L'écologie politique a d'abord été un combat dépassant les clivages entre la gauche et la droite. Sous la direction d'Antoine Waechter, les Verts cherchaient à se situer au dessus des partis traditionnels. Avec un certain succès d'ailleurs, leurs scores allant croissant dans les années 80. La prise de conscience des menaces environnementales portait ce parti neuf et volontaire. Cela permettait d'influer dans une certaine mesure sur les politiques gouvernementales, ce qui traduisit notamment par le développement du ministère de l'environnement, même si ses moyens restaient limités. D'autres formations, telles que Génération Ecologie, partagèrent ce refus de se positionner politiquement en fonction de la gauche et de la droite. Certaines existent d'ailleurs encore de nos jours, et font partie des partis mineurs régulièrement en lice aux élections. Aujourd'hui, il n'y a plus vraiment de parti important entièrement dévoué à la cause écologique. Au début des années 90, les Verts ont basculé franchement du côté de la gauche, ce qui fut symbolisé par la candidature de Dominique Voynet à la présidentielle de 1995. Sous son égide, ainsi que celle de personnes comme Noël Mamère, les Verts sont devenus un parti rageusement marqué à gauche, parlant beaucoup de questions sociales, et quasiment plus d'écologie.

Or la défense de l'environnement a toujours besoin d'avocats. Le réchauffement climatique, la destruction de la forêt amazonienne, l'épuisement des ressources, la disparition d'espèces animales ou les catastrophes industrielles ne sont que des exemples parmi les nombreuses questions cruciales qui ont besoin d'être traitées par tous et de façon urgente. Cela n'a rien de facile, et demande une implication constante. Sans verser dans l'extrémisme écologique, les préoccupations environnementales doivent faire partie de toutes les décisions politiques. Lors de la dernière élection présidentielle, il a fallu qu'une personnalité étrangère au milieu politique interfère dans la campagne pour mettre au premier plan les enjeux environnementaux. Nicolas Hulot, en s'adressant à tous les candidats, se donna les moyens d'avoir de l'influence, et est l'inspirateur du Grenelle de l'environnement, encore en cours. C'est en ne revendiquant pas l'écologie comme quelque chose d'un seul bord politique qu'il put convaincre et peser.

Aujourd'hui, la meilleure solution n'est pas d'avoir des partis indépendants consacrés à l'écologie, ou même des partis thématiques dans chaque bloc. La défense de l'environnement est un sujet transpartisan. Chaque parti composant le spectre politique se doit d'être écologiste. Au fil du temps, cela sera d'autant plus facilité que les nouvelles générations de responsables auront grandi en étant sensibilisées à ces préoccupations. Mais alors que le renouvellement du personnel politique est plutôt lent, le besoin de défendre l'environnement n'attend pas.