Réflexions en cours

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mardi 21 août 2007

Les municipales de 2008

Le mandat des maires actuels aura été exceptionnellement long. Evidemment, ils ne risquent pas de se plaindre que celui-ci ait été rallongé d'une année, pour atteindre les sept années, au lieu des six prévues normalement. Mais cette extension a été justifiée par le fait que l'année 2007 devait déjà voir se dérouler les élections présidentielles et législatives qu'il était impossible de décaler, et trop d'élections auraient peut-être lassé les électeurs. Les élections municipales et sénatoriales ont donc été reportées, les maires repartant à la bataille électorale en mars 2008. Et les états majors politiques s'activent d'ores et déjà pour les préparer. Ce mandat très long a fait que les maires ont vu passer deux élections présidentielles, c'était les mêmes qui donnaient les parrainages aux candidats en 2002 et en 2007. Surtout, leur élection était la conséquence d'une situation politique assez différente. Lors des municipales de 2001, la gauche était encore au pouvoir, et à l'époque, un bon nombre de mairies étaient passées à droite. Les commentateurs avaient ainsi pu parler d'une espèce de vague bleue dans les mairies, qui semblait inquiétante pour la gauche. Celle-ci pouvait tout de même se réjouir d'avoir gagner Paris et Lyon, les deux plus grandes villes de France qui étaient jusque là gérées par la droite. Pour les villes de taille plus modeste, c'était surtout la droite qui pouvait triompher. Le meilleur exemple étant celui de la mairie de Blois, où Jack Lang fut battu par un jeune candidat UDF, ce qui le poussa à changer de circonscription pour en trouver une bien plus faciles pour les législatives qui allaient suivre en 2002.

En 2008, la droite ne pourra plus compter sur une lassitude des électeurs vis-à-vis de la gauche au pouvoir, lorsqu'elle sera elle-même aux affaires depuis six ans. Même si le gouvernement connaît un état de grâce marqué actuellement, il n'est nul besoin d'être grand devin pour prévoir que celui-ci n'est que passager, et qu'un grand nombre de réformes prévues par Nicolas Sarkozy peuvent susciter une hostilité marquée de l'opinion publique. Et en mars 2008, il est bien peu probable que l'on se souvienne encore de cet état de grâce. La gauche compte dessus d'ailleurs. Ainsi, François Hollande a fait ce calcul en reportant le prochain congrès du Parti Socialiste (et donc la désignation du nouveau premier secrétaire) à l'après mars 2008 : les succès qui seront engrangés par les socialistes lors des municipales devraient faire oublier les douloureux échecs de 2007, et rendre le besoin de changement moins urgent. Après tout, c'est bien ce qu'il s'est passé en 2004, où la victoire écrasante de la gauche aux régionales lui a permis de reporter aux calendes grecques la réflexion sur la politique prônée par le Parti Socialiste, pour mieux se contenter d'une opposition ferme et stérile. Nombreux sont ceux qui, à gauche, comptent effectivement sur ce rejet prévisible de la droite pour gagner des mairies.

La gauche peut en outre compter sur une sociologie favorable dans le cœur des grandes villes, ce fut même l'une des surprises des derniers scrutins. A ce titre, malgré les efforts de François de Panafieu et de Dominique Perben, les candidats de la droite pour les mairies de Paris et de Lyon, il est très peu probable qu'ils arrivent à remplacer Bertrand Delanoë et Gérard Collomb. De même, la mairie de Toulouse, conservée de justesse par la droite en 2001 dans une région largement dominée par la gauche, devrait basculer à gauche l'année prochaine. Même dans des villes établies à droite depuis des décennies comme Bordeaux, la tâche s'annonce difficile. Ainsi, Alain Juppé apparaît sérieusement menacé après avoir été battu lors des législatives. Et bien peu de facteurs semblent aujourd'hui favorables à la droite, sa défaite risque donc d'être lourde.

Une des inconnues actuelles repose dans le comportement qu'aura le Mouvement Démocrate de François Bayrou. Jusqu'ici, l'UDF était traditionnellement alliée de la droite dans les exécutifs locaux. Cette fois-ci, François Bayrou aura probablement à cœur d'avoir ses propres listes dans de nombreuses villes, comme le projette déjà Marielle de Sarnez qui prépare sa candidature à Paris. Mais le jeu du scrutin majoritaire faisant toujours son œuvre, pour conquérir un nombre significatif de mairies, le Mouvement Démocrate devra choisir ses alliés. Ce choix aurait dès lors des répercussions sur la politique nationale en indiquant la stratégie d'alliance de François Bayrou pour les grandes élections des années suivantes. L'UMP compte également appliquer sa stratégie d'ouverture au plan local, mais devra faire face aux réticences des candidats de droite qui se trouvent dans les oppositions municipales dans cette optique, alors que ce devrait être plus facile pour les maires installés. A condition évidemment de trouver des éléments des autres partis qui acceptent d'entrer sur les listes de leurs anciens adversaires. Du reste, il n'est pas certain que ce facteur soit vraiment déterminant. Même les enjeux locaux ont plus de poids que de telles stratégies. Ils ne peuvent néanmoins suffire. La perspective des prochaines municipales n'est donc pas forcément lumineuse pour l'UMP, même si elle n'a pas à s'avouer vaincu d'avance. Après tout, les surprises électorales sont assez fréquentes, et il sera question de 36 000 élections en 2008...

