Réflexions en cours

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lundi 26 mars 2007

Lutter contre les corporatismes

Gouverner, c'est agir en faveur de l'intérêt général. Voilà le message qui revient ici comme un leitmotiv. Il semble aller de soi, mais il s'avère que trop souvents chacun s'accroche à la défense de son intérêt particulier pour bloquer la société et in fine nuire à tout le monde. Cela se retrouve de plusieurs façons, mais cela a été institutionnalisé par certaines associations mono-thématiques, parfois aussi par des partis poliques, mais surtout par les syndicats. Il s'agit tant des syndicats patronaux que salariés, qui continuent de jouer une caricature de jeu de la corde à tirer, et se transforme en un mauvais remake de la lutte des classes. Or c'est bien par le rassemblement que nous arriverons à surmonter nos problèmes, pas en s'accrochant obstinément à des avantages qui desservent la collectivité par leurs retombées négatives. Il y a bien un problème du dialogue social en France, et cela a été pointé par la plupart des candidats. Chacun le regrette, mais il faut bien constater que c'est une constante des décennies passées. Certaines évolutions sont plus que nécessaires, elles sont obligatoires si l'on veut pouvoir avancer dans le sens d'une meilleure efficacité et d'une France qui puisse aller mieux. Lors de la prochaine législature, il faudra relancer le dialogue social, et avoir comme objectif que chacun oublie ses intérêts catégoriels pour ne prendre en compte que l'intérêt général. Un syndicat comme la CFDT s'était honoré en appliquant ce principe en 1995 et en 2003 lorsque des réformes nécessaires étaient en discussion. D'autres syndicats tels que Sud, FO, la CGT ou provenant de branches particulières ont prouvé par le passé leur vision doctrinale et corporatiste des choses, envisageant toute négociation que sur le rapport de force, en souhaitant démontrer à chaque fois leur pouvoir de nuisance, parfois avant même que la réflexion soit entamée sur une évolution à mener.

Si une nouvelle chance doit donc être donnée au dialogue social, il ne faudra pas accepter de se retrouver bloqué si les parties en présences refusent d'envisager l'intérêt général. En l'occurrance, les syndicats ne représentant que des intérêts corporatistes, il faudra que la force publique agisse de par sa propre initiative, étant elle l'émanation de la volonté du peuple, pour agir précisément en faveur de l'intérêt général. Que cela passe par l'éxecutif, le législatif ou les deux, l'action de l'Etat sera dès lors indispensable pour réaliser les réformes nécessaires. Ainsi, les régimes spéciaux de retraites doivent être réformés, le déficit public doit être fortement réduit, certains avantages catégoriels qui nuisent aux embauches doivent être réétudiés, et les services publics sont si fondamentaux qu'ils doivent fonctionner au mieux quelles que soient les circonstances. Sur chaque dossier, de grosses corporations sont susceptibles d'être dérangées, et donc d'être prises de fureur et de vouloir nuire à la communauté pour conservers leurs avantages propres. Les réformes nécessaires ne sont pas aisées à mettre en oeuvre, et peuvent être très impopulaires. En fin de compte, leur succès est déterminé par la volonté que possède celui qui est à la commande de l'Etat.

Parmi les candidats présents à cette élection présidentielle, Nicolas Sarkozy apparaît comme celui qui possède le plus cette volonté. S'il a un sens de la négociation certain, il n'en reste pas moins ferme sur les objectifs qu'il doit défendre. Son programme est volontariste, et propose des mesures qui ne sont pas souhaitées par tout le monde, loin de là. La CGT appelle déjà à voter contre Nicolas Sarkozy, en ayant bien compris qu'il n'accepterait pas les baronies dans l'Etat instaurées par certains syndicats dans des branches de la fonction publique ou des entreprises publiques. Par exemple, la situation de la SNCF n'est plus acceptable. De même, il est intolérable qu'une grève bloque le port de Marseilles, alors que la revendication est d'obtenir d'un client la délégation d'un service. Pendant ce temps là, l'économie souffre de ces comportements égoïstes, et une pénurie d'essence dans le sud de la France pourrait être la conséquence d'une telle attitude. Pour que la France puisse se relever de décennies passées dans la morphine de l'Etat providence, il faudra une volonté forte, susceptible de ne pas craindre les vagues d'impopularités qui ne manqueraient pas d'arriver. Aujourd'hui, dans cette élection présidentielle, c'est bien l'intérêt général qui est au coeur de la question. Il est temps de faire le choix raisonné d'une grande ambition pour la France, en défendant le bien être de tous au lieu et place de son propre bien être. Car c'est bien dans le corporatisme que s'incarnent l'égoïsme et l'individualisme. La France a besoin de volonté, d'expérience et de compétence. C'est dans ce cadre que la candidature de Nicolas Sarkozy apparait comme la plus opportune, et qu'il faut souhaiter son élection.

