Réflexions en cours

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

lundi 26 septembre 2011

Le bon candidat socialiste : Manuel Valls

Dans les banlieues rouges, les sempiternelles affiches du PS collées sur les murs n'évoquent plus les thèmes habituels comme la fierté d'être à gauche, une quelconque réunion publique ou une exhortation à s'opposer au gouvernement inique. On y voit désormais le visage en gros plan de Martine Aubry, preuve que les socialistes ont commencé leur campagne électorale. Celle-ci reste interne pour l'instant, et les différentes factions s'opposent entre elles. Le programme étant censé être défini par le parti, les électeurs de la primaire devraient probablement déterminer leur vote sur la bonne tête du candidat. Mais vu la médiocrité du programme socialiste, on ne peut guère douter que le candidat désigné le remettra au placard, et en publiera un conforme à ses propres opinions, comme en 2007. Dans cette primaire, le profil de chaque candidat comptera donc. La primaire socialiste étant dans deux semaines, on peut se demander lequel des six candidats serait le meilleur pour être le prochain chef de l'Etat.

Voyons les un par un. La première secrétaire du PS, Martine Aubry, n'est présente dans cette compétition que parce que son allié d'autrefois, Dominique Strauss-Kahn, n'a pu se présenter pour cause de comportement très malvenu. Candidate malgré elle, elle ne s'était jamais préparée à cette fonction, et son parcours s'en ressent. Après avoir été l'architecte des 35 heures de sinistre mémoire, elle quitta le gouvernement Jospin pour prendre la mairie de Lille. Elle n'aura été députée que quelques jours en 1997 (puisque immédiatement nommée au gouvernement), elle est battue lors des législatives de 2002 et ne remettra plus les pieds dans l'hémicycle. On entendra plus parler d'elle pendant longtemps, avant qu'elle ne prenne la tête du PS (grâce à des irrégularité électorales, d'après Ségolène Royal). Elle est partisane d'une ligne politique bien à gauche, et à vrai dire, déconnectée des réalités économiques. Sa proposition hallucinante d'augmenter le budget de la culture de 50 % en est un exemple significatif.

La candidature de Ségolène Royal repose sur une seule question : "pourquoi pas moi ?" Elle ne comprend pas que la bonne question devrait plutôt être "pourquoi moi ?" Après s'être ridiculisée lors de la présidentielle de 2007, elle promettait "d'autres victoires", et fut ainsi une candidate permanente au cours des quatre dernières années. Les Français ont désormais appris à la connaître, et en conséquence, elle n'est plus soutenue que par une frange marginale du Parti Socialiste.

Dans cette primaire, Arnaud Montebourg fait figure de candidat le plus à gauche. Il a souvent voulu faire sa promotion personnelle en multipliant les coups d'éclats et en martelant ses lubies, comme le fut son idée de VIème République. Ardant opposant au cumul des mandats, il fit la preuve de son inconstance en devenant président de conseil général tout en restant député. S'il se verrait bien à l'Elysée, il se trouverait également tout à fait à sa place au poste de garde des Sceaux, lui qui voit presque tous les problèmes d'abord sous un angle juridique. Une bonne performance lors de la primaire devrait lui assurer cette promotion depuis si longtemps désirée en cas de victoire de la gauche.

François Hollande pensait qu'il serait le candidat socialiste à la présidentielle de 2007. Mais à sa grande surprise, bien que premier secrétaire du PS, personne ne pensa à lui. Du coup, il quitta ce poste et annonça à l'avance qu'il sera candidat pour 2012. Pour un présidentiable, son CV reste pourtant dramatiquement vide, et ses onze ans à la tête du PS ne lui auront permis que de démontrer son manque de leadership. Pour un chef de l'Etat potentiel, c'est embarrassant. Mais le fait qu'il n'ait jamais rien accompli se transforme désormais en un avantage, puisque personne ne peut lui reprocher sa politique passée. Il se repositionne désormais en candidat économiquement responsable, et peut remercier DSK de lui avoir laissé un espace par son détour par la case prison.

La participation de Jean-Michel Baylet à cette primaire reste anecdotique. Le président du Parti Radical de Gauche sait qu'il n'a aucune chance, n'étant lui-même pas une tête d'affiche. Le drame du PRG, c'est d'être constamment maltraité par le PS, son imposant allié. Faute de pouvoir de négociation, les places proposées aux personnalités radicales de gauche restent la portion congrue. En 2002, ils ont voulu faire pression sur le PS en présentant leur propre candidate, Christiane Taubira... et furent accusés d'avoir favorisé l'élimination de Lionel Jospin. En 2007, ils ne firent rien, et n'eurent rien. Participer à la primaire permet au PS de leur donner un peu de temps de parole, sans leur donner de places éligibles supplémentaires. Si Jean-Michel Baylet voulait avoir de l'influence, il ferait mieux de chercher à voir ce qu'il peut faire avec Jean-Louis Borloo...

