Au cours du sommet européen qui vient de s'achever, une décision prise par le Conseil de l'Europe n'a pas attiré l'attention tellement elle était attendue : Malte et Chypre se sont vus accordés la possibilité d'adopter l'euro comme monnaie, ce qui sera fait le 1er janvier 2008. Ces deux îles de la Méditerrannée sont certes de tailles modestes, mais leurs économies sont fortes et leur engagement pro-européen constant. Lorsque l'on s'adresse à elles, on est sûr de ne pas faire face à des pays eurosceptiques enclins à bloquer la construction européenne. Le passage à l'euro est en fin de compte le symbole de cette volonté de s'accrocher à l'Europe. Mais malgré cette adhésion forte au projet européen, Malte ne se sent pas reconnu en retour, dans la mesure où l'île se sent bien peu aidée par les autres pays de l'Union Européenne dans un dossier qui les concerne pourtant également, et qui est devenu l'un des principaux sujets de débat des Maltais. La question de l'immigration clandestine se pose en effet avec force à Malte : de par sa proximité avec la Lybie, Malte se doit de recueillir les clandestins qui traversent par bateaux la Méditterrannée en espérant rejoindre les pays d'Europe continentale en raison de ses engagements envers les droits de l'homme. Seulement, l'afflux est tel que les centres d'accueil maltais ont rapidement été débordés, et le nombre d'immigrants a des répercussions démographiques visibles. Ainsi, ils représentent désormais l'équivalent de la moitié des naissances de l'île dans la croissance démographique, alors qu'elle n'est pas préparée pour cela. Il faut dire Malte est une île vraiment petite, et contrairement au Canaries qui envoient leurs immigrés dans la métropole espagnole, son territoire s'arrête à ses côtes.

Voilà pourquoi Malte demande l'aide du reste de l'Union Européenne pour prendre en charge une partie du problème avec elle. Il faut dire que la situation devient grave là bas, certains habitants parlant même d'"invasion", la vigueur du mouvement entraînant des sentiments xénophobes vis-à-vis des nouveaux venus imprévus. C'est ainqi que Malte souhaite que ses voisins européens accueillent eux aussi les clandestins qui arrivent à Malte. Bien évidemment, ces autres pays d'Europe sont très réticents à accueillir les clandestins de Malte, alors qu'ils ont déjà fort à faire avec ceux qui sont déjà sur leurs territoires. Malte regrette de ce fait le manque de solidarité envers elle. Pourtant il peut difficilement être question pour les autres pays d'Europe de régulariser les immigrants arrivés à Malte. Ce serait une prime à l'irrégularité, et de plus ce type de décisions est de nature à favoriser les tensions intérieures. Une autre demande de Malte est plus réalisable : accomplir des raccompagnements communs dans les pays d'origine.

Néanmoins, tous ces dilemmes ne sont que la conséquence d'un thème plus vaste, celui des migrations de l'Afrique vers l'Europe. Celles-ci sont difficiles, et leurs chances de succès sont limitées. Plutôt que de chercher de façon presque illusoire la fortune en Europe, la jeunesse africaine doit chercher à créer les conditions propices au développement sur son territoire. A l'heure actuelle, seule l'Afrique parait déséspérée et peu optimiste quant à sa faculté de se développer. Il n'y a pourtant aucune fatalité. Le continent souffre de plusieurs maux qui ne sont pas destinés à exister éternellement. Il est d'une part ravagé par les guerres. D'autre part, les pays d'Afrique sont nombreux à connaître des situations démographiques difficiles : la pyramide des âges est déséquilibrée par sa jeunesse, et les villes enflent au delà de toute raison. Des politiques peuvent être envisagées pour le progrès. Le tabou du contrôle des naissances doit ainsi être levé. Certes, cela implique des changements culturels importants, mais pour ceux qui sont prêts à risquer leur vie pour passer d'une misère à une autre, il faut mettre un tel courage dans ces domaines. Quant à Malte, l'île doit être soutenue dans la protection de ses frontières : après tout, les frontières de chaque pays forment les frontières de l'Europe.