Photo : Le Figaro

mardi 20 mars 2007

Bilan d'une législature

A l'heure où Jacques Chirac fait ses adieux, où Dominique de Villepin pense à l'avenir, et où toute la droite est engagée dans l'élection présidentielle à venir, il est peut-être temps de faire le bilan de la législature passée. Certes, au bout du compte, ce sera bien l'Histoire qui jugera. Mais on peut déjà tenter d'esquisser ce qui s'est passé au cours des cinq dernières années. Si l'on en juge aux côtes de popularité et aux élections perdues par la droite, c'est peu de dire que les Français n'ont pas entièrement satisfaits de leurs gouvernements. Il faut dire que certaines choses n'ont pas été faites, et que d'autres étaient impopulaires. Par exemple, le CPE, tentative maladroite de remédier au chômage des jeunes, a été rejeté violemment. D'une manière général, tout ce qui a touché à l'éducation, que ce soit au secondaire ou au supérieur, a été l'occasion de grands mouvements de protestations. Même la réforme LMD, qui visait à réorganiser les diplômes pour leur donner une signification au niveau européen, fut à l'origine de manifestations étudiantes.

Pourtant, si certaines réformes furent impopulaires, il faut quand même en mettre une bonne partie au crédit des gouvernements Raffarin et de Villepin. Le meilleur exemple est bien sûr la réforme des retraites, un dossier explosif qui n'a pas manqué de provoquer de l'agitation dans la service public, puisqu'il était question d'allonger la durée de cotisation (pour que les fonctionnaires passent de 37 ans et demi à 40 ans comme tout le monde, puis à 42 comme tout le monde aussi, mais dans l'avenir). Quelques voix s'élèvent parfois pour dire qu'elle n'allait pas assez loin, mais elle avait le mérite de faire une grande avancée. Surtout que lors de la précédente législature Lionel Jospin, qui avait pourtant bien conscience de l'urgence et de la gravité de la situation à régler, n'avait strictement rien fait par pure peur. La lutte contre l'insécurité, et notamment celle routière, a également été l'occasion de mettre en place des mesures impopulaires mais nécessaires. Ainsi, l'installation de radars un peu partout a été mal vécue par bon nombre d'automobilistes, vu les amendes qui tombaient régulièrement voire les permis qui sautaient, mais les résultats sont là en matière de réduction du nombre de morts et d'accidents, et cela grâce à la baisse de la vitesse sur la route.

D'autres dossiers portent moins à la controverse : la politique étrangère de la France a, sous Jacques Chirac, été dans la tradition de celle appliquée par la France depuis de Gaulle pour l'essentiel. Il y a une grosse différence sur l'engagement européen, Jacques Chirac en étant un fervent partisan. Et si la politique étrangère de la France a été plutôt couronnée de succès (comme l'a montré les crises irakiennes ou libanaises), l'échec en matière de politique européenne est tout aussi clair : le non au traité constitutionnel européen a été un échec majeur. En matière de politique sociale, l'action de Jean-Louis Borloo est reconnue. Il a en effet relancé la construction de logements en doublant pratiquement le nombre de mises en chantier en cinq années. De plus, la baisse du chômage enregistrée ces deux dernières années sont également positives, même s'il reste évidemment beaucoup à faire en la matière. Après des résultats mitigés, le déficit budgétaire semble enfin diminuer. Et bien que contesté, Nicolas Sarkozy peut se targuer de résultats positifs en matière de lutte contre la délinquance et la criminalité : la baisse du nombre des délits a été forte, et même la hausse des violences faites aux personnes est bien moindre que celle enregistrée par Jean-Pierre Chevénement et Daniel Vaillant lorsqu'ils étaient au ministère de l'Intérieur.

