Réflexions en cours

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mardi 26 octobre 2010

Le cordon sanitaire, aujourd'hui comme hier

Le député UMP Christian Vanneste s'est exprimé récemment pour la fin du "cordon sanitaire", la doctrine édictée à l'époque où Jacques Chirac était à la tête du RPR selon laquelle la droite ne devait jamais s'allier à l'extrême droite. Cette pratique fut parfois impopulaire auprès de certains responsables locaux, dans la mesure où le refus d'alliance avec le Front National leur faisait régulièrement perdre des élections. Les triangulaires lors des élections législatives ou régionales ont fait beaucoup de dégâts du côté de la droite. En 1998, la question s'était posée de façon très directe, lorsque plusieurs candidats UDF voulurent accepter les voix du FN pour être élus présidents de région. Cela provoqua d'ailleurs la scission de Charles Millon.

Aujourd'hui, le cordon sanitaire est à nouveau remis en cause par un élu déjà très à droite au sein de l'UMP, sur la base d'un raisonnement purement électoraliste. Or celui-ci n'a jamais valu quoi que ce soit. Depuis les débuts de la démocratie représentative, la question s'est posée de savoir ce que l'on était prêt à faire pour être élu. Avoir le pouvoir ne vaut que pour ce qu'on en fait, ce ne peut être un but en soi. L'électoralisme a des limites, et c'est précisément celle représentée par le cordon sanitaire. Etre allié avec le Front National est une chose fondamentalement mauvaise, qui ne peut pas permettre l'exercice d'une politique saine et modérée. Non seulement ce parti a une vision extrémiste de tout ce qui est étranger, mais il professe également des idées néfastes pour l'économie (retour à une politique protectionniste), pour les institutions (volonté de mettre fin à la Vème République) et bien sûr pour l'Europe (via une opposition constante à la construction européenne). Et cela sans parler du corpus d'idées personnelles et d'amitiés troubles qu'ont les dirigeants du FN.

Il ne peut y avoir de programme commun avec le FN, car cela serait sacrifier les idées et les valeurs de la droite républicaine. L'argument évoqué par Christian Vanneste selon lequel la gauche ne se gênerait pas de faire alliance avec l'extrême gauche est balayé facilement : ce n'est pas parce que la gauche fait n'importe quoi qu'il faut faire la même chose du côté de la droite. C'est justement ça, être ambitieux. Et c'est d'ailleurs l'occasion de rappeler que le Parti Socialiste serait bien inspiré de mettre lui aussi en place un cordon sanitaire avec les partis qui sont à sa gauche, dont les idéologies sont tout aussi dangereuses et se sont révélées très meurtrières à travers l'Histoire. Du côté de l'UMP, l'objectif doit être de ne pas avoir de tabous sur les thèmes abordés, mais proposer des solutions différentes que celles de l'extrême droite. C'est justement pour cela que la révocation de la nationalité pour certains délinquants évoquée par le gouvernement est une mauvaise idée. Les électeurs du FN expriment généralement une colère, plus qu'ils n'adhèrent en tous points à son programme. Ce n'est pas aux élus du FN qu'il faut s'adresser, mais à leurs électeurs. Ils veulent tout simplement que les choses changent, et non une quelconque alliance politicienne marquée du sceau de la compromission.

vendredi 22 octobre 2010

Au ministère de la relance

Si le prochain remaniement gouvernemental est une source de spéculations sans fin de la part du microcosme politico-médiatique, il peut être également l'occasion de se débarrasser d'un ministère qui n'avait pas de vraie raison d'être dès le départ. Le ministère de la relance est en effet né d'un coup politique, et non d'une nécessité. Coup politique à deux titres : d'une part, la création d'un ministère dédié permettait un coup de communication, faisant comprendre que le gouvernement prenait la crise au sérieux et agissait pour en réduire ses conséquences via une politique volontariste. D'autre part, ce nouveau poste permettait d'exfiltrer Patrick Devedjian de l'UMP, pour que Xavier Bertrand en devienne secrétaire général à sa place comme l'avait décidé l'Elysée. Et tout cela, alors qu'il existe déjà une administration complètement dévouée à l'économie française. Et elle est bien peu cachée sous le titre de "ministère de l'économie", il est donc surprenant qu'on l'ait oubliée.

Il ne s'agit pas de nier qu'une politique de relance était nécessaire. La prime à la casse a permit au secteur automobile d'amortir le choc, et de nombreuses opérations d'entretien des infrastructures ont enfin pu avoir lieu grâce aux crédits subitement développé. Il n'aura probablement pas in fine un impact aussi fort qu'on aurait pu le souhaiter, mais le but était bel et bien de limiter la casse. Entre la relance institutionnelle et les mécanismes ordinaires de solidarité, l'Etat a été pleinement mis à contribution pour que la France ne plonge pas autant que ses voisins. Cet effort se constate d'ailleurs dans l'énorme déficit qui en a résulté. Mais tout cela aurait pu être orchestré par la seule Christine Lagarde. Surtout que Nicolas Sarkozy avait autrefois mis en avant son souhait d'un gouvernement resserré, il n'est donc nul besoin de doublons.

Aujourd'hui, la poursuite du plan de relance peut également être mené par le ministère des finances. Il n'est d'ailleurs plus question de dépenses supplémentaires, l'humeur est plutôt à la chasse aux déficits. Nul doute que l'on trouvera bien une meilleure place pour Patrick Devedjian. Lui a toujours rêvé de la Chancellerie...

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