Yannick Noah est la personnalité préférée des Français. Ou plutôt, dans une liste prédéfinie de noms donnés, c'est le sien qui recueille le plus d'assentiment, depuis que les précédentes personnalités préférées ont décidé de ne plus participer à cette mascarade. Il l'est encore, mais pour combien de temps ? Après sa dernière tribune dans le journal Le Monde, on peut se poser la question. Lui ne s'en préoccupe probablement pas. Comme il l'a dit autrefois, "ça fait 20 ans que je fais le con et je suis encore populaire parce que les gens pensent que je suis un mec bien." Ils ont peut-être tort.

Lisons sa tribune. Il y affirme que les sportifs espagnols sont dopés, et que face à ce genre de problème, "la meilleure attitude à adopter est d'accepter le dopage". Il semble considérer que tout le monde est dopé, et qu'il faut simplement le reconnaître et l'accepter. Comme il le dit, "arrêtons l'hypocrisie". Mais l'hypocrisie, ici, n'est pas forcément autour de lui. L'hypocrisie qu'il souhaite arrêter, c'est d'abord la sienne. Il prend son propre cas pour une généralité, et souhaite pouvoir assumer ses pratiques. Du reste, le thème n'est pas exactement nouveau de sa part, c'est simplement la première fois qu'il met autant les pieds dans le plat.

A propos du dopage, il disait déjà en 1990 que les sportifs devaient s'occuper d'eux-mêmes plutôt que de se voir contrôler, et que "si un gars a envie de prendre un risque, c'est son problème". Il relativisait le problème à l'époque en disant "on est tous dopés". En 1996, il critiquait les suspensions de sportifs ayant fumé des joints, trouvant démesuré qu'on les empêche de travailler pour cela. Il admettait alors être lui-même un fumeur de joints. Quand son fils, lui-même sportif de haut niveau, s'est fait arrêté pour possession de drogue, son conseil de père fut "ne te fais pas chopper la prochaine fois", démontrant ainsi un sens moral tout à fait discutable.

Par le passé, Yannick Noah s'est déjà engagé politiquement. Cette fois-ci, il se fait le fer de lance de la libre utilisation des drogues et des produits dopants. Il préfère l'accumulation des substances à l'accumulation des efforts, quitte à rendre la "potion magique" de facto obligatoire pour pouvoir participer. Cela remet bien sûr en cause ses propres performances sportives passées, mais au delà du sportif, sa propension à faire fi des lois et sa volonté de laisser se propager de telles pratiques remettent en cause l'homme également.