Réflexions en cours

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lundi 11 juin 2007

Entre les deux tours...

Après le premier tour des législatives, un certain nombre de mouvements sont déjà à remarquer. En premier lieu, celui de l'abstention record. Cela confirme le fait que les législatives sont devenues une simple répercussion des présidentielles. De nombreux commentateurs le déplorent. Pourtant, ce n'est pas un tord que l'Assemblée soit de la même couleur politique que le Président de la République. Il est vrai que Nicolas Sarkozy a une interprétation des institutions qui met en avant son poste dans la conduite du pays. Il n'entend pas se contenter des domaines réservées de la Présidence, et souhaite s'impliquer sur tous les dossiers importants. Cela ne veut pas dire pour autant que le Premier ministre n'a aucun rôle, en un mois, François Fillon n'est pas particulièrement apparu effacé. Mais il faut avouer que l'essentiel du débat a été mené pendant la campagne présidentielle, et qu'aujourd'hui, la question est surtout de donner une majorité pour permettre de rendre effectif le choix fait lors de l'élection présidentielle. Les députés de la majorité élue devront leur élection à celle du Président, ce qui les poussera à le soutenir... du moins jusqu'à que ce pose la question de leur réelection, qui leur donnera une vision différente de leur rôle. Il n'en reste pas moins que le choix de chacun d'entre eux compte. C'est pour cela que les législatives sont les élections les plus importantes après la présidentielle, et rien ne justifie que d'aussi nombreux Français s'absentent lors d'un scrutin national.

Parmi les évolutions recensées, la diminution des voix du Front National va dans la bonne voie. Certes, le mode de scrutin ne lui permet pas d'avoir de sièges à l'Assemblée Nationale. Mais le fait que de moins en moins de gens choisissent les mauvaises solutions aux questions qu'ils se posent rend optimiste. Le fait que Nicolas Sarkozy ait choisi de briser des tabous a rendu espoir à une partie de ceux qui s'étaient réfugiés dans la contestation extrémiste, et cela limite d'autant le pouvoir de nuisance que représente ce parti qui servait à donner mauvaise conscience à la droite, et à l'empêcher d'être au pouvoir. Il ne faut pour autant pas croire que le Front National est décimé à jamais, bien au contraire. Lorsque le Front National était passé par le schisme provoqué par Bruno Mégret, et que ses résultats aux élections européennes de 1999 étaient mauvais, il avait déjà été donné pour mort. Trois ans plus tard, Jean-Marie Le Pen était au second tour de la présidentielle.

Du côté de l'autre extrême, le Parti Communiste se tient mieux que ce que le résultat de Marie-George Buffet ne le laissait penser. Sa forte implantation locale sur quelques circonscriptions devrait lui permettre de garder un nombre notable de députés pour une formation qui appartient pourtant au passé. Pour ce qui est des autres mouvements d'extrême gauche, soit la LCR ou Lutte Ouvrière, ils ne cherchent même pas à obtenir le pouvoir ou une représentation institutionnelle, donnant la primeure à ce qu'ils appellent la "lutte sociale", soit la manifestation et la grêve par principe.

Le Mouvement Démocrate de François Bayrou aura moins de députés que n'en auront les communistes. C'est qu'il n'a pas d'aussi fortes implantations locales, et se refuse d'être l'allié de qui que ce soit. Cette voie qu'a choisi François Bayrou revient à refuser de fait de participer aux affaires. Les anciens députés qui étaient restés à l'UDF n'ont pour la plupart pas voulu le suivre dans cette voie, et François Bayrou se croit probablement trahi du fait que ses amis n'aient pas voulu "mourir" pour lui. Lui est probablement satisfait du chemin qu'il prend : à l'écart des grands partis, suffisamment pour mieux se faire passer pour l'alternative en 2012. Il espère que la stratégie mise en oeuvre entre 2002 et 2007 qui n'a pas fonctionné réussira mieux à l'issue des cinq prochaines années.

Le Parti Socialiste essaye mollement de faire campagne, d'une part en critiquant le gouvernement, d'autre part en voulant se faire passer comme une force d'opposition nécessaire qui doit être nombreuse à l'Assemblée pour être efficace. De toutes façons, il est difficile de faire campagne dans une telle situation, immédiatement après avoir été désavoué, et proposer un projet alternatif apparaîtrait probablement comme vain. Le Parti Socialiste devra néanmoins proposer des solutions alternatives à l'avenir plutôt que de se contenter de critiquer toute action du simple fait qu'il est dans l'oppostion. Le fait marquant de ces dernières semaines est surtout le fait que Ségolène Royal tente de s'impose de facto à la tête du PS, prenant des initiatives en son nom alors qu'elle n'en a aucun mandat, s'expriment depuis le siège du parti lors de la soirée des élections, ou essayant de contacter François Bayrou alors qu'elle n'est même pas candidate ou responsable. A ce rythme là, le Parti Socialiste n'aura pas l'opportunité de se poser la question des raisons de sa défaite avant que l'ancienne candidate devienne la candidate de la prochaine présidentielle. En continuant de s'appuyer sur une fraction aveuglement dévouée du Parti Socialiste, Ségolène Royal continue de croire à son destin, envers et contre tout, de façon presque forcée.