D'un autre côté, on peut regretter fortement que Jacques Chirac n'ait pas tenu certaines de ses promesses de 2002, avec en premier lieu la mise en place du service minimum dans les services publics et la hausse de l'effort de recherche à 3 % du PIB qui n'ont pas eu lieu, malgré la nécessité évidente de telles mesures. Conséquence : elles se retrouvent telles quelles dans le programme de Nicolas Sarkozy en 2007. Ce n'est pas prendre un grand risque non plus que de dire que la fracture sociale n'a pas été résorbée, la situation dans les banlieues pauvres étant toujours très difficile. Mais ce n'est pas que l'échec de cette législature, c'est l'échec de la présidence Chirac depuis 1995.

Il faut tout de même reconnaître également l'action de plusieurs ministres moins importants, qui ont oeuvré de manière plus discrète dans leur domaine. Par exemple, François Baroin a mené une action vis-à-vis des DOM TOM peu spectaculaire vue de la métropole, mais qui fut appréciée dans les territoires concernés. Au final, c'est bien un bilan en contraste qu'il faut voir, avec ses réussites et ses échecs. Une bonne part des regrets qu'il y a avoir viennent notamment que les gouvernements de la législature qui s'achèvent n'ont pas réussi à battre les conservatismes à chaque fois qu'il le fallait et n'ont pas trouvé le moyen de les dépasser. Bien sûr, il est difficile de dire à ceux qui souffrent que l'action publique a été un succès ces cinq dernières années, et on ne peut pas vraiment dire que c'était le cas. Mais on ne peut pas se permettre de dire que ce fut un échec complet. En fin de compte il y a un bilan marqué par ce qui a été fait, et les dossiers où la volonté a manqué pour faire ce qu'il fallait. De toutes les manières, la prochaine législature se devra d'être plus efficace, de ramener sur le devant de la scène les thèmes où il faut agir, et adopter une méthode d'action forte et exigeante, où l'intérêt général devra primer.

vendredi 16 mars 2007

L'impossible union nationale

Lui qui se plaignait de ne pas être assez repris par les médias, le voici servi. François Bayrou est depuis plusieurs semaines au centre d'une tempète médiatique comme il y en a souvent, où tous les journaux ne parlent que d'une chose (et sur un ton laudatif). Il y a quelques mois, le phénomène s'observait autour de Ségolène Royal. Actuellement, c'est autour de lui. Il bénéficie ainsi d'un cercle vertueux, où ses apparitions médiatiques omniprésentent favorisent les montées dans les sondages, qui encouragent les journalistes à parler encore de lui. Cela lui permet de trompetter partour qu'il va gagner, ne doutant pas une seule seconde de sa prochaine victoire, et de se montrer méprisant pour ses adversaires directs. Mais que se passera-t-il lorsqu'il sera élu, puisqu'il ne peut pas en être autrement selon lui ? François Bayrou, fort que d'une vingtaine de de députés, devra avant tout trouver une majorité susceptible de soutenir un gouvernement qui lui soit favorable. Lorsqu'on lui pose la question, François Bayrou parie sur un gouvernement d'union nationale qui se ferait autour de lui, ou viendrait les bonnes volontés de la droite comme de la gauche. C'est évidemment plus facile à dire qu'à faire. Par exemple, à gauche : si les modérés de ce bord le rejoignent, ils pourraient être assez nombreux après les élections législatives pour pouvoir n'être responsables que devant eux mêmes, créant une cohabitation de fait. Ou bien François Bayrou deviendrait le chef de file de la gauche (certes refondée) tout simplement. Mais c'est peu probable dans la mesure où Dominique Strauss-Kahn, considéré comme le leader des sociaux-démocrates au sein du PS, sera certainement plus enclin à organiser sa candidature de 2012, plutôt que de se soumettre aveuglement à François Bayrou, qui reste un chrétien démocrate, et donc est du centre-droit. Vouloir unir la droite et la gauche dans le même gouvernement est encore plus risqué. Il faudra bien prendre des décisions claires sur les dossiers importants : que faire pour les régimes de retraites (abrogation de la réforme Fillon ? fin des régimes spéciaux ?), faut-il régulariser les sans-papiers, doit-on s'orienter encore plus vers l'Etat providence, ce sont autant de questions sur lesquelles il n'y a aucun conscensus gauche/droite.

