La réforme des institutions est passée à une voix au dessus du minimum des trois cinquièmes requis pour l'adoption lors du Congrès de Versailles d'hier. C'est déjà une surprise en soi, tant étaient nombreux les parlementaires de la majorité à affirmer qu'ils ne voteraient pas en sa faveur, et tant les parlementaires de l'opposition semblaient déterminé à la faire rejeter. C'est d'ailleurs paradoxal dans la mesure où cette réforme reprenait un grand nombre des demandes institutionnelles du Parti Socialiste, mais celui-ci a privilégié l'opposition systématique plutôt qu'un apport constructif, la réticence à laisser Nicolas Sarkozy faire aboutir une réforme quelle qu'elle soit l'ayant emporté. Jack Lang avait participé à l'élaboration du texte au sein de la commission Balladur, il ne pouvait honnêtement faire autre chose que l'approuver. C'est ce qu'il a fait, mais visiblement cela lui sera longtemps reproché par son propre camp. Cette opposition frontale et indifférenciée est d'ailleurs symptomatique du marasme intellectuel du PS.

C'est en fin de compte du côté de la majorité où les débats auront été les plus vifs. La mobilisation des parlementaires de l'UMP aura tenu pour une bonne partie par l'activisme du gouvernement pour les forcer à voter l'adoption, alors que les mécontentements étaient nombreux vis-à-vis du texte. Celui-ci, explicitement conçu pour faire plaisir à la gauche, était loin d'enchanter l'ensemble de la droite. Il n'est dès lors pas étonnant qu'elle renâcle. La réforme en question comporte d'ailleurs beaucoup de mesures accessoires, dont on aurait très bien pu se passer. Il y a même un point nuisible, l'article 88-5, qui vise à passer outre le référendum automatique auparavant prévu pour l'adhésion de nouveaux pays dans l'Union Européenne, une mesure clairement favorable à l'adhésion de la Turquie, pourtant combattue en théorie par l'UMP et le Président de la République.

Au final, il n'y avait pas de nécessité à changer la constitution. Et lorsqu'il est nécessaire de le faire, soit il faut le faire par référendum, soit il faut le faire via le parlement via un large consensus. Hier, il n'a été que de 60 %, avec un clivage très partisan, marqué par la politique politicienne. Cela n'en valait pas la peine.