Gouverner, c'est agir en faveur de l'intérêt général. Voilà le message qui revient ici comme un leitmotiv. Il semble aller de soi, mais il s'avère que trop souvents chacun s'accroche à la défense de son intérêt particulier pour bloquer la société et in fine nuire à tout le monde. Cela se retrouve de plusieurs façons, mais cela a été institutionnalisé par certaines associations mono-thématiques, parfois aussi par des partis poliques, mais surtout par les syndicats. Il s'agit tant des syndicats patronaux que salariés, qui continuent de jouer une caricature de jeu de la corde à tirer, et se transforme en un mauvais remake de la lutte des classes. Or c'est bien par le rassemblement que nous arriverons à surmonter nos problèmes, pas en s'accrochant obstinément à des avantages qui desservent la collectivité par leurs retombées négatives. Il y a bien un problème du dialogue social en France, et cela a été pointé par la plupart des candidats. Chacun le regrette, mais il faut bien constater que c'est une constante des décennies passées. Certaines évolutions sont plus que nécessaires, elles sont obligatoires si l'on veut pouvoir avancer dans le sens d'une meilleure efficacité et d'une France qui puisse aller mieux. Lors de la prochaine législature, il faudra relancer le dialogue social, et avoir comme objectif que chacun oublie ses intérêts catégoriels pour ne prendre en compte que l'intérêt général. Un syndicat comme la CFDT s'était honoré en appliquant ce principe en 1995 et en 2003 lorsque des réformes nécessaires étaient en discussion. D'autres syndicats tels que Sud, FO, la CGT ou provenant de branches particulières ont prouvé par le passé leur vision doctrinale et corporatiste des choses, envisageant toute négociation que sur le rapport de force, en souhaitant démontrer à chaque fois leur pouvoir de nuisance, parfois avant même que la réflexion soit entamée sur une évolution à mener.

Si une nouvelle chance doit donc être donnée au dialogue social, il ne faudra pas accepter de se retrouver bloqué si les parties en présences refusent d'envisager l'intérêt général. En l'occurrance, les syndicats ne représentant que des intérêts corporatistes, il faudra que la force publique agisse de par sa propre initiative, étant elle l'émanation de la volonté du peuple, pour agir précisément en faveur de l'intérêt général. Que cela passe par l'éxecutif, le législatif ou les deux, l'action de l'Etat sera dès lors indispensable pour réaliser les réformes nécessaires. Ainsi, les régimes spéciaux de retraites doivent être réformés, le déficit public doit être fortement réduit, certains avantages catégoriels qui nuisent aux embauches doivent être réétudiés, et les services publics sont si fondamentaux qu'ils doivent fonctionner au mieux quelles que soient les circonstances. Sur chaque dossier, de grosses corporations sont susceptibles d'être dérangées, et donc d'être prises de fureur et de vouloir nuire à la communauté pour conservers leurs avantages propres. Les réformes nécessaires ne sont pas aisées à mettre en oeuvre, et peuvent être très impopulaires. En fin de compte, leur succès est déterminé par la volonté que possède celui qui est à la commande de l'Etat.

Parmi les candidats présents à cette élection présidentielle, Nicolas Sarkozy apparaît comme celui qui possède le plus cette volonté. S'il a un sens de la négociation certain, il n'en reste pas moins ferme sur les objectifs qu'il doit défendre. Son programme est volontariste, et propose des mesures qui ne sont pas souhaitées par tout le monde, loin de là. La CGT appelle déjà à voter contre Nicolas Sarkozy, en ayant bien compris qu'il n'accepterait pas les baronies dans l'Etat instaurées par certains syndicats dans des branches de la fonction publique ou des entreprises publiques. Par exemple, la situation de la SNCF n'est plus acceptable. De même, il est intolérable qu'une grève bloque le port de Marseilles, alors que la revendication est d'obtenir d'un client la délégation d'un service. Pendant ce temps là, l'économie souffre de ces comportements égoïstes, et une pénurie d'essence dans le sud de la France pourrait être la conséquence d'une telle attitude. Pour que la France puisse se relever de décennies passées dans la morphine de l'Etat providence, il faudra une volonté forte, susceptible de ne pas craindre les vagues d'impopularités qui ne manqueraient pas d'arriver. Aujourd'hui, dans cette élection présidentielle, c'est bien l'intérêt général qui est au coeur de la question. Il est temps de faire le choix raisonné d'une grande ambition pour la France, en défendant le bien être de tous au lieu et place de son propre bien être. Car c'est bien dans le corporatisme que s'incarnent l'égoïsme et l'individualisme. La France a besoin de volonté, d'expérience et de compétence. C'est dans ce cadre que la candidature de Nicolas Sarkozy apparait comme la plus opportune, et qu'il faut souhaiter son élection.

Photo : Le Figaro