vendredi 16 mars 2007
L'impossible union nationale
Par xerbias, vendredi 16 mars 2007 à 18:03 :: Faits politiques

En somme, une telle alliance contre nature signerait cinq années d'immobilisme, alors qu'il est justement nécessaire de donner une direction claire dans cette campagne électorale pour orienter l'action à venir. Le pari de l'union nationale revient en fin de compte à espérer que tous les problèmes se règlent d'eux mêmes, sans rien connaître des pistes de solutions. Surtout qu'en cas d'échec d'un tel gouvernement, l'alternance n'est plus possible. A moins évidemment de donner les clés du pays aux formations extrémistes, comme Lutte Ouvrière ou le Front National. Il faut dire qu'un tel dispositif ne se justifie que dans des situations extrèmement graves, où il ne peut y avoir de divisions, où même le processus démocratique semble suspendu. L'union nationale est le mode de gouvernement des temps de guerre, quand chacun oublie ses convictions sur la gestion du pays pour se regrouper face à une attaque extérieure. Certes, la France n'est pas particulièrement un pays sans problème, mais nous ne sommes pas dans une situation de guerre extérieure, seul moment où l'union nationale est pertinente, vis-à -vis des risques pris avec la démocratie.
Dans le cas proposé par François Bayrou, l'union nationale devient donc un dangereux engagement d'immobilisme. Cela peut paraitre séduisant sur le papier, mais cela ne relève pas du réalisme. Peu importe en fait pour ceux qui comptent voter pour François Bayrou. Il s'agit là d'un vote contestataire, de rejet. Ségolène Royal ne donne pas l'impression d'avoir la stature nécessaire et les compétences requises pour le poste. Beaucoup sont mal à l'aise avec l'énergie affichée par Nicolas Sarkozy et les réformes fortes qu'il propose. François Bayrou n'apparait pas comme directement dangereux, il ne cesse de se proclamer comme venant en dehors du système (alors qu'il en a toujours été au coeur), il apparait donc comme un recours pour ceux qui le connaissent assez mal et pour qui il apparait comme neuf.
Dès lors, il n'est pas étonnant que François Bayrou soit soudainement devenu élogieux vis-à -vis du Président Jacques Chirac, alors qu'il a refusé de l'aider dans son action. On peut en effet reconnaître en lui certains traits de Jacques Chirac, dans la prudence à faire des réformes, ou dans le fait de ne pas assumer l'appartenance à la droite. Au moins, Jacques Chirac avait lui une majorité claire pendant ces cinq dernières années pour avancer sur plusieurs dossiers, comme l'insécurité ou les retraites. François Bayrou dit qu'il aura forcément une majorité, comptant en fait bien plus sur l'émergence d'un grand parti pour sa majorité présientielle, où tout le monde penserait comme lui (c'est à dire qu'il est la bonne personne pour être à la présidence) et qui écraserait les autres formations. Tout ce qu'il a toujours reproché à l'UMP en fait, le seul tort de ce parti étant, au bout du compte, d'être dévoué à quelqu'un d'autre que lui.