Après son échec aux dernières élections, la gauche retourne réflechir aux raisons de sa défaite. Des expressions comme "il faut refonder la gauche" refont leur apparition, pour signifier qu'elle a manqué quelque chose aux évolutions de la société, qu'elle n'est plus adaptée aux défis actuels. A vrai dire, c'est une évidence. La gauche ne peut plus continuer comme actuellement. La question se posait d'ailleurs dans les mêmes termes en 2002, après l'élimination directe de Lionel Jospin à l'élection présidentielle. Le jeu délicat des motions, des synthèses, des consultations internes qui font le quotidien du Parti Socialiste ont permis de ne rien refonder du tout, et la gauche en est au même point qu'il y a cinq ans. Cela n'a pu que jouer dans sa défaite. Alors que le PS lance le débat pour "réactualiser le logiciel" aux milieux d'amertumes et luttes de personnes, on peut penser que le moment le plus propice pour mener de telles réflexions est quand il n'est pas déjà trop tard. En l'occurrence, pour la droite, il peut être nécessaire de commencer dès maintenant la réflexion qui lui permettra de construire le projet de société de dans cinq ans. Le fait d'être majoritaire apporte un cadre opportunément serein pour penser la façon dont il faut bâtir un mouvement politique en forme pour 2012. Avant que les conflits personnels et les contingences quotidiennes reprennent le dessus, il y a une fenêtre pour mettre ses idées au clair.

Pour cela, plusieurs étapes peuvent être envisagées. D'abord, il s'agit de faire l'état des lieux de chacune des composantes qui forment la droite et le centre droit. Dans ce cadre il est difficile d'ignorer les analyses de René Rémond en la matière. Il avait identifié trois courants qui cohabitaient au sein de la droite française, jusqu'à les appeler "les droites". Il s'agit des orléanistes, des bonapartistes et des légitimistes. Ces forces ont bien sûr évolué à travers le temps, mais ce ne sont plus les seules qui se situent de ce côté de l'échiquier politique désormais. A ce titre, les radicaux ou les chrétiens-démocrates forment désormais le centre droit, étant constamment rejetés à droite par l'apparition de nouveaux partis politiques d'extrème gauche. Une fois cet état des lieux, l'on pourra s'intéresser à ce qu'il se passe à l'étranger, où les mouvements politiques peuvent avoir des natures très différentes. Enfin certains traits du mouvement à construire pourront être tracés, en fonction des chantiers à mener. Il n'est donc pas trop tôt pour commencer la réflexion.

Photo : L'Express