En somme, une telle alliance contre nature signerait cinq années d'immobilisme, alors qu'il est justement nécessaire de donner une direction claire dans cette campagne électorale pour orienter l'action à venir. Le pari de l'union nationale revient en fin de compte à espérer que tous les problèmes se règlent d'eux mêmes, sans rien connaître des pistes de solutions. Surtout qu'en cas d'échec d'un tel gouvernement, l'alternance n'est plus possible. A moins évidemment de donner les clés du pays aux formations extrémistes, comme Lutte Ouvrière ou le Front National. Il faut dire qu'un tel dispositif ne se justifie que dans des situations extrèmement graves, où il ne peut y avoir de divisions, où même le processus démocratique semble suspendu. L'union nationale est le mode de gouvernement des temps de guerre, quand chacun oublie ses convictions sur la gestion du pays pour se regrouper face à une attaque extérieure. Certes, la France n'est pas particulièrement un pays sans problème, mais nous ne sommes pas dans une situation de guerre extérieure, seul moment où l'union nationale est pertinente, vis-à-vis des risques pris avec la démocratie.

Dans le cas proposé par François Bayrou, l'union nationale devient donc un dangereux engagement d'immobilisme. Cela peut paraitre séduisant sur le papier, mais cela ne relève pas du réalisme. Peu importe en fait pour ceux qui comptent voter pour François Bayrou. Il s'agit là d'un vote contestataire, de rejet. Ségolène Royal ne donne pas l'impression d'avoir la stature nécessaire et les compétences requises pour le poste. Beaucoup sont mal à l'aise avec l'énergie affichée par Nicolas Sarkozy et les réformes fortes qu'il propose. François Bayrou n'apparait pas comme directement dangereux, il ne cesse de se proclamer comme venant en dehors du système (alors qu'il en a toujours été au coeur), il apparait donc comme un recours pour ceux qui le connaissent assez mal et pour qui il apparait comme neuf.

Dès lors, il n'est pas étonnant que François Bayrou soit soudainement devenu élogieux vis-à-vis du Président Jacques Chirac, alors qu'il a refusé de l'aider dans son action. On peut en effet reconnaître en lui certains traits de Jacques Chirac, dans la prudence à faire des réformes, ou dans le fait de ne pas assumer l'appartenance à la droite. Au moins, Jacques Chirac avait lui une majorité claire pendant ces cinq dernières années pour avancer sur plusieurs dossiers, comme l'insécurité ou les retraites. François Bayrou dit qu'il aura forcément une majorité, comptant en fait bien plus sur l'émergence d'un grand parti pour sa majorité présientielle, où tout le monde penserait comme lui (c'est à dire qu'il est la bonne personne pour être à la présidence) et qui écraserait les autres formations. Tout ce qu'il a toujours reproché à l'UMP en fait, le seul tort de ce parti étant, au bout du compte, d'être dévoué à quelqu'un d'autre que lui.

