au centre de ce que certains ont appelé le "Sarko Show", la tornade médiatique à laquelle on assiste aujourd'hui, qu'on pourrait appeler alors le "Ségo Show", apparaît bien effrayante en ne s'appuyant que sur une image, au lieu d'une action.

Car si Ségolène Royal venait à devenir Présidente, les décalages entre l'image et l'action apparaîtraient comme insurmontables. En ne prononçant que des formules vagues, des personnes désespérées peuvent projeter leurs espoirs dessus comme sur une toile blanche. Mais en passant à l'application, il ne pourra y avoir que des espoirs brisés, et encore plus de dégoût pour la politique. En attendant, les deux autres prétendants à l'investiture socialiste, Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius, qui présentent des visions bien différentes et bien plus précises de leur projet pour la France, et qui sont expérimentés, sont condamnés à n'être que les opposants de circonstance à la reine des sondages, pour mieux lui permettre d'apparaître comme un renouvellement. Ce qui est absurde dans le fond, vu qu'elle est aussi ancienne en politique, mais n'a pas eu d'expériences ministérielles importantes. Bien plus étonnant, personne ne s'attarde actuellement sur sa pensée politique, alors qu'il est intéressant de remarquer qu'elle est marquée par un conservatisme rarement vu à gauche.

Le dernier espoir pour les autres prétendants socialistes à l'investiture sont les six débats portant sur le fond qui vont être organisés dans le mois à venir. Mais l'avenir de la France ne repose pas uniquement sur les personnalités politiques, ce sont d'abord les citoyens qui les élisent qui doivent se sentir responsables pour les politiques à mettre en oeuvre.

samedi 16 septembre 2006

Un ticket Sarko - Borloo ?

L'université d'été du Parti Radical Valoisien a affiché le rapprochement entre Jean-Louis Borloo et Nicolas Sarkozy. Même si ce dernier n'y était pas physiquement présent, il a adressé un message vidéo aux radicaux, en assurant que la fibre sociale de Jean-Louis Borloo serait fortement prise en compte lors des prochaines élections, et après. Cela officialise le fait que Nicolas Sarkozy et Jean-Louis Borloo sont liés pour les prochains combats. Jean-Louis Borloo manquait d'influence au sein de l'UMP, considéré comme incontrôlable et sortant des sentiers battus, il était peu pris au compte dans les mouvements d'appareils. Sa nomination au ministère des Affaires sociales et son adhésion au Parti Radical l'ont remis dans le jeu. Sa personnalité originale et ses succès à ce ministère en ont fait une personne très appréciée des Français. Dès lors, il constitue une force pour le prochain candidat UMP à la présidentielle. Surtout que Jean-Louis Borloo n'a jamais connu de difficultés relationnelles avec Nicolas Sarkozy, bien qu'en étant éloigné au départ, et en revanche, l'affaire du CPE a laissé des traces entre Dominique de Villepin et lui.

Lors de la soirée du 21 avril 2002, la France était choquée. Sur les plateaux de télévision, les hommes politiques présents se rejetaient chacun la responsabilité de cet événement, laissant les Français songeurs. Il y avait un homme pourtant qui prit la parole pour recentrer le débat sur les soucis que connaissaient les Français. Il parla du drame du surendettement, et de ce qui restait à faire pour améliorer les choses. Ce soir là, Jean-Louis Borloo montra qu'il avait la volonté sincère d'améliorer la vie de ses concitoyens, quand les autres restaient attachés à des questions électorales. Dépassant les considérations politiciennes, il rallia l'UMP pour avoir l'occasion d'agir, plutôt que de se complaire dans une opposition inactive. Au ministère de la ville, il mit en place la faillite personnelle pour aider ceux qui étaient handicapés par le surendettement, il lança un programme ambitieux de renouveau de l'habitat social afin de réhabiliter des cités et engagea avec de petits moyens des actions pour lutter contre la fracture sociale. L'efficacité de son travail surnageant par rapport aux oeuvres des ses collègues ministres, il obtint une promotion méritée en 2004. Aux affaires sociales, ses actions en faveur du logement et ses résultats en matière de baisse de chômage font de lui encore une fois l'un des meilleurs ministres. Il est donc logique que l'on souhaite le voir occuper de plus grandes responsabilités. S'il n'a pas du tout le profil d'un Président de la République, il a en revanche celui d'un Premier ministre qui conviendrait à notre époque.

