Il y a au moins un député européen socialiste en campagne actuellement. Benoît Hamon est à la fois porte-parole du Parti Socialiste et candidat aux européennes dans la région Ile de France. Il est donc tout indiqué pour expliquer aux électeurs les position de son parti sur les sujets européens. Invité sur RTL la semaine dernière, il répondit à une question sur la candidature turque :

"L'Union européenne est un grand marché intérieur. C'est d'abord une union économique et je ne vois pas de raison à ce qu'un marché comme le marché turc, et un pays comme la Turquie, ne rejoignent pas cette grande union économique."

Sur Europe 1, ce matin, il mit en avant l'argument du vote sanction pour défendre les listes socialistes aux européennes. L'idée est de profiter de ce scrutin pour sanctionner Nicolas Sarkozy et la gestion du gouvernement.

Si Benoît Hamon enchaîne donc les apparitions médiatiques, ses propos révèlent une conception bien peu ambitieuse du projet européen. L'Union Européenne est ainsi ravalée au rang de zone de libre échange, et les élections du Parlement Européen deviennent une bonne occasion de continuer le jeu politique national. C'est d'une certaine façon cohérent : si l'Union Européenne ne sert qu'à permettre du libre échange, l'élection de députés européens devient alors anecdotique, et l'on est alors obligé de parler d'autre chose pour justifier le vote en sa faveur. Après tout, le vote sanction a déjà permis au Parti Socialiste d'obtenir de nombreux succès aux élections locales en évitant les références aux enjeux locaux. Il y a cinq ans, les élections européennes avaient déjà été parasitées de la sorte. L'Europe ne s'en porte pas mieux, mais cela permet au Parti Socialiste d'avoir des élus tout en ayant l'illusion d'être populaire.

C'est néanmoins bien triste et très décevant de la part d'un Parti qui est censé être un partisan convaincu de la construction européenne. Que ce soit un opposant au Traité Constitutionnel Européen en la personne de Benoît Hamon qui représente principalement les socialistes en matière d'Europe est profondément décourageant. De telles considérations sont au mieux négligentes, au pire eurosceptiques. L'Europe mériterait davantage d'égards de la part du Parti Socialiste...