Réflexions en cours

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

lundi 17 novembre 2008

La femme qui venait du froid

Les comparaisons possibles entre Sarah Palin et Ségolène Royal ne cessent de croître. Ainsi, à l'instar de Ségolène Royal, Sarah Palin, tout juste après s'être fait battre lors d'une élection présidentielle, pense déjà à être candidate à celle de 2012. Et à l'instar de Sarah Palin, gouverneure de l'Alaska, Ségolène Royal est la femme qui vient du froid. En l'occurrence, en étant désormais candidate au poste de premier secrétaire du Parti Socialiste, elle sort tout droit du frigo, où était censée se trouver sa candidature.

Evidemment, son histoire de candidature suspendue n'était qu'un artifice de campagne, se permettant même de demander aux autres personnalités du PS d'en faire autant à un moment où elle était en fin de compte la seule à avoir déclaré sa candidature. La campagne interne pour le Congrès de Reims fut terne, la participation pour le vote des motions faibles, et le Congrès en lui-même fut bien l'échec éclatant que de nombreuses personnes prédisaient. Pour résumer, Ségolène Royal horripile tous ceux qui ne lui sont religieusement dévoués, Bertrand Delanoë n'approuve pas l'alliance de Martine Aubry avec Laurent Fabius, qui avait fait campagne pour le non au Traité Constitutionnel Européen et n'avait pas respecté le vote des militants à ce sujet, et Benoît Hamon est trop à gauche pour Bertrand Delanoë et Martine Aubry. Ces quelques ressorts ont joué à plein pendant tout un week-end et ont amené à un constat de désaccord général.

Pour la deuxième fois le PS n'a pas réalisé de synthèse à l'issue de l'un de ces Congrès. Si en observant les précédentes "synthèses", il est possible de se dire que ce n'est pas forcément grave, c'est surtout le symbole d'un manque d'unité. Il s'agit là en fait de la conséquence d'un manque de personnalité fédératrice, autour de laquelle le Parti se serait regroupé, et aurait tiré l'inspiration de son nouveau fond de pensée. Ségolène Royal pensait être celle-là, elle croyait que ce serait même nécessairement le cas après avoir la candidate de son parti à la présidentielle. Seulement elle n'arrive pas à se rendre compte que cette campagne a mis en évidences toutes ses lacunes. L'idée est désormais de considérer que la personne élue premier secrétaire par le vote des militants à venir devra être le chef incontesté, la personne à suivre en tous points. Mais l'adhésion à une personne ne suffit pas, elle doit aller avec l'adhésion à ses idées. Quand bien même Ségolène Royal serait élue premier secrétaire, tous ceux qui n'ont pas cru en elle jusqu'à présent ne risquent pas de découvrir d'un coup leur nouveau guide.

Ségolène Royal est opposée dans cette élection à Benoît Hamon et Martine Aubry. Cette dernière est une femme politique expérimentée, mais à la ligne politique inquiétante. Sa plus grande réalisation politique, la semaine de 35 heures, a été un échec épouvantable, conséquence d'une idéologie absurde et inadaptée. Elle vient néanmoins de recevoir le soutien de Bertrand Delanoë, au motif qu'ils sont tous les deux d'accords pour ne pas faire alliance avec le Modem. Ségolène Royal, elle, est pour. Elle oublie certainement que François Bayrou sera surtout prêt à une telle alliance au second tour des présidentielles si elle se fait à son propre profit. Pour rappel, l'UMP également est prête depuis toujours à faire alliance avec François Bayrou, mais celui-ci rejette toutes les situations dans laquelle il ne termine pas Président de la République.

Même après l'élection du Premier secrétaire, les querelles ne seront probablement pas terminées au Parti Socialiste. De nombreux adhérents doivent d'ores et déjà trouver difficile le choix qui s'offre à eux. Mais après tout, c'est aussi de leur faute aussi. Cette situation est la conséquence directe de leur vote pour les motions.

