La vie des partis politiques permet souvent de bien appréhender leur véritable conception de la démocratie. A ce titre, les événements mêmes récents suffisent à indiquer quelles sont les différences. Ainsi, le Mouvement Démocrate peut se targuer autant qu'il veut d'être le défenseur d'une approche où la diversité des opinions et le souci constant du respect du souhait des anonymes, cela est complètement démenti par les faits. Il suffit pour s'en convaincre comment François Bayrou a forcé son parti à s'organiser de telle manière qu'il ne puisse jamais être contredit. La consultation des adhérents de son mouvement ne se fait plus que sous forme plébiscitaire, les élections internes n'étant organisées qu'à son seul profit, et la nature plébiscitaire de la démocratie au Mouvement Démocrate se retrouve de façon exemplaire dans le cadre de la préparation des européennes, avec l'approbation par les militants de listes uniques composées à l'avance. Et ce, uniquement pour la forme.

Dans le sens inverse, les Verts respectent eux la vision de la démocratie théoriquement à la base du Mouvement Démocrate. Cela se traduit par des motions contradictoires, des représentations établies à la proportionnelle qui doivent ensuite trouver autant que possible des points d'accord. En fait, le système est largement instable, et produit essentiellement des conflits internes, faute de pouvoir désigner une ligne directrice claire. Le Parti Socialiste relève également de cette logique, quoi que moins prononcée, la question étant normalement habituellement réglée au cours de congrès dont la synthèse alambiquée permet de cacher toutes les incompatibilités théoriques. Quant à l'UMP, en souhaitant ne plus avoir de président depuis 2007, et en privilégiant les nominations exercées par les instances les plus obscures (traductions concrètes du "fait du prince"), elle a sombré dans un sommeil profond de la démocratie, ce qui nuit en conséquence au dynamisme du mouvement.

Pour obtenir le meilleur résultat, il faut en fait trouver le bon équilibre entre démocratie systématique et efficacité. La démocratie représentative peut tout à fait être le concept pertinent dans un parti politique. L'idée est alors d'élire des représentants de façon indiscutable (ce qui nécessite souvent le scrutin majoritaire uninominal ou à liste bloquée), pouvant même avoir des mandats impératifs, qui auront alors toute latitude pour prendre la direction des affaires. Les points essentiels seraient alors de permettre une vraie diversité de candidatures, couplée à des mandats assez limités dans le temps (mais avec possibilité de se représenter à nouveau). Aux phases de consultations, se succèderaient alors les phases d'actions. La démocratie donnerait alors sa légitimité à une politique efficace. C'est, après tout, le fondement démocratique de la Vème République à l'heure actuelle. Le modèle peut tout à fait s'appliquer aux partis politiques, et y permettre une véritable légitimité démocratique de par la base. Dans d'autres pays, cela passe par exemple par l'usage très fréquent de primaires. Cela peut être une bonne direction.