lundi 24 janvier 2011
Par xerbias,
lundi 24 janvier 2011 à 16:58 :: Faits politiques
D'ici un an, la campagne présidentielle aura commencé, et déjà les sondages commencent à tomber. Il ne s'agit plus des baromètres d'opinion pour nous dire qui est populaire et qui ne l'est pas, mais bien de résultats sur des confrontations hypothétiques. Et là , on apprend que le Président sortant serait battu par des scores énormes. Il y a quelques semaines, Dominique Strauss-Kahn battait Nicolas Sarkozy avec 62 % du vote contre 38 %, maintenant on en est à 64 % contre 36 %. Au rythme où en est, le candidat de la gauche aura plus de voix au second tour que Jacques Chirac en 2002. Et d'ailleurs, nombreux sont ceux à pronostiquer un 21 avril à l'envers, où Nicolas Sarkozy n'arriverait pas au second tour, dépassé par une Marine Le Pen qui a actuellement le vent en poupe médiatiquement parlant. La multiplication des candidatures centristes feraient le même effet que les candidatures de gauche avec Lionel Jospin. Nicolas Sarkozy lui-même ne trouverait plus faveur auprès de grand monde.
Car on est dans une séquence où il est de bon ton de s'en prendre à lui, lui qui fut considéré à tort ou à raison comme un champions des médias lorsqu'il était ministre de l'Intérieur. Nicolas Sarkozy est un Président hautement impopulaire, qui visiblement a déçu tout le monde, et surtout ceux qui n'attendaient rien de lui. La position de sortante n'est de toute façon pas facile, celui qui est considéré comme en charge du pouvoir n'arrivant jamais à satisfaire la population, et donc à voir son mandat prolongé. Valéry Giscard d'Estaing en 1981, la gauche en 1986, Jacques Chirac en 1988, la gauche en 1993, Edouard Balladur en 1995, la droite en 1997, Lionel Jospin en 2002, les chiraquiens en 2007... Il est bien plus simple de critiquer ce qui ne va pas, que d'essayer de justifier ce qui se passe.
Pour la gauche, c'est donc une élection imperdable qui se profile. Elle peut se permettre d'envisager les choses ainsi si l'on part du principe que n'importe lequel de leurs candidats l'emporteraient sur les autres candidats du second tour. Après tout, c'était aussi l'ambiance qui était dans l'air en 1993, quand la gauche fut très lourdement défaite. La droite se sentait sûre de remporter la prochaine présidentielle, elle se permit même d'y envoyer deux candidats de premier plan. Alors pourquoi pas la même chose pour la gauche l'année prochaine ? On se passionnerait sur des seconds tours Aubry/Royal, en oubliant même que la droite eut existé autrefois.
Au moins, la gauche ne semble pas se soucier de sous-estimer la droite. Comme la confiance dans la victoire est grande, les programmes sont fantaisistes, et les candidatures se multiplient. Et comme chacun sait que les sondages donnent de bonnes indications sur les capacités électorales des différentes personnalités politiques, gageons donc que le Président de la République en 2012 s'appellera Dominique Strauss-Kahn/Martine Aubry/Ségolène Royal/François Hollande/Arnaud Montebourg/Manuel Valls/Pierre Moscovici/Vincent Peillon/Bertrand Delanoë/Benoît Hamon/Laurent Fabius/Jack Lang/Nicolas Sarkozy...
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mercredi 19 janvier 2011
Par xerbias,
mercredi 19 janvier 2011 à 13:12 :: Faits politiques
La probable candidature de Hervé Morin à la prochaine présidentielle poussera le Nouveau Centre à marquer davantage son indépendance vis-à -vis de l'UMP. Ce parti politique a été créé pour représenter une alternative entre l'intégration pure et simple des centristes dans l'UMP d'une part, et le choix de l'opposition au sein du MoDem d'autre part. Mais à l'origine, l'UMP avait vocation à rassembler tous les centristes, et créer une union forte entre RPR et anciens de l'UDF (Démocratie Libérale compris). Est-ce une réussite ?
