Réflexions en cours

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

mardi 22 juillet 2008

Morne Congrès de Versailles

La réforme des institutions est passée à une voix au dessus du minimum des trois cinquièmes requis pour l'adoption lors du Congrès de Versailles d'hier. C'est déjà une surprise en soi, tant étaient nombreux les parlementaires de la majorité à affirmer qu'ils ne voteraient pas en sa faveur, et tant les parlementaires de l'opposition semblaient déterminé à la faire rejeter. C'est d'ailleurs paradoxal dans la mesure où cette réforme reprenait un grand nombre des demandes institutionnelles du Parti Socialiste, mais celui-ci a privilégié l'opposition systématique plutôt qu'un apport constructif, la réticence à laisser Nicolas Sarkozy faire aboutir une réforme quelle qu'elle soit l'ayant emporté. Jack Lang avait participé à l'élaboration du texte au sein de la commission Balladur, il ne pouvait honnêtement faire autre chose que l'approuver. C'est ce qu'il a fait, mais visiblement cela lui sera longtemps reproché par son propre camp. Cette opposition frontale et indifférenciée est d'ailleurs symptomatique du marasme intellectuel du PS.

C'est en fin de compte du côté de la majorité où les débats auront été les plus vifs. La mobilisation des parlementaires de l'UMP aura tenu pour une bonne partie par l'activisme du gouvernement pour les forcer à voter l'adoption, alors que les mécontentements étaient nombreux vis-à-vis du texte. Celui-ci, explicitement conçu pour faire plaisir à la gauche, était loin d'enchanter l'ensemble de la droite. Il n'est dès lors pas étonnant qu'elle renâcle. La réforme en question comporte d'ailleurs beaucoup de mesures accessoires, dont on aurait très bien pu se passer. Il y a même un point nuisible, l'article 88-5, qui vise à passer outre le référendum automatique auparavant prévu pour l'adhésion de nouveaux pays dans l'Union Européenne, une mesure clairement favorable à l'adhésion de la Turquie, pourtant combattue en théorie par l'UMP et le Président de la République.

Au final, il n'y avait pas de nécessité à changer la constitution. Et lorsqu'il est nécessaire de le faire, soit il faut le faire par référendum, soit il faut le faire via le parlement via un large consensus. Hier, il n'a été que de 60 %, avec un clivage très partisan, marqué par la politique politicienne. Cela n'en valait pas la peine.

mardi 8 juillet 2008

Plébiscite forcé au MoDem

Dans le parti qu'il a créé, François Bayrou est contesté. Des sénateurs ou des députés européens s'expriment dans la presse pour raconter leurs doutes vis-à-vis de la stratégie suivie par le président du Mouvement Démocrate, le parti héritier de l'UDF, auquel ils appartenaient. Afin de mettre fin aux manœuvres dont il se sentait victime, François Bayrou a décidé de lancer une consultation à l'intérieur du Modem pour vérifier l'approbation de sa ligne politique par les militants. Il semble en fait qu'il n'y ait pas d'autre alternative. Thierry Cornillet, député européen du Modem qui regrettait la disparition de l'UDF, a renoncé à présenter sa propre motion, craignant une consultation verrouillée, au vue de l'absence de campagne et des conditions du scrutin. La suite semble le confirmer. Un militant, Eric Julliard, a voulu déposer sa propre contribution en vue du scrutin. Celle-ci fut refusée par les instances du Modem, pour un vice de procédure qui n'était codifié nul part. La direction du Modem a donc soigneusement veillé à ce qu'il n'y ait qu'une seule possibilité de vote pour cette consultation. La contribution rejetée n'était pourtant pas très éloignée des prises de position nationales de François Bayrou, sur le pluralisme et la démocratie. Mais le but de la consultation est bien de donner le score le plus éclatant possible au président du mouvement, et à ce titre, il ne saurait y avoir d'opposants.

Ce qui est troublant, c'est que le pluralisme réclamé par François Bayrou n'est pas appliqué dans son propre parti. Lorsque le pluralisme risque de lui être un tant soit peu défavorable, il devient "division", un facteur honni car le Modem doit donner l'image d'un profond mouvement populaire soutenant un destin de Président de la République. La consultation organisée apparaît donc sous son vrai visage, celui d'un plébiscite forcé, sans rapport avec un véritable mécanisme démocratique. C'est une tendance de fond au Modem : seul l'avis de François Bayrou est écouté et vénéré, quiconque n'est pas d'accord avec lui est immédiatement accusé de trahison, et les militants qui sont venus pour soutenir inconditionnellement François Bayrou souhaitent rapidement le départ des voix discordantes pour éviter tout risque de miner le parti de l'intérieur.

Les adhérents du Modem sont pour l'essentiel des personnes sincères et voulant un vrai changement en politique. Elles l'ont cru possible à travers François Bayrou, mais cet espoir si fort pousse parfois jusqu'à l'aveuglement, comme souvent dans ce genre de cas. Ceux qui se rendent compte des manquements graves par rapport aux principes prônés sont terriblement déçus, quittent le mouvement ou bien tentent désespérément de remettre leur espoir sur ce qu'ils pensent être le droit chemin. Ils font alors face à la majorité des militants, qui ont un rapport à la limite du messianisme envers François Bayrou. Celui-ci ne mérite pourtant pas une telle ferveur, dans la mesure où il fait quotidiennement le contraire de ce qu'il défend. Cela se voit dans ce rejet du pluralisme et dans son instrumentalisation des apparences démocratiques, mais aussi dans ses propres compromissions, comme l'oubli du refus du cumul des mandats lorsqu'il tente la conquête de la mairie de Pau (et échoue). Il évacue ses fautes en accusant inlassablement l'UMP et tous ceux qui le trahissent, vivant ainsi dans un quasi-délire, celui d'un homme en fait à la recherche d'un pouvoir qu'il serait seul à exercer.

Evidemment, ce genre de fonctionnement n'est pas une nouveauté en soi dans le monde politique. De tels mécanismes peuvent être vus au PS ou à l'UMP. Seulement le Modem avait précisément l'objectif d'en finir avec de telles histoires, d'apporter un vrai changement. Au fond, le changement apporté par François Bayrou a un goût bien particulier lorsque l'on constate qu'il ne fait que reprendre les vieux schémas si déconsidérés par tous.

free hit counter