Réflexions en cours

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jeudi 23 avril 2009

L'absentéisme des députés

Le rejet de la loi "Hadopi" par l'Assemblée Nationale fut une surprise. Cette loi était la suite du rapport Olivennes visant à mettre fin au non respect des droits d'auteur sur Internet, mais son parcours législatif avait d'ores et déjà été des plus difficiles. La pertinence des propositions était il est vrai bien incertaine. Rejeté par de nombreux internautes, combattu férocement par l'opposition, sujette aux doutes de nombreux parlementaires de la majorité, notamment vis-à-vis du dispositif de "réponse gradué", il n'était pourtant pas question d'un rejet pur et simple en assemblée plénière alors que le texte était soutenu par le gouvernement et la majorité parlementaire. Avec 21 voix contre face à 15 voix pour, ce rejet eu pourtant lieu. Les responsables de l'UMP, tels que Jean-François Copé ou Roger Karoutchi, s'en sont pris à des "manoeuvres" socialistes, notamment le fait qu'une petite réserve de députés de gauche s'étaient cachés en coulisse pour apparaître juste au moment du vote. Cette défense est particulièrement pathétique : le président du groupe UMP et le secrétaire d'Etat aux relations au Parlement doivent bien savoir que les décisions sont prises à la majorité, et qu'en conséquence, pour pouvoir l'emporter, il faut être plus nombreux que ses adversaires. Les députés de l'UMP ne peuvent s'en prendre qu'à eux-mêmes : ils auraient du être présents en plus grand nombre. Avec seulement 15 députés de présent sur plus de 300, la question de l'absentéisme des députés ne qu'être évoqué.

Le Parti Socialiste n'est pas beaucoup plus exemplaire dans cette affaire. 21 députés sur plus de 220, cela fait plus de 90 % d'absents, sur un texte pourtant jugé important. Il y a une dizaine d'années, lorsque la gauche était au pouvoir, cette situation s'était également produite, lorsque la droite fit échouer l'adoption du PACS grâce à une très faible présence de la majorité dans l'hémicycle. De manière générale, en dehors des séances de question au gouvernement retransmises sur une grande chaîne nationale, l'hémicycle est souvent très peu rempli. Lorsqu'on leur pose la question du vide à l'Assemblée Nationale, les députés répondent souvent qu'il faut aussi s'occuper du travail en commission. Si seulement... Beaucoup de publicité est accordé aux commissions, mais l'absentéisme y est le même que dans l'hémicycle. En prenant les deux en compte, on ne fait que démontrer cet absentéisme massif. Une bonne partie des députés ne vient siéger et travailler que le mardi et le mercredi, puisqu'ils sont là pour les séances de question au gouvernement, et ils sont prompts à s'enfuir pour faire autre chose. Cela peut être l'exercice de leur ancienne profession (notamment pour les professions libérales), mais aussi pour s'occuper du "travail sur le terrain".

Il ne s'agit que marginalement de s'occuper des permanences, mais bien dans la plupart des cas de s'affairer à son mandat local : maire, président d'agglomération, président de conseil général, président de conseil régional, les occasions ne manquent pas. Lorsque l'on est parlementaire et responsable d'une collectivité locale, l'une de ces deux fonctions est presque toujours négligée. Et la plupart du temps, cela tombe sur celle de parlementaire, puisque le contrôle de ce travail est plus difficile, alors qu'il est important d'être souvent vu dans sa circonscription. Voilà pourquoi les députés défendent le cumul des mandats de façon si enthousiaste, alors qu'aucun autre pays occidental ne le pratique, et écartent systématiquement les critiques quant à leur absentéisme. La fonction de parlementaire n'est plus vue que comme un moyen d'obtenir des avantages pour sa collectivité locale, la participation à la construction de la politique de la France est oubliée. Et lorsque, comme sur Hadopi, les effets de cet absentéisme se font sentir de la manière la plus cinglante, il ne reste plus aux députés que des excuses pathétiques. Mais comment peuvent-ils s'étonner ensuite, de la désaffection du peuple pour la politique, et de participations bien faibles aux élections ?

mardi 14 avril 2009

Le manque d'égards du Parti Socialiste pour l'Europe

Il y a au moins un député européen socialiste en campagne actuellement. Benoît Hamon est à la fois porte-parole du Parti Socialiste et candidat aux européennes dans la région Ile de France. Il est donc tout indiqué pour expliquer aux électeurs les position de son parti sur les sujets européens. Invité sur RTL la semaine dernière, il répondit à une question sur la candidature turque :

"L'Union européenne est un grand marché intérieur. C'est d'abord une union économique et je ne vois pas de raison à ce qu'un marché comme le marché turc, et un pays comme la Turquie, ne rejoignent pas cette grande union économique."

Sur Europe 1, ce matin, il mit en avant l'argument du vote sanction pour défendre les listes socialistes aux européennes. L'idée est de profiter de ce scrutin pour sanctionner Nicolas Sarkozy et la gestion du gouvernement.