D'abord, il faut bien voir l'angle purement électoraliste. Les divisions anciennes entre centristes et gaullistes étaient la source de multiples échecs électoraux, et de bien des complications une fois au pouvoir. Aux présidentielles de 1981 et 1988, les ressentiments étaient d'autant plus forts que c'étaient deux forces à peu près égales qui se disputaient en fin de compte un électorat à peu près similaire. En 1993, la majorité était si large que les Premier ministres se plaignaient du manque de cohésion et des divisions internes... ce qui sera un des motifs de la dissolution. L'UMP devait donc rassembler tout le monde, permettre à chacun de participer aux décisions, et de d'empêcher les défaites par division. Au niveau des résultats électoraux, depuis 2002, pour les élections nationales, c'est une réussite. L'UMP a remporté deux présidentielles et les deux législatives d'affilée, ce qui ne s'était pas vu depuis longtemps.
Mais par rapport au plan initial, quelque chose ne s'est pas déroulé exactement comme prévu. La totalité de l'UDF n'a pas rejoint l'UMP. A la base, cette fusion était déjà opérée par le RPR, puisque voulue par Jacques Chirac. En 2002, François Bayrou avait préféré faire cavalier seul plutôt que de soutenir le Président sortant, contrairement à bon nombre de ses camarades. Il ne voulut pas intégrer l'UMP, et préféra préserver une UDF indépendante, pendant qu'une partie de ses troupes, le Parti Radical et Démocratie Libérale (DL) jouait le jeu de l'alliance. François Bayrou se déclarer indépendant, mais dans la majorité, et ils ne furent plus qu'une vingtaine de députés autour de cette position. Pendant ce temps là , les centristes qui ont joué le jeu étaient bien mieux représentés au Parlement.
Sur le plan des pratiques politiques, cette fusion a quand même changé certaines choses. Déjà , la disparition du RPR a permis à ceux qui en étaient issus d'assumer l'évolution qu'avait connu cette famille politique. Il n'était par exemple plus question de taper sourdement sur la construction européenne, comme ce fut le cas lors de l'appel de Cochin de Jacques Chirac en 1979. Le gaullisme sans De Gaulle, trente ans après la disparition du général, ne rimait plus à grand chose. Revendiquer son appartenance de droite n'était plus un interdit. De même, les idées libérales ou pro-européennes se sont davantage inscrites dans la pensée de la droite dominante. Lors du référendum de 2005 sur le TCE, l'UMP n'était plus aussi divisée sur la question européenne que lors du Traité de Maastricht de 1992.
Au niveau de la représentation, les non RPR étaient très bien représentés au départ. Il y avait un certain équilibre dans la répartition. Le Premier ministre était DL, le numéro deux du gouvernement RPR, le président de l'Assemblée Nationale RPR, le président du groupe UMP était UDF, le président de l'UMP était RPR, son vice-président DL, le secrétaire général UDF. Mais pour que l'équilibre fut optimal, il manquait toujours la dernière partie de l'UDF, ainsi que la personnalité de poids qu'était François Bayrou. La persistance de celui-ci à prétendre que le vrai centrisme devait être indépendant a fini par miner les centristes de l'UMP.
Etait-ce parce que le conflit avec le centrisme (de l'UDF restante) demeurait que l'UMP lui a fait moins de place, ou bien est-ce parce que l'UMP a fait moins de place au centrisme que celui-ci s'est quelque peu marginalisé ? Toujours est-il qu'avec l'arrivée de Nicolas Sarkozy à la présidence de l'UMP et de Dominique de Villepin à Matignon, le retour en force des hommes du RPR était éclatant. Ces dernières années, ceux-ci essayèrent d'expliquer qu'il n'était pas pertinent d'essayer d'analyser le poids de chaque tendance au sein de l'UMP, au motif qu'on serait passé à autre chose et que la fusion serait totale. C'est plus facile à dire lorsque son ancien courant domine outrageusement les autres et qu'il faut les inciter à se taire.
En méprisant presque ouvertement les centristes que ce soit au gouvernement, à l'Assemblée ou dans les instances du parti, l'UMP ne se rend pas service. C'est bien elle qui pousse aux divisions, et à multiplier les candidatures centristes à la présidentielle, alors que Nicolas Sarkozy préférerait être aussi fort que possible au premier tour. Au final, la garde rapprochée fidèle mais aveugle qu'il a mise en place ne le sert pas.