mercredi 1 août 2007

Vaines querelles centristes

Le soir du premier tour de l'élection présidentielle, François Bayrou est vaincu. Contrairement à ce qu'il croyait fermement, il ne sera pas Président de la République pour les cinq prochaines années. Il entame dès ce moment là sa campagne pour les élections présidentielles de 2012. Son but : montrer qu'il est l'alternative au pouvoir qui se mettra en place, très certainement celui de l'UMP. Pour que son parti, l'UDF, puisse être considéré comme un parti d'opposition, il doit apparaître clairement qu'il n'est plus de centre droit. Pour cela, François Bayrou accepte de mener la ronde médiatique en faisant un débat amical avec Ségolène Royal à la télévision, et lors de la deuxième semaine entre les deux tours, il annonce qu'il ne votera pas pour Nicolas Sarkozy. Il se met alors à l'œuvre pour fonder un nouveau parti qui lui sera entièrement dévoué, le Mouvement Démocrate, et s'apprête à une traversée du désert dont il espère toucher les dividendes à la prochaine présidentielle. Seulement, en refusant l'alliance entre l'UDF et l'UMP, François Bayrou force ce qui le suivent à n'avoir aucun poids sur les orientations politiques à venir. Il y avait déjà plusieurs membres de l'UDF qui avaient soutenu la candidature de Nicolas Sarkozy avant le premier tour, tel Gilles de Robien ou André Santini. Mais le lendemain du premier tour, les autres élus de l'UDF doutent : la stratégie de François Bayrou pour la présidentielle de 2007 est un échec, et il faudrait poursuivre sur la même voie pour la suite. L'alternative, pour eux, est entre l'absence d'influence, voire la défaite aux législatives, et la participation à la politique de la nation.

Comment s'étonner, alors, qu'une très grande majorité des députés du groupe UDF refusent de suivre leur chef dans sa déroute ? Ceux-ci ne veulent pas de ce Mouvement Démocrate, à la gloire d'un seul homme, mais ne veulent pas pour autant rejoindre l'UMP où ils craignent de perdre leur spécificité. Ils répondent alors à l'appel de Nicolas Sarkozy entre les deux tours, et se désolidarisent de leur chef en annonçant leur vote au second tour pour le candidat de l'UMP. Cette sécession donne alors naissance au Nouveau Centre, parti créé pour investir les candidats issus de l'UDF qui souhaitent se situer dans la majorité présidentielle. Hervé Morin, ancien président du groupe UDF à l'Assemblée Nationale, prend la tête de cette révolte, et rejoint André Santini et Gilles de Robien. Ce faisant, ils sauvent leurs sièges de députés, et reprennent une influence dans les affaires qu'ils avaient perdue lorsque François Bayrou avait décidé de passer à une stratégie d'opposition. Ce dernier se retranche dans l'isolement "glorieux" voulu par Marielle de Sarnez, seule personne qu'il écoute. Il pourra ainsi profiter des bons et des mauvais moments du gouvernement, espère-t-il. Au sein même du Mouvement Démocrate, tout le monde n'est pas complètement convaincu par cette méthode : ainsi, le député Thierry Benoit, l'un des quatre à avoir été élu sous l'étiquette de ce parti, s'interroge sur le résultat actuel de l'opération et préconise de mettre fin à cette division actuelle.

Avec tout cela, l'ambiance est évidemment horrible au sein de la famille socio-démocrate, divisée entre l'UMP, le Nouveau Centre et le Mouvement Démocrate. Par rapport à l'UDF, François Bayrou peut se targuer d'avoir récupéré les militants, dont de nouveaux, venus par le biais de la campagne présidentielle. Mais il n'a plus une véritable base d'élus, alors que celle-ci avait déjà été considérablement amoindrie par la scission de 2002. En fait, il s'agit ici du résultat d'un malentendu : le centrisme est une notion qui peut être pertinente pour qualifier le positionnement politique d'un individu, s'il essaie de prendre le meilleur de la gauche et de la droite en même temps. Mais le centrisme pur n'est pas possible dans la conduite du gouvernement, tout simplement par ce que les centristes ne sont structurellement pas assez nombreux pour disposer d'une majorité sans alliance. Il leur faut donc faire un choix, et en fonction de l'alliance choisie, le centrisme se sépare alors entre le centre gauche et le centre droit. François Bayrou refuse de faire alliance de nouveau avec la droite. S'il veut le pouvoir, il devra donc faire alliance avec la gauche. Il bascule sur l'échiquier politique, mais il devra pousser la gauche à se débarrasser de son extrême gauche qui garde une certaine influence même au sein du Parti Socialiste. De l'autre côté, le Nouveau Centre reste fidèle à ses choix antérieurs, en prenant le parti de l'alliance avec la droite. Il apparaît surtout que toutes ces vaines querelles n'ont qu'une seule origine : le destin que se voit de façon prophétique celui qui était le président de l'UDF.

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