A peine les mid-terms elections étaient elles passées lors de l'automne dernier que le principal sujet de politique intérieure américaine devint la présidentielle suivante, devant se dérouler en novembre 2008. A environ un an et demi de l'échéance, la course commence à être déjà bien entamée. Avant les mid-terms, la question était déjà un sujet de spéculation. Dès qu'elles se furent achevées, elle ne relevat plus du tabou trop précoce, au contraire, alors que les journalistes ne se préoccuppaient plus que de cela. Les candidats ont alors commencé à suivre les étapes consacrées de la course. D'abord en lançant des comités exploratoires, pour préparer la candidature. Puis, les déclarations de candidatures se sont rapidement enchaînées au début de l'année 2007. L'idée est de pouvoir se lancer dans les nécessaires levées de fond pour pouvoir se constituer un trésor de guerre à utiliser pendant les étapes coûteuses des primaires, où des écrans publicitaires sont achetées dans les Etats clés. Ainsi, la principale mesure des avancées de chacun réside dans les déclarations trimestrielles de fundraising. Après tout, c'était de cette façon que Bill Clinton avait gagné les primaires en 1992 : en se concentrant d'abord massivement sur le fundraising, qui lui permettrais de ne pas être à sec au moment crucial par la suite. Mais cela n'est pas tout : il s'agit aussi de se constituer une base militante, de créer des têtes de pont dans les importants Etats de l'Iowa et du New Hampshire et de s'imposer parmi les candidats les plus en vus pour que l'on soit très reconnu de l'électorat. Plusieurs débats entre candidats de chaque camp ont déjà commencé sur les chaînes d'information américaines. A ce niveau de la course, certains candidats comme Al Gore ou Newt Gingrich peuvent encore y entrer. Tom Vilsack l'a déjà quittée après s'être lancé, faute de perspectives favorables. A l'automne, les candidats pourront commencer la campagne intensive dans les Etats dont les primaires arrivent le plus tôt. Au début de 2008, les candidats viables se détacheront nettement, et il n'en restera qu'un par parti dès le printemps. A partir de l'été commence la campagne entre républicains et démocrates.

Du côté de ces derniers, cela se joue actuellement d'abord entre Hillary Clinton et Barack Obama. L'ex-Première Dame est la favorite, mais elle a de très nombreux ennemis, tant du côté des anti-guerres que des républicains qui ne lui ont pas pardonné son plan de sécurité sociale de 1993. De son côté, Barack Obama s'est lancé, fort d'une grande popularité. Alors qu'il a la faveur des médias, il apparait pourtant jeune et surtout peu expérimenté pour une telle fonction. Ils sont suivis de John Edwards, l'ancien candidat à la vice-présidence qui tente une candidature anti-système et assez libérale, puis de Bill Richardson, le gouverneur du Nouveau Mexique qui lui a de l'expérience à revendre dans tous les domaines. Viennent enfin de nombreux petits candidats très respectables pour la plupart, mais aux chances limités. Ce sont par exemple les sénateurs Joe Biden et Christopher Dodd.

Chez les républicains, les primaires semblent se jouer actuellement entre trois candidats : John McCain, l'une des plus importantes figures du sénat depuis sa candidature remarquée en 2000, Rudy Giuliani l'ancien maire de New York au moment du 11 septembre 2001, et Mitt Romney, le gouverneur du Massachussets aux multiples succès personnels, mais qui attire la curiosité du fait qu'il est mormon. Après tout, son père avait également été candidat en son temps, mais la candidature de Mitt Romney apparait comme bien plus sérieuse, dans la mesure où ses performances en matière de fundraising sont particulièrement notables pour un relatif inconnu. Il a même déjà commencé à diffuser des publicités en sa faveur sur les chaînes du câble. Pendant ce temps, Rudy Giuliani bénéficie d'excellents sondages... s'il obtient l'investiture, ce qui n'est pas gagné vu ses positions assez libérales en matières de moeurs. Quant à John McCain, son soutien répété de la guerre et son âge l'handicapent fortement alors qu'il était autrefois considéré comme le favori. Il y a aussi Mike Huckabee, un enthousiaste gouverneur de l'Arkansas, comme le fût Bill Clinton en son temps... et il y a même un acteur de série télévisée, en la personne de Fred Thompson

Actuellement, au vu des difficultés de George Bush et de son popularité abyssale, les démocrates apparaissent comme ceux qui ont le plus de chance d'accéder à la Maison Blanche. Un ticket Hillary Clinton/Barack Obama pourraît être séduisant pour beaucoup, même si trop novateur. Il n'y a de toutes façons, et c'est une évidence, aucun candidat sans point faible. A la lumière de l'élection de 2004, on peut s'attendre à une campagne très dure, et chacun de ces points faibles sera exploité sans pitié au profit du camp adverse. Les Etats-Unis ont de toutes façons d'ores et déjà trop souffert de huit années de présidence de George Bush, et ce sera difficile de faire pire à vrai dire.