Le sommet du G20 qui vient de s'achever à Londres a été considéré comme une réussite non seulement par les participants, mais aussi par les commentateurs. Très souvent, les réunions internationales de ce type sont l'occasion de créer des compromis tellement mous qu'ils ne satisfont personne, même s'il est difficile de les désavouer dans la mesure où chacun en est un peu responsable. A Londres, des compromis ponctuels ont également du être faits, mais le succès en question vient surtout du fait qu'à peu près tous les intervenants étaient globalement d'accord sur le fond avant même de se retrouver. A savoir : la crise économique mondiale est d'une gravité extrême, les différents participants doivent faire en sorte qu'elle soit la plus courte possible, notamment en favorisant activement la relance et en recréant les conditions de la confiance, et enfin, le système financier mondial devra être à l'avenir davantage régulé.

La violence de la crise et la stupidité avec laquelle elle est née a permis à chacun de bien se rendre compte qu'il y avait un problème grave qui ne saurait être nié. La crise ne remet pas en cause le capitalisme, seulement l'idée selon laquelle celui-ci devrait voir une dérégulation financière sans limite. La mondialisation n'est ici pas à la faute. Les Etats-Unis ont ainsi obtenu sans peine une condamnation du protectionnisme. L'Organisation Mondiale du Commerce n'a pas eu à ce sommet à défendre le libre échange. Le directeur de l'OMC, Pascal Lamy, fut donc le moins en vu des trois français qui étaient présents au premier rang de ce sommet. Même si chacun des trois était venu défendre un point de vue différent, ce chiffre met quand même une certaine influence de la part des Français sur les évolutions mondiales.

Ce n'est d'ailleurs pas étonnant, dans la mesure où ce fut le Président français, Nicolas Sarkozy, qui avait le premier voulu un tel rassemblement pour permettre une réponse mondiale face à la crise, et ce, alors que Barack Obama n'était pas encore élu et que lui assurait la Présidence de l'Union Européenne. Il n'avait pas hésité à s'inviter à Washington pour inciter George Bush à participer à une rencontre plus vaste que le G8, en tenant compte des plus importants pays en développement tels que l'Inde ou le Brésil. En tandem avec Angela Merkel, il a su orienter les débats sur la nécessité de régulations, considérant que des orientations devaient être prises maintenant au risque d'oublier de le faire une fois le plus dur passer. Il a également réussi à se mettre d'accord avec les Etats-Unis sur la question des montants à allouer à la relance : si l'Allemagne et la France n'auront pas à lancer un nouveau plan de relance immédiatement du fait du rôle des stabilisateurs automatiques, les deux pays participeront avec les autres pays développés à la très forte augmentation des moyens du FMI.

Ce sont ainsi des centaines de milliards de dollars supplémentaires que le FMI pourra prêter aux pays en difficultés. L'institution aura également le premier rôle à jouer dans le cadre de la régulation et dans l'élimination des actifs toxiques. A ce moment où le monde a particulièrement besoin du FMI, c'est une chance que de pouvoir compter sur un homme de la stature de Dominique Strauss-Kahn, celui qui est à sa tête, et troisième français présent au G20. Ses compétences économiques et son savoir faire en matière de relations internationales seront sollicités pour permettre un retour le plus rapide possible à la confiance et à la croissance. S'il réussit les missions qui lui sont confiées, il y gagnera sans nul doute une gloire nouvelle, et la reconnaissance du plus grand nombre. Ce sera un peu lui l'exécuteur des volontés de la communauté mondiale.

Evidemment, le sommet du G20 ne réglera rien dans l'immédiat. Mais l'on peut au moins se réjouir du bon départ qu'il a permis, qui devra être relayé par chacun dans les mois à venir.