Dès lors, l'idée d'un ticket où Nicolas Sarkozy serait Président après les prochaines présidentielles et Jean-Louis Borloo nommé à Matignon apparaît très séduisante. Ils présenteraient une évidente complémentarité, en neutralisant l'un l'autre leurs points faibles. Nombreux sont ceux qui reprochent à la France d'en haut, l'élite, d'agir depuis leurs bureaux en étant totalement déconnecté des réalités du terrain, sans se rendre compte des conséquences de leurs actes. On peut aussi regretter qu'une grande partie de la population ne comprenne pas les exigences complexes auxquels est soumis un gouvernement, et que de ce fait leur vote reflète une pensée politique ne prenant pas en compte les contraintes de la gestion d'un pays, en ne se basant que sur leur propre expérience, ce qui apporte un point de vue parfois limité. C'est peut être à ce niveau là qu'il y a une déconnexion entre gouvernants et gouvernés, un malentendu sur ce qui peut être fait, sur ce qui est douloureux et doit être fait, et sur l'intensité de la souffrance des certaines catégories de la population. En se positionnant comme étant le candidat de la rupture, Nicolas Sarkozy souhaite profondément réformer la France, ce qui, n'en doutons pas, peut se révéler douloureux pour de nombreuses personnes dans un premier temps, bien que cela soit nécessaire. Ces réformes doivent donc être faites dans le respect des faibles, tout en conservant l'efficacité de l'action. C'est justement pour permettre cela que la présence de Jean-Louis Borloo est nécessaire aux côtés de Nicolas Sarkozy, et que l'on doit espérer qu'en cas de victoire de ce dernier, le premier continuera son travail à un niveau supérieur au poste de Premier ministre.

Photo : Patrick Bernard / AFP

mardi 12 septembre 2006

137 449 amendements

Le débat sur la fusion de Gaz de France et de Suez s'est ouvert à l'Assemblée Nationale en session extraordinaire avec pas moins de 137 449 amendements déposés par l'opposition. On peut reprocher de nombreuses choses à cette disposition, comme le fait de revenir sur une loi qui indiquait clairement que le capital de GDF n'appartiendrait pas davantage au privé à l'avenir, ou bien de favoriser une fusion pensée à la hâte afin de se défendre d'une tentative d'OPA du groupe énergétique italien Enel sur Suez. Mais utiliser de telles méthodes pour combattre ce texte revient à tuer le débat et à ridiculiser le parlement et le système politique.

Ce n'est pas la première fois que l'opposition utilise cette méthode. Grâce au copier-coller, les amendements sont générés automatiquement et multipliés par le nombre de députés engagés à combattre une loi. On arrive rapidement à des dizaines de milliers d'amendements, la plupart ineptes car n'ayant pas vocation à être débattus sérieusement. Le but est de faire un semblant d'opposition en bloquant volontairement le parlement par des moyens faciles, tout en forçant le gouvernement à adopter l'article 49-3 de la Constitution, permettant de faire passer une loi en l'état à condition de ne pas subir de véto de l'Assemblée Nationale. Cette disposition a mauvaise presse, et à raison, car elle donne l'impression de faire fi du débat démocratique et des députés. Mais si elle est malsaine, elle l'est moins que la méthode qui permet de bloquer le parlement de façon irresponsable. C'est ce procédé mesquin qu'utilise l'opposition, et si elle avait l'opportunité de faire valoir des arguments sérieux hostiles à cette loi, alors même que certains députés de la majorité rechignent à l'adopter, elle se décrédibilise profondément en prenant autant à la légère les institutions. L'illusion que cela avait fonctionné pour le CPE incite les députés socialistes et communistes à s'engager davantage vers l'irresponsabilité politique.

Le débat de tous ces amendements inutiles a donc commencé, mais il risque de prendre des mois. Le gouvernement se donne jusqu'à la fin du mois de septembre pour décider de l'utilisation ou non du 49-3. La suppression de cet article est préconisée par le candidat à la présidentielle Nicolas Sarkozy. Cela peut se justifier, mais dans ce cas il faudra quand même prévoir une façon de débloquer le parlement lorsque les discussions sont artificiellement bloquées par des députés peu scrupuleux. C'est en tous cas un triste spectacle qui nous est offert, et qui malheureusement ne risque pas d'inciter les citoyens à croire en la politique. Etre dans l'opposition ne signifie pas ne plus avoir de responsabilités. C'est ce que devraient se rappeler les députés de l'opposition.

Photo : Le Figaro
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