mercredi 7 mars 2007

A la recherche du nouveau président

Dimanche dernier, Jean-Louis Borloo s'est exclamé dans l'émission Ripostes "la présidentielle ce n'est pas la Star Ac'". Il faut dire qu'on pourrait parfois en douter, tant l'événement constitutif de la vie citoyenne peut se transformer en un spectacle où l'on regarde des candidats affronter des épreuves pour en fin de compte en choisir un. Au moins, on ne peut pas se plaindre que les Français ne s'intéressent pas à l'élection présidentielle... Mais visiblement, cette élection a pris une importance considérable, et génère une attention bien supérieure aux précédentes. Chacun semble croire, à tort ou à raison, que le 22 avril et le 6 mai prochain va se jouer l'avenir de la France. Certes, le poste de Président est d'autant plus convoité que ses pouvoirs sont importants. L'élection présidentielle a un effet d'entrainement sur les législatives qui suivront, c'est donc l'orientation tant du pouvoir éxecutif que du pouvoir législatif qui sera décidée à l'issue de ce débat. Néanmoins, si beaucoup de choses peuvent et doivent changer, on peut s'interroger sur l'ampleur et la précision du mandat qui sera donné aux prochains gouvernants. Ainsi, tous les thèmes sont mis sur la table, avec à chaque fois des citoyens qui exigent que les candidats s'engagent en faveur, ou du moins expriment leur position sur tel ou tel point précis. D'un côté, un programme précis et amplement discuté peut être une force pour le candidat élu, car cela lui donne la légitimité de mettre en application ses idées après son élection. D'un autre, cette tendance méconnaît le fait que la vie démocratique d'un pays ne s'arrête pas l'élection présidentielle passée : lors des cinq prochaines années, le parlement devra continuer à peser le pour et le contre des lois, le dialogue social devra s'opérer avec les partenaires sociaux, et il faudra de toutes façons prendre compte de contraintes imprévues qui ne manqueront pas d'arriver. C'est donc chaque jour que le débat doit avoir lieu, et si ces jours-ci il est particulièrement intense, il ne faut pas que tout le monde agisse de façon à croire qu'il cessera dans deux mois.

En outre, on peut parfois se demander si l'intérêt général est au coeur de la préoccupation de tous. Bien sûr, les défenses de l'environnement, des professions de santé ou de l'enseignement relèvent toutes de l'intérêt général. Nicolas Hulot avait eu un rôle utile en voulant mettre en avant l'écologie dans la campagne. Mais le succès de sa démarche a inspiré bon nombre de groupes d'intérêts, aux rôles moins clairs. Par exemple, ce sont les enseignants qui souhaitent que l'on parle d'éducation, les intermittents du spectacle qui veulent que l'on parle de culture, jusqu'à arriver aux chasseurs qui auditionnent les candidats sur la chasse. Sous couvert de parler de thèmes politiques, ce sont des lobbys qui apparaissent en filigrane, voulant défendre en fin de compte des intérêts très particuliers. Cette réflexion sur le mode "comment cette élection présidentielle peut-elle me bénéficier" se traduit également dans les pensées d'un grand nombre d'électeurs. On a pu s'en rendre compte dans l'émission "J'ai une question à vous poser", où l'étudiant posait une question sur les débouchés des études, le petit commerçant sur le rôle des grandes surfaces, la personne venant des DOM sur le prix des billets d'avions entre les Antilles et la métropole, bref, où chacun se soucie du problème en priorité que du problème qui le concerne. Voilà pourquoi les questions ayant trait à la politique étrangère sont rares, même si les Français souhaitent que les candidats aient au minimum une certaine stature.

Et lorsque l'on ne se préoccuppe pas de soi-même dans ce débat, c'est pour le regarder à la manière d'un spectateur. Comme une compétition sportive, où les sondages omniprésents font office de tableau de score, et une presse à l'affut de la moindre polémique en croyant que cela rend l'élection specaculaire. Ou comme une émission de télé-réalité, où l'on est très détaché à la vision de ces candidats dont on se moque volontiers. En tous cas, si la campagne pourrait certes être bien pire, on peut tout de même regretter que le débat ne soit pas plus serein, et exclusivement orienté sur la recherche de la meilleure façon de défendre l'intérêt général.

