L'UMP travaille d'ores et déja sur les régionales de 2010. Avec 20 présidents socialistes de régions sur 22, elle pourra difficilement faire pire. Son idée est de désigner le plus tôt possible des chefs de file pour chaque région, qui se transformeront en têtes de listes sauf dans les cas où une personnalité du Nouveau Centre jouerait ce rôle. Ceux qui veulent jouer ce rôle doivent passer par des primaires où ils seront départagés par le vote des adhérents de l'UMP. En Ile de France, on sait officiellement depuis le début de la semaine qui s'affrontera dans les primaires de mars. Comme on pouvait s'y attendre, il s'agit de deux membres du gouvernement, Valérie Pécresse, ministre de la recherche et de l'enseignement supérieure, et Roger Karoutchi, secrétaire d'Etat aux relations avec le parlement. Les tensions entre eux ont d'ailleurs commencé bien avant le début de la campagne directe, Roger Karoutchi parlant d'ores et déjà de tentatives de manipulation.

La question de la présidence de l'Ile de France n'est pas négligeable. Cela va faire 11 ans que Jean-Paul Huchon a pris la tête du Conseil Régional, et jusqu'ici les mots qui décrivent le mieux son bilan sont "échec complet". Alors que le Conseil Régional n'hésite pas à voter des subventions complaisantes à divers projets parfois loin de concerner l'Ile de France, ou bien à augmenter largement frais de fonctionnement, de communication ou de réception, la situation des usagers dans les transports en commun ne fait qu'empirer. Depuis 11 ans, rien n'a été fait contre la saturation de certaines lignes alors que c'est bien le Conseil Régional qui est responsable du Syndicat des Transports d'Ile de France. Les dysfonctionnements pénibles et quotidiens se multiplient, conséquence d'une décennie d'immobilisme. Pendant ce temps, on apprend que Jean-Paul Huchon est condamné définitivement pour prise illégale d'intérêts dans ses fonctions de Président du Conseil Régional, sans que cela ne l'incite à en tirer les conséquences. Il est donc vraiment nécessaire que cette région change de direction aux prochaines élections.

Le choix se fait donc entre Valérie Pécresse et Roger Karoutchi. Ce dernier peut se targuer d'une excellente connaissance des dossiers régionaux, étant chef du groupe UMP au Conseil Régional. Il avait en outre déjà été mentionné comme possible candidat aux élections régionales en 2004, avant que Jean-François Copé n'occupe cette place. Son diagnostic sur les transports en commun est le bon, et il souhaite mettre en place un plan précis et ambitieux pour améliorer la situation. Seulement la campagne de 2004 avait montré que les enjeux strictement régionaux ne suffisent pas, Jean-Paul Huchon ayant surtout bénéficié d'un vote "sanction" contre le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin qui lui avait permis de rester en place. La personnalité de la tête de liste compte, et celle de Roger Karoutchi peut paraître moins engageante que celle de Valérie Pécresse. Celle-ci travaille actuellement à des réformes nécessaires dans les universités, et jusqu'ici s'y est plutôt bien pris. Egalement conseillère régionale, elle incarne mieux le renouvellement politique que son concurrent. Et en venant de la grande banlieue, elle ne peut être soupçonnée de "clanisme", alors que la droite des Hauts de Seine semble être un lieu propice aux coups tordus.

L'idéal serait bien que Roger Karoutchi et Valérie Pécresse s'allient contre Jean-Paul Huchon, tant la région ne peut se permettre un troisième mandat de celui-ci. Valérie Pécresse a probablement de meilleures chances de l'emporter face à Jean-Paul Huchon, et est capable de prendre les décisions nécessaires pour que l'Ile de France ne soit plus à la dérive. Roger Karoutchi serait donc bien inspiré de l'aider dans cette optique.