Image : Reuters

samedi 1 novembre 2008

Une UMP toujours plongée dans la léthargie

Il est difficile de dire que le débat d'idées fait beaucoup d'étincelles aujourd'hui sur la scène nationale. L'opposition, menée par un Parti Socialiste toujours au milieu de ses turpitudes traditionnelles, réagit de façon caricaturale à l'actualité, quand elle réagit. Mais du côté du parti majoritaire, ce n'est guère mieux. La seule personne de l'UMP qui se fait entendre actuellement est Frédéric Lefebvre. Devenu député suite à la nomination d'André Santini au gouvernement, il profite de sa fonction de porte-parole pour sur-réagir sur tout et n'importe quoi, et systématiquement en s'épargnant de réfléchir au contenu de ses paroles. Si Frédéric Lefebvre s'exprime autant, c'est en fait parce qu'il reste le dernier à l'UMP à vouloir faire son autopromotion, et que les autres sont plus modérés, notamment sur leurs prises de position et leur soutien au gouvernement. Surtout, il se trouve qu'il ne reste plus de grandes personnalités politiques à l'UMP. Il n'y a plus d'armée de réserve.

Si Nicolas Sarkozy avait promis un gouvernement resséré, c'était sans compter les très nombreux secrétaires d'Etat. Pour les recruter, il a fallu ratisser large, notamment dans les quadragénaires. Valérie Pécresse, Xavier Bertrand, Nadine Morano, Luc Chatel, Laurent Wauquiez étaient tous considérés comme des figures relativement nouvelles, et ils se voient tous dotés d'un portefeuille. Les poids lourds restés influents comme Jean-Louis Borloo ou Michèle Alliot-Marie y ont également trouvé bonne place. Alors qui reste-t-il d'à peu près important à l'UMP qui ne soit pas au gouvernement ?
- Jean-François Copé a récupéré la tête du groupe à l'Assemblée, mais ne se fait remarquer que par son ambition maladive. Il est actuellement très occupé à jouer sa carte personnelle auprès de ses collègues députés.
- Frédéric Lefebvre est arrivé au Parlement de façon la plus artificielle : parachuté au poste du suppléant d'une circonscription, étant entendu dès le départ que le titulaire à la réelection systématique démissionnerait une fois le suffrage passé.
- Patrick Devedjian est devenu secrétaire général par dépit d'avoir paru trop vieux pour devenir Garde des Sceaux. Il n'y prend que des coups, faute de deviner les pensées du Président de la République et à force de représenter un obstacle à d'autres ambitions (notamment dans les Hauts de Seine).
- Jean-Pierre Raffarin partage à peu près la même situation : vice-président de l'UMP, il aurait voulu un autre poste, et semble s'intéresser avec éloignement de son parti.
- Christian Estrosi a quitté le gouvernement pour avoir la mairie de Nice, mais cela ne l'empêche pas de cumuler avec un fauteuil de député. Ayant fait des caprices pour devenir secrétaire général adjoint, il partage ce titre à l'allure de hochet avec deux membres du gouvernement.
- Dominique Paillé, lui, est porte-parole, mais n'est plus l'élu de nulle part, à force de se faire battre à de multiples élections (législatives, sénatoriales...). Sans poid politique, sa fonction lui a été attribuée dans une volonté de le recaser d'une manière ou d'une autre.
- Jean-Claude Gaudin et Pierre Méhaignerie font désormais d'anciens de la droite en étant vice-présidents du conseil national, une position respectable, mais à l'influence modérée.
- Enfin, Chantal Brunel est elle aussi porte-parole, mais est restée pour l'instant discrète.

Et c'est tout. Une telle léthargie des responsables de l'UMP était largement attendue : c'était même une volonté de Nicolas Sarkozy, qui voulait éviter qu'apparaissent des responsables à hauts profils qui auraient pu restreindre sa marge de manoeuvre. Cela a parfaitement réussi dans l'absence de renouvellement, moins dans l'absence de contestation. Au sein du groupe UMP, des députés sans visages rechignent à toujours voter les mesures gouvernementales. Et à cela s'ajoute un trio de députés villepinistes qui étale fréquemment son amertume dans la presse. Mais au vu de cette UMP décapitée, les changements de gouvernements dont il est régulièrement fait rumeur ne pourront que donner l'impression d'un jeu de chaises musicales, étant donné le peu de ressources restant à l'UMP. Il n'est pas certain que sur le long terme ce soit une stratégie gagnante, alors qu'on peut déjà mesurer dans l'immédiat les effets d'un parti majoritaire profondément léthargique.

Image : Le Figaro/Delort
free hit counter