Sur les six candidats, cinq n'apportent donc que des perspectives très limitées. Le dernier, Manuel Valls, est déjà plus enthousiasmant. En refusant le laxisme en matière de budget et de sécurité, il se rapproche du reste de la gauche européenne, et se démarque d'une gauche française fossilisée depuis plusieurs décennies. Son refus net d'une dépénalisation des drogues est également à mettre à son crédit, quand d'autres dans son parti sont plus sensibles aux vapeurs des narcotiques. Par le passé, il s'est également prononcé contre l'adhésion de la Turquie à l'Union Européenne, estimant que cela accentuerait la "dilution de l'Union". Bien sûr, il a également quelques aspects négatifs. Il se prononça pour le "non" au TCE lors du référendum interne au PS (mais soutint le "oui" par la suite). Il ne peut se prévaloir d'aucune expérience gouvernementale. Mais en comparant avec ses concurrents dans cette primaire, il émerge quand même haut la main comme le meilleur candidat. Ses chances de dépasser le premier tour de la primaire socialiste ont beau être quasi nulles, il n'en reste pas moins celui dont il faut espérer la désignation.

dimanche 18 septembre 2011

Que s'est-il passé au Sofitel ?

Au 20 heures de ce soir, Claire Chazal accueille Dominique Strauss-Kahn pour une interview très attendue. La première question est simple et très importante : que s'est-il passé ce jour-là avec la femme de chambre dans sa suite du Sofitel de New York ? DSK ne répondra pas. Il donne des termes minutieusement choisis pour qualifier les événements, mais n'explique pas concrètement ce qu'il s'est passé selon lui. Il n'a pas voulu le faire devant la Justice non plus, et a combattu la perspective d'un procès. Donc on ne connait toujours pas sa version des faits. On saura toujours que selon lui, sa "faute morale" n'était pas une agression. Quant à savoir ce que c'était réellement... DSK brandit le rapport du procureur pour affirmer avec force son innocence, le présentant dans un jour qui lui est très favorable, bien plus qu'en réalité.

La suite se transforme rapidement en une séquence surréaliste, où DSK pleure très longuement sur son propre sort. Gare à tous ceux qui ont osé lui poser des problèmes. Les journalistes postés devant chez lui, l'hebdomadaire L'Express, la justice américaine, le possible complot par on ne sait qui... Son accusatrice est évidemment traitée comme si elle était une espèce de sorcière avide, dont il peine à comprendre les motivations. Pourtant, ce fut sa partenaire d'un jour, et ce n'était donc pas une relation tarifée. Il semble s'étonner qu'elle puisse lui reprocher cette "relation inappropriée". C'est la même chose dans l'affaire Banon : il dit ce qu'il n'y a pas eu, pas ce qu'il y a eu. Comment s'explique-t-il qu'il ait été accusé à plusieurs reprises d'agression sexuelle ? On ne le sait pas, mais ce sera toujours des mensonges.

Il dit avoir fait du mal à son épouse, Anne Sinclair, et s'en vouloir. De toute façon, ce n'était pas la première fois. Mais on sent que pour lui, ce n'est pas ça le vrai drame. Le vrai drame, c'est qu'on est venu l'embêter pour sa "légèreté" avec les femmes. Il comptait se présenter à la présidentielle, malgré sa promesse d'aller au bout de son mandat de directeur du FMI. Il ne pourra pas, et il le regrette. Son "rendez-vous avec les Français" est manqué, à croire qu'à travers lui, la France est la grande perdante de cette affaire. Pour essayer de nous le faire sentir, il a été négocié avec TF1 que des questions sur l'économie soient posées. Cela lui permet de dire quelques banalités sur la crise de la zone euro, affirmant qu'il faut "couper les pertes", sans préciser ce qu'il entend par là.

DSK n'a pas annoncé son retrait de la vie politique. Au vu de cette interview, il croit toujours qu'il pourra retrouver l'aura dont il bénéficiait auparavant, que par un malheureux timing, il a manqué la présidentielle, mais qu'il pourra toujours être utile. Pourtant, le doute est toujours très présent sur son attitude. ce qu'il a fait aujourd'hui était un exercice de communication, et non un témoignage, une confession, ou même une explication. Contrairement à ce qu'il croit, le rapport du procureur ne l'a pas blanchi, et ce n'est pas en le répétant sur tous les tons que cela deviendra vrai.