Enfin, l'UMP semble promise à une large victoire dimanche prochain. Et le gouvernement aura besoin d'une majorité large pour conduire ses réformes. Il ne faut pas croire que tout soit déjà joué pour autant, ce n'est qu'à l'issue des élections que les comptes pourront être fait. Pour les cinq prochaines années, il faut être exigeant et ambitieux. Il faut aussi s'en donner les moyens.

vendredi 1 juin 2007

Une majorité pour le gouvernement

Le gouvernement est désormais nommé, et depuis deux semaines a pu commencer à se mettre en action. Vu le nombre restreint de ministres, chacun aura fort à faire, surtout tenu compte du nombres de réformes à mettre en place, telles qu'elles étaient indiquées dans le programme de Nicolas Sarkozy. "Je dis ce que je ferai, et je ferai ce que j'ai dit" : telle était et reste l'axiome de l'action du nouveau Président. Chacun se met donc au travail sur les mesures les plus urgentes : Rachida Dati met au point la loi sur les peines planchers, Valérie Pécresse doit faire passer rapidement une loi sur l'autonomie des universités, Xavier Bertrand commence les négociations sur le service minimum, Eric Woerth prépare le prochain collectif budgétaire, Christine Lagarde annonce la position de la France en matière de politique d'échanges commerciaux, François Fillon rencontre à plusieurs reprises chaque syndicat et Nicolas Sarkozy voyage à travers l'Europe pour convaincre les autres pays de la nécessité d'un traité simplifié pour relancer la construction européenne. A vrai dire, avant même le déroulement des élections, l'UMP commençait déjà à écrire les morceaux de législations les plus pressants pour que l'on perde le moins de temps possible en cas de succès.

Mais bien évidemment, tout ce travail ne peut aboutir que si le gouvernement ait une majorité suffisante pour adopter les lois que présenteront les ministres. Il faut donc donner au gouvernement, et au Président, une majorité claire pour que le changement soit possible. Les réformes qui arriveront dans les prochains mois seront sans aucun doute difficiles à mettre en oeuvre : elles sont certes voulues par le peuple français, comme l'a montré l'élection nette de Nicolas Sarkozy, mais de nombreux mouvement "sociaux" corporatistes n'en émergeront pas moins, et l'on peut d'ores et déjà compter sur une impopularité qui survient mécaniquement lorsque des risques sont pris. Pour le moment, ce n'est certes pas encore la situation dans laquelle nous nous trouvons. L'état de grâce, période quasiment miraculeuse, semble dominer. Il faut d'autant plus en profiter. L'économiste Milton Friedman avait théorisé le fait qu'après les 100 premiers jours, tout devenait plus compliqué et les tentatives de réformes étaient plus incertaines. Contrairement à Jacques Chirac qui voulait donner du temps au temps, Nicolas Sarkozy désire que les chantiers soient tous lancés dès le départ, pour faire un électrochoc. Le gouvernement peut déjà commencer à négocier les réformes avec les partenaires sociaux, pour que les lois soient prêtes à l'arrivée de la nouvelle Assemblée.

Si l'on peut être optimiste sur l'issue des prochaines élections législatives, il n'en faut pas moins rester mobilisé pour qu'il y ait vraiment une majorité présidentielle, et évidemment, qu'elle soit la plus forte possible. Une victoire nette de la droite pourrait favoriser une redistribution des cartes au sein de la gauche. Celle est nécessaire : François Hollande et Ségolène Royal ne représentent pas une alternative crédible à Nicolas Sarkozy, et il faut veiller qu'un échec de la droite ne puisse signifier automatiquement un échec de la France. Car au vu de la campagne législative, au niveau de la gauche, ce que l'on nous promet est une opposition pavlovienne, mécanique et caricaturale. La France mérite une bien meilleure gauche que celle là. Il y a en fait un double enjeu : d'une part permettre le succès de l'action du gouvernement en lui donnant la majorité parlementaire dont il a besoin, et mettre de côté la partie du PS qui tire le pays vers le bas. A ce titre, les élections législatives qui arrivent dans une semaine sont loin d'être mineures.

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