D'ici un an, la campagne présidentielle aura commencé, et déjà les sondages commencent à tomber. Il ne s'agit plus des baromètres d'opinion pour nous dire qui est populaire et qui ne l'est pas, mais bien de résultats sur des confrontations hypothétiques. Et là, on apprend que le Président sortant serait battu par des scores énormes. Il y a quelques semaines, Dominique Strauss-Kahn battait Nicolas Sarkozy avec 62 % du vote contre 38 %, maintenant on en est à 64 % contre 36 %. Au rythme où en est, le candidat de la gauche aura plus de voix au second tour que Jacques Chirac en 2002. Et d'ailleurs, nombreux sont ceux à pronostiquer un 21 avril à l'envers, où Nicolas Sarkozy n'arriverait pas au second tour, dépassé par une Marine Le Pen qui a actuellement le vent en poupe médiatiquement parlant. La multiplication des candidatures centristes feraient le même effet que les candidatures de gauche avec Lionel Jospin. Nicolas Sarkozy lui-même ne trouverait plus faveur auprès de grand monde.

Car on est dans une séquence où il est de bon ton de s'en prendre à lui, lui qui fut considéré à tort ou à raison comme un champions des médias lorsqu'il était ministre de l'Intérieur. Nicolas Sarkozy est un Président hautement impopulaire, qui visiblement a déçu tout le monde, et surtout ceux qui n'attendaient rien de lui. La position de sortante n'est de toute façon pas facile, celui qui est considéré comme en charge du pouvoir n'arrivant jamais à satisfaire la population, et donc à voir son mandat prolongé. Valéry Giscard d'Estaing en 1981, la gauche en 1986, Jacques Chirac en 1988, la gauche en 1993, Edouard Balladur en 1995, la droite en 1997, Lionel Jospin en 2002, les chiraquiens en 2007... Il est bien plus simple de critiquer ce qui ne va pas, que d'essayer de justifier ce qui se passe.

Pour la gauche, c'est donc une élection imperdable qui se profile. Elle peut se permettre d'envisager les choses ainsi si l'on part du principe que n'importe lequel de leurs candidats l'emporteraient sur les autres candidats du second tour. Après tout, c'était aussi l'ambiance qui était dans l'air en 1993, quand la gauche fut très lourdement défaite. La droite se sentait sûre de remporter la prochaine présidentielle, elle se permit même d'y envoyer deux candidats de premier plan. Alors pourquoi pas la même chose pour la gauche l'année prochaine ? On se passionnerait sur des seconds tours Aubry/Royal, en oubliant même que la droite eut existé autrefois.

Au moins, la gauche ne semble pas se soucier de sous-estimer la droite. Comme la confiance dans la victoire est grande, les programmes sont fantaisistes, et les candidatures se multiplient. Et comme chacun sait que les sondages donnent de bonnes indications sur les capacités électorales des différentes personnalités politiques, gageons donc que le Président de la République en 2012 s'appellera Dominique Strauss-Kahn/Martine Aubry/Ségolène Royal/François Hollande/Arnaud Montebourg/Manuel Valls/Pierre Moscovici/Vincent Peillon/Bertrand Delanoë/Benoît Hamon/Laurent Fabius/Jack Lang/Nicolas Sarkozy...