Miracle au ministère de l'Education Nationale ! Un rapport des inspections générales dit enfin explicitement ce que tout le monde savait déjà : le baccalauréat ne sert plus à grand chose. Voilà ce qu'on feint de découvrir : "des modifications réglementaires ont joué un grand rôle dans l'amélioration des résultats". Les barèmes sont moins exigeants, les questions moins pointues, les TPE aident les candidats, les deux tiers des candidats au rattrapage sont repêchés, les points gagnés dans les épreuves facultatives sont multipliées... Autant de facteurs cités qui transforment le bac en une épreuve de moins en moins difficile. En même temps, il ne permet plus d'ouvrir l'accès aux formations supérieures : la grande majorité des admissions se font sur dossier scolaire, et la plupart des décisions sont prises avant même l'examen en lui-même.

En même temps, l'organisation des épreuves du baccalauréat est coûteuse. "57 langues peuvent être évaluées au bac alors même qu'elles ne sont pas toutes enseignées dans le système éducatif", note le rapport. Cela justifie pourtant la conception de plusieurs sujets par langue, et la recherche d'examinateurs extérieurs. Les options sont des gouffres financiers. Au final, cela fait donc un rapport qualité/coût particulièrement défavorable.

Heureusement, le rapport indique également des voies de réforme possible :
  • la suppression des épreuves de rattrapage
  • la diminution du nombre de langues pouvant être présentées. On garderait 12 langues européennes, 4 langues internationales et 8 langues régionales. Cela fait encore beaucoup.
  • moins valoriser les épreuves facultatives
  • mettre des notes éliminatoires pour les matières les plus importantes
D'autres paraissent plus fumeuses, comme lorsque le rapport évoque l'interdisciplinarité ou l'autonomie de l'étudiant, qui ne sont pas des concepts pertinents à ce point des études. On tombe dans le grotesque lorsque les questionnaires à choix multiples sont mis en avant, certainement car leur coût est le moins élevé. Si on ne doit donc pas tout garder, ce rapport est néanmoins une bonne base de départ, dont le principal mérite est de poser enfin un constat clair sur l'état du bac aujourd'hui.