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vendredi 14 janvier 2011
Par xerbias,
vendredi 14 janvier 2011 à 13:54 :: Faits politiques
L'UMP doit elle changer d'attitude vis-à -vis du Front National ? La réponse est très simple. C'est non.
Les raisons ont été expliquées ici même, il y a quelques mois, dans le billet
Le cordon sanitaire, aujourd'hui comme hier. Mais comme ce serait une réponse un peu courte, on peut aussi la compléter en se demandant pourquoi la question se pose. Il y a bien sûr des considérations tactiques de la part de certains membres déboussolés de l'UMP qui tendent à croire que la gauche au pouvoir serait pire que d'y mettre partiellement le FN. Mais au-delà , il y a surtout les échos de l'affrontement entre Bruno Gollnisch et Marine Le Pen, qui semble être le bruit accompagnant l'avènement de cette dernière à la tête du Front National. Le fait que son père fasse ouvertement campagne pour elle marque une culture où le pouvoir se transmet de manière automatiquement héréditaire. C'est aussi l'opportunité d'un débat sur la direction que doit prendre le parti d'extrême droite.
On peut discerner
trois façons de penser au Front National. Les authentiques racistes, qui croient à la supériorité intrinsèque des blancs (voire des Français) sur tout autre groupe, ont peu droit à la parole, et pour cause. La compétition s'engage donc entre les deux mouvances restantes. Bruno Gollnisch apparaît comme le champion des catholiques traditionalistes, un courant de pensée dotée d'une véritable doctrine, qui a progressivement du se replier
du royalisme légitimiste vers
un conservatisme essentiellement religieux.
La dernière tendance est celle de tous les déçus de la politique, les désespérés, ceux qui sont "simplement" xénophobes, dans le sens où ils ont peur des étrangers lorsqu'ils les perçoivent comme trop nombreux, et donc porteurs de transformations qu'ils redoutent. Leur principale motivation est celle d'un ras le bol global avec toute la classe politique, et leur renonciation qui en résulte des politiques modérés, d'où le fait qu'ils acceptent de se mettre en danger en allant appuyer le Front National. Beaucoup moins marqués idéologiquement parlant, c'est certainement aussi la masse la plus mouvante, celle qui fait que le score du FN est élevé ou non. Le pari de Marine Le Pen est de capitaliser sur ceux-ci, afin de garantir et d'amplifier leur présence. D'où les tentatives de devenir un mouvement plus respectable, pour diminuer les freins qui empêchent un électeur excédé de mettre un bulletin FN dans l'enveloppe. L'idée globale est d'arriver à un point où les gens se demanderaient "pourquoi ce ne serait pas leur tour en fin de compte ?"
Il y a donc une tentative d'adoucir la parole du FN pour le transformer en solution envisageable. Marine Le Pen se montre ainsi favorable à l'avortement, très majoritairement entrée dans les mœurs, ce qui a le don d'exaspérer les catholiques traditionalistes. Le programme du FN a aussi discrètement évolué, certains des points les plus repoussants ayant été éliminés. Il y a quelques années encore, les projets d'endoctrinement nationaliste apparaissaient à travers le texte du programme, notamment en matière d'éducation, avec des cours d'histoire "mettant l’accent sur les pages glorieuses de notre passé". On pouvait également s'interroger lorsqu'il affirmait qu'"une formation équilibrée ne forme pas seulement l’esprit, elle éduque aussi la voix, le regard, la main, c’est-à -dire le bon goût." Et que penser lorsque la page consacrée à la culture déplorait ouvertement qu'Aimé Césaire soit plus joué que l'auteur collaborationniste Paul Morand ?
Ces points-là n'apparaissent plus désormais. Et c'est la nouvelle donne que veut représenter Marine Le Pen. Mais le FN a-t-il changé pour autant ? Eh bien non, encore une fois. Rien n'a été renié, on n'y trouve toujours les mêmes personnes, et la même pensée. Mieux cacher sa façon de pensée n'est pas vraiment une amélioration en soi. Le fin mot de l'histoire est que le programme du FN serait toujours aussi nuisible pour la France.
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