jeudi 1 mars 2007

Jean-Louis Borloo, une option radicale

Alors que la campagne électorale commence à être bien entamée désormais, certaines personnalités politiques restent encore en retrait. C'est le cas de Dominique Strauss-Kahn, mal utilisé par Ségolène Royal. C'est le cas des derniers chiraquiens, comme François Baroin, qui attendent que Jacques Chirac annonce sa décision sur une éventuelle candidature. Prétexte aussi utilisé depuis longtemps par Dominique de Villepin pour éviter de prendre position. Il y a également le cas de Jean-Louis Borloo. Le gouvernement doit travailler jusqu'au bout dit Président de la République. Le ministre de la Cohésion sociale lui suit ce mot d'ordre à la lettre, et est l'un des derniers ministres à connaître une activité toujours constante, et peu importe que la session parlementaire se soit achevée. Cela ne veut pas dire pour autant qu'il n'a pas sa place dans cette campagne, bien au contraire. A l'automne dernier, au dernier congrès du Parti Radical (qu'il co-préside avec André Rossinot le maire de Nancy), il a refusé de prendre parti en faveur de Nicolas Sarkozy, alors que sa formation politique fait partie de l'UMP. Pendant ce temps-là, François Bayrou répond, lorsqu'on lui pose la question, que Jean-Louis Borloo pourrait faire partie de ces personnalités pouvant travailler avec lui dans le cadre de son gouvernement de la gauche, du centre et de la droite.

Il est pourtant peu probable que Jean-Louis Borloo soutienne avant l'élection présidentielle François Bayrou, même s'il n'a probablement aucune hostilité envers lui, ayant été son porte-parole lors de la campagne de 2002. Mais Jean-Louis Borloo se trouve être ambitieux, par pour viser à long terme la Présidence, mais ambitieux pour son pays, pour amplifier le travail qu'il a accompli ces cinq dernières années. Cette fois-ci, il souhaite donc accéder à Matignon pour avoir les coudées plus franches quant à la mise en place des mesures qui lui sont chères. Actuellement, il dit passer ses soirées à les décrire dans un livre qui doit bientôt sortir. Elles sont la base de sa discussion avec Nicolas Sarkozy pour effectuer son ralliement à la candidature de ce dernier. Le candidat de l'UMP serait bien inspiré de profiter de l'inspiration sociale qu'apporte Jean-Louis Borloo. Et s'il est trop tôt pour penser à se distribuer les postes, Jean-Louis Borloo doit rester un premier ministre potentiel pour celui qui veut être président, en compagnie de François Fillon ou de Michèle Alliot-Marie. Ces trois premier-ministrables ont tous des sensibilités différentes de celles de Nicolas Sarkozy, et donc complémentaires. Il doit en tenir compte dans sa campagne, car le rassemblement qu'il doit opérer passe par là.

En l'occurrence le soutien de Jean-Louis Borloo a un poids politique supérieur à ses propositions, alors qu'elles sont déjà fortes. Il peut être vu comme une possibilité pour Nicolas Sarkzoy d'occupper le centre, alors que François Bayrou semble occupper de plus en plus d'espace dans le paysage politique en reniant son appartenance à la droite. D'une manière générale, Nicolas Sarkozy a plusieurs cartes centristes à jouer, car une bonne partie des membres de l'UMP sont justement d'inspiration centriste, et sont autant démocrates-chrétiens que le candidat de l'UDF. Ils doivent pouvoir s'exprimer fortement pendant cette campagne. Il peut aussi compter sur le soutien de Simone Veil, femme politique estimée de tous, et dont la parole a d'autant plus de poids qu'elle est rare (car elle était soumise au devoir de réserve en étant au Conseil Constitutionnel) et réflechie. Les accomplissements de celle-ci dans les gouvernements et au niveau européen, et sa force de conviction peuvent être très utiles au candidat, pour orienter son propre discours, et pour convaincre des indécis. Et pour le cas particulier de Jean-Louis Borloo, on peut sourire en pensant que le Parti Radical pourrait avoir de nouveau le rôle de faiseur de roi, ou plutôt de majorité, rôle qui lui était dévolu dans les IIIème et IVème République.

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