Dans cette affaire, il s'est en fin de compte passé ce qu'on nous avait dit qu'il se passerait. Face à une telle accusation, étayée par des traces ADN, sa seule porte de sortie était de mettre en cause la crédibilité de la plaignante. DSK a donc embauché des détectives pour trouver des éléments permettant d'affirmer que c'est une menteuse. Ce sont ces éléments qui ont joué dans la décision de ne pas aller au procès. Entouré de la meilleure équipe possible, DSK s'en est sorti. Un autre n'aurait pas eu les mêmes atouts en main. Aujourd'hui, c'est celle qui a dénoncé une agression sexuelle qui est traitée de tous les noms, et qui est l'objet de la colère de l'ex directeur du FMI.

C'est donc à nouveau la confrontation du pot de terre contre le pot de fer, décrite par La Fontaine en son temps. "Ne nous associons qu'avecque nos égaux. / Ou bien il nous faudra craindre / Le destin d'un de ces Pots." DSK s'en sort, mais il regrette plus ce qu'il manquera qu'il n'est heureux de s'en sortir. Dans la primaire socialiste actuelle, il aurait du être le meilleur candidat. Il l'était déjà en 2006. Mais ses problèmes récurrents avec la gent féminine aura constitué son principal défaut, et ce vice seul suffit à immerger toutes ses qualités.

jeudi 8 septembre 2011

Le CV d'un présidentiable

L'ancienne candidate socialiste à la présidentielle Ségolène Royal vient de déclarer à propos de François Hollande, son ancien compagnon et lui-même candidat à la présidentielle : "Le point faible de François Hollande, c'est l'inaction. Est-ce que les Français peuvent citer une seule chose qu'il aurait réalisée en trente ans de vie politique ? Une seule ?" Elle n'a pas tort. Depuis trente ans au PS, député pendant une vingtaine d'années, premier secrétaire du Parti Socialiste pendant onze, il ne peut se targuer de rien. A la tête du PS, il manqua cruellement d'autorité, transformant un poste de leadership en une farce. Alors que le PS avait pris position pour le oui au référendum sur le Traité Constitutionnel Européen en 2005, il ne fit rien pour empêcher une partie de son partie faire campagne contre la position officielle. Il dut sa longévité qu'au fait qu'il représentait le plus petit dénominateur commun, ne représentant aucune menace pour les autres éléphants.

Il est tout de même préférable qu'un présidentiable ait un CV adéquat pour la fonction visée. On demandera ainsi aux candidats les plus importants qu'ils aient l'expérience nécessaire pour occuper un poste exécutif exigeant. Avant d'arriver à l'Elysée, Georges Pompidou fut Premier ministre, Valéry Giscard d'Estaing fut ministre des finances, François Mitterrand fut ministre de l'intérieur, puis de la justice, Jacques Chirac fut deux fois Premier ministre, et Nicolas Sarkozy fut ministre de l'intérieur, puis des finances. Chaque Président de la Ve République occupa donc des responsabilités éminentes avant de se présenter à la magistrature suprême. Cela a un double avantage : d'une part, de développer les compétences des personnes concernées, ensuite, pour l'électorat de pouvoir juger de sa performance à un poste à responsabilités.

A ce niveau-là, François Hollande n'a rien à présenter. Avoir été un mauvais premier secrétaire du Parti Socialiste ne parle pas non plus en sa faveur. Du reste, il n'est pas le seul dans cette situation. Arnaud Montebourg et Manuel Valls n'ont pas d'expérience ministérielle non plus. Et de fait, ils peinent à avoir la stature d'un présidentiable. Dans chaque pays, on demande certaines qualifications pour les candidats aux plus hautes responsabilités. Aux Etats-Unis par exemple, avoir été ou être gouverneur, sénateur ou vice-Président permet de rentrer dans le cercle des candidats potentiels. Au Royaume-Uni ou en Allemagne par exemple, être chef de parti suffit pour prendre la tête d'un gouvernement, mais avoir été ministre auparavant peut être un avantage pour arriver à cette position.

François Hollande a donc tout au plus la carrure d'un Premier ministre. A 57 ans, il réussit l'exploit d'apparaître comme une figure ancienne de la vie politique, sans pouvoir pour autant se prévaloir du moindre accomplissement. Si l'on veut vraiment un candidat inexpérimenté, autant en choisir un plus jeune et dynamique.

free hit counter