Le gouvernement est désormais nommé, et depuis deux semaines a pu commencer à se mettre en action. Vu le nombre restreint de ministres, chacun aura fort à faire, surtout tenu compte du nombres de réformes à mettre en place, telles qu'elles étaient indiquées dans le programme de Nicolas Sarkozy. "Je dis ce que je ferai, et je ferai ce que j'ai dit" : telle était et reste l'axiome de l'action du nouveau Président. Chacun se met donc au travail sur les mesures les plus urgentes : Rachida Dati met au point la loi sur les peines planchers, Valérie Pécresse doit faire passer rapidement une loi sur l'autonomie des universités, Xavier Bertrand commence les négociations sur le service minimum, Eric Woerth prépare le prochain collectif budgétaire, Christine Lagarde annonce la position de la France en matière de politique d'échanges commerciaux, François Fillon rencontre à plusieurs reprises chaque syndicat et Nicolas Sarkozy voyage à travers l'Europe pour convaincre les autres pays de la nécessité d'un traité simplifié pour relancer la construction européenne. A vrai dire, avant même le déroulement des élections, l'UMP commençait déjà à écrire les morceaux de législations les plus pressants pour que l'on perde le moins de temps possible en cas de succès.

Mais bien évidemment, tout ce travail ne peut aboutir que si le gouvernement ait une majorité suffisante pour adopter les lois que présenteront les ministres. Il faut donc donner au gouvernement, et au Président, une majorité claire pour que le changement soit possible. Les réformes qui arriveront dans les prochains mois seront sans aucun doute difficiles à mettre en oeuvre : elles sont certes voulues par le peuple français, comme l'a montré l'élection nette de Nicolas Sarkozy, mais de nombreux mouvement "sociaux" corporatistes n'en émergeront pas moins, et l'on peut d'ores et déjà compter sur une impopularité qui survient mécaniquement lorsque des risques sont pris. Pour le moment, ce n'est certes pas encore la situation dans laquelle nous nous trouvons. L'état de grâce, période quasiment miraculeuse, semble dominer. Il faut d'autant plus en profiter. L'économiste Milton Friedman avait théorisé le fait qu'après les 100 premiers jours, tout devenait plus compliqué et les tentatives de réformes étaient plus incertaines. Contrairement à Jacques Chirac qui voulait donner du temps au temps, Nicolas Sarkozy désire que les chantiers soient tous lancés dès le départ, pour faire un électrochoc. Le gouvernement peut déjà commencer à négocier les réformes avec les partenaires sociaux, pour que les lois soient prêtes à l'arrivée de la nouvelle Assemblée.

Si l'on peut être optimiste sur l'issue des prochaines élections législatives, il n'en faut pas moins rester mobilisé pour qu'il y ait vraiment une majorité présidentielle, et évidemment, qu'elle soit la plus forte possible. Une victoire nette de la droite pourrait favoriser une redistribution des cartes au sein de la gauche. Celle est nécessaire : François Hollande et Ségolène Royal ne représentent pas une alternative crédible à Nicolas Sarkozy, et il faut veiller qu'un échec de la droite ne puisse signifier automatiquement un échec de la France. Car au vu de la campagne législative, au niveau de la gauche, ce que l'on nous promet est une opposition pavlovienne, mécanique et caricaturale. La France mérite une bien meilleure gauche que celle là. Il y a en fait un double enjeu : d'une part permettre le succès de l'action du gouvernement en lui donnant la majorité parlementaire dont il a besoin, et mettre de côté la partie du PS qui tire le pays vers le bas. A ce titre, les élections législatives qui arrivent dans une semaine sont loin d'être mineures.