Si Benoît Hamon enchaîne donc les apparitions médiatiques, ses propos révèlent une conception bien peu ambitieuse du projet européen. L'Union Européenne est ainsi ravalée au rang de zone de libre échange, et les élections du Parlement Européen deviennent une bonne occasion de continuer le jeu politique national. C'est d'une certaine façon cohérent : si l'Union Européenne ne sert qu'à permettre du libre échange, l'élection de députés européens devient alors anecdotique, et l'on est alors obligé de parler d'autre chose pour justifier le vote en sa faveur. Après tout, le vote sanction a déjà permis au Parti Socialiste d'obtenir de nombreux succès aux élections locales en évitant les références aux enjeux locaux. Il y a cinq ans, les élections européennes avaient déjà été parasitées de la sorte. L'Europe ne s'en porte pas mieux, mais cela permet au Parti Socialiste d'avoir des élus tout en ayant l'illusion d'être populaire.

C'est néanmoins bien triste et très décevant de la part d'un Parti qui est censé être un partisan convaincu de la construction européenne. Que ce soit un opposant au Traité Constitutionnel Européen en la personne de Benoît Hamon qui représente principalement les socialistes en matière d'Europe est profondément décourageant. De telles considérations sont au mieux négligentes, au pire eurosceptiques. L'Europe mériterait davantage d'égards de la part du Parti Socialiste...

vendredi 3 avril 2009

Trois Français au G20

Le sommet du G20 qui vient de s'achever à Londres a été considéré comme une réussite non seulement par les participants, mais aussi par les commentateurs. Très souvent, les réunions internationales de ce type sont l'occasion de créer des compromis tellement mous qu'ils ne satisfont personne, même s'il est difficile de les désavouer dans la mesure où chacun en est un peu responsable. A Londres, des compromis ponctuels ont également du être faits, mais le succès en question vient surtout du fait qu'à peu près tous les intervenants étaient globalement d'accord sur le fond avant même de se retrouver. A savoir : la crise économique mondiale est d'une gravité extrême, les différents participants doivent faire en sorte qu'elle soit la plus courte possible, notamment en favorisant activement la relance et en recréant les conditions de la confiance, et enfin, le système financier mondial devra être à l'avenir davantage régulé.

La violence de la crise et la stupidité avec laquelle elle est née a permis à chacun de bien se rendre compte qu'il y avait un problème grave qui ne saurait être nié. La crise ne remet pas en cause le capitalisme, seulement l'idée selon laquelle celui-ci devrait voir une dérégulation financière sans limite. La mondialisation n'est ici pas à la faute. Les Etats-Unis ont ainsi obtenu sans peine une condamnation du protectionnisme. L'Organisation Mondiale du Commerce n'a pas eu à ce sommet à défendre le libre échange. Le directeur de l'OMC, Pascal Lamy, fut donc le moins en vu des trois français qui étaient présents au premier rang de ce sommet. Même si chacun des trois était venu défendre un point de vue différent, ce chiffre met quand même une certaine influence de la part des Français sur les évolutions mondiales.

Ce n'est d'ailleurs pas étonnant, dans la mesure où ce fut le Président français, Nicolas Sarkozy, qui avait le premier voulu un tel rassemblement pour permettre une réponse mondiale face à la crise, et ce, alors que Barack Obama n'était pas encore élu et que lui assurait la Présidence de l'Union Européenne. Il n'avait pas hésité à s'inviter à Washington pour inciter George Bush à participer à une rencontre plus vaste que le G8, en tenant compte des plus importants pays en développement tels que l'Inde ou le Brésil. En tandem avec Angela Merkel, il a su orienter les débats sur la nécessité de régulations, considérant que des orientations devaient être prises maintenant au risque d'oublier de le faire une fois le plus dur passer. Il a également réussi à se mettre d'accord avec les Etats-Unis sur la question des montants à allouer à la relance : si l'Allemagne et la France n'auront pas à lancer un nouveau plan de relance immédiatement du fait du rôle des stabilisateurs automatiques, les deux pays participeront avec les autres pays développés à la très forte augmentation des moyens du FMI.

Ce sont ainsi des centaines de milliards de dollars supplémentaires que le FMI pourra prêter aux pays en difficultés. L'institution aura également le premier rôle à jouer dans le cadre de la régulation et dans l'élimination des actifs toxiques. A ce moment où le monde a particulièrement besoin du FMI, c'est une chance que de pouvoir compter sur un homme de la stature de Dominique Strauss-Kahn, celui qui est à sa tête, et troisième français présent au G20. Ses compétences économiques et son savoir faire en matière de relations internationales seront sollicités pour permettre un retour le plus rapide possible à la confiance et à la croissance. S'il réussit les missions qui lui sont confiées, il y gagnera sans nul doute une gloire nouvelle, et la reconnaissance du plus grand nombre. Ce sera un peu lui l'exécuteur des volontés de la communauté mondiale.

Evidemment, le sommet du G20 ne réglera rien dans l'immédiat. Mais l'on peut au moins se réjouir du bon départ qu'il a permis, qui devra être relayé par chacun dans les mois à venir.

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