Le travail a été longtemps décrié, considéré comme la partie de sa vie qui le rend malheureuse. En philosophie, on nous apprend même que la racine latine du mot travail est associée à la torture. Pour certains, le progrès, c'est de toujours diminuer le temps de travail. Quelqu'un de parfaitement heureux serait donc celui qui serait parfaitement oisif. C'est avec ce genre de raisonnements que la fête du travail, le 1er mai, est paradoxalement un jour chômé. C'est certainement le reliquat de la philosophie marxiste, qui considère les travailleurs comme un prolétariat écrasé par la cupidité du patronal. Peut-être est-ce aussi un fond culturel religieux, car dans la Genèse, Dieu condamne l'homme à travailler après avoir mangé du fruit défendu. "Le sol sera maudit à cause de toi. C’est à force de peine que tu en tireras ta nourriture tous les jours de ta vie."

Mais faut-il vraiment le voir comme une condamnation ? C'est bien le travail qui a permis à l'homme de survivre, et de construire progressivement un monde qui lui est propre. Le progrès que connait l'homme, c'est un progrès qu'il s'est bâti, c'est le fruit de son travail. Le travail est indissociable de l'homme. Le problème est plus souvent de faire un travail auquel on ne trouve pas d'intérêt, mais l'idée du travail peut donner du sens à la vie, il y a un véritable plaisir du travail bien fait. C'est un accomplissement en soi.

Karl Marx justement avait critiqué la division du travail, car l'ouvrier ne comprenait plus ce qu'il faisait (contrairement à l'artisan), l'inconvénient aux gains de productivité engrangés. Il y a une vraie fierté du travailleur, et c'est pourquoi travailler ne doit pas forcément être une notion négative. Le travail est créateur de richesses, et pas uniquement pécuniaires. Le travail doit donc être favorisé, et particulièrement en politique. En 2007, c'était le thème central de la campagne de Nicolas Sarkozy. Affirmer aux travailleurs que ce qu'ils font a un sens, qu'ils contribuent à leur société et à leur propre bien être est important. C'est une meilleure approche que de leur dire qu'il faut à tout prix les écarter de ce qui représente une part importante de leur quotidien. Il faut donc prendre le parti du travail, en améliorer les conditions et les retombées, mais pas vouloir le supprimer.