La semaine dernière, Tony Blair assistait à son dernier sommet du G8. Le Premier ministre britannique sera en effet remplacé par son ministre des finances, Gordon Brown, à qui le poste était réservé depuis la conclusion d'un accord d'ambitions entre les deux hommes dans les années 90. Tony Blair s'en va alors qu'il est de plus en plus impopulaire, mais il est possible que son successeur ne le soit pas vraiment davantage. Gordon Brown est tout aussi comptable du bilan des travaillistes, et le parti apparaît usé aujourd'hui, même s'il n'a pas démérité sur le plan intérieur. Alors que Gordon Brown n'apparaît comme un renouvellement, il sera encore moins facile de travailler avec lui sur la construction européenne, vu qu'il est réputé pour être plus eurosceptique que son prédécesseur. Certes, la situation serait pire avec les tories, mais l'ensemble n'est pas vraiment enthousiasmant, surtout que la politique irakienne ne sera probablement pas remise en cause. En outre, il se trouve qu'il est Ecossais, et que de nombreux Anglais sont réticents à l'idée qu'ils soient dirigés par quelqu'un qui vienne d'une région qui cherche à prendre de plus en plus ses distances avec l'Angleterre.

En fait, le fait que l'Ecosse puisse être un jour indépendante relève désormais du domaine du possible. Lors des récentes élections pour le parlement écossais, les indépendantistes ont reçu le plus de sièges. Leur leader, Alex Salmond, souhaite organiser un référendum sur la révision de l'Acte d'Union de 1707. Car, à la différence de l'Irlande, l'Ecosse n'est pas sous domination anglaise. La Grande Bretagne allie ces provinces avec leur accord. L'Ecosse peut devenir indépendante légalement si elle le souhaite. Certes, il y aurait de très nombreuses difficultés administratives. Mais l'Ecosse dispose déjà d'une bonne dose d'autonomie, et elle imagine pouvoir entrer facilement dans l'Union Européenne pour avoir un cadre, un support. L'euro serait naturellement la monnaie écossaise. Seulement l'adhésion n'est plus aussi simple de nos jours, vu que les Français ont décidé d'approuver chaque nouvelle adhésion par référendum (grâce à la perspective de la question turque). Cela rend tout de suite les choses moins évidentes...

De son côté, les Anglais ne seraient pas forcément fâchés de voir l'Ecosse voler de ses propres ailes. Un certain ressentiment existe envers cette région qui est accusée d'être un puits à subventions nationales, et de peser sur l'économie du Royaume-Uni. Il reste étonnant tout de même que les sentiments nationalistes soient aussi forts en Europe occidentale, qu'on en est encore à vouloir créer de nouveaux pays, lorsque ceux qui prévalent actuellement ne sont déjà pas d'une taille démesurée. Il n'est d'ailleurs pas certains que les autres pays d'Europe soient enchantés de devoir faire face à un nouveau pays, alors que les micro-pays sont déjà de mise dans les Balkans. Quant à Gordon Brown, ces mouvements électoraux sont une mauvaise nouvelle pour lui. D'une part car ils le mettent dans une situation bancale entre son terroir et son poste. D'autre part car l'Ecosse, avant d'être en majorité relative pro-indépendantiste, était surtout une terre favorable aux travaillistes. Pour les prochaines élections générales de 2008, il n'est plus certain qu'elle leur apporte une grande réserve de voix. Et l'usure du Labour fait que ces élections sont déjà prévues comme difficile pour le parti de Gordon Brown. Il peut d'ores et déjà s'attendre à une bataille rude.