lundi 26 mars 2012
Absolument débordée
Par xerbias, lundi 26 mars 2012 à 21:27 :: General
En 2010, la publication du livre "Absolument dé-bor-dée !" avait fait du bruit. Sa mise en cause des administrations territoriales, et plus généralement des fonctionnaires, était virulente. Le premier reproche était affiché dès la couverture : leur manque de vrai travail. A la lecture, ce livre interroge d'abord. Ce n'est pas un récit autobiographique, mais pas un roman non plus. L'auteur, écrivant sous le pseudonyme Zoé Shepard, appartient à la fonction publique territoriale et affirme retranscrire son quotidien dans ce livre, mais n'essaie pas de cacher que l'histoire qu'elle nous conte est très largement romancée. En tant que tel, il est par exemple difficile de croire qu'autant d'anecdotes navrantes s'accumulent en une si petite période de temps. On peut alors penser qu'elle les a regroupées pour rendre leur succession plus spectaculaires, et a parfois peut-être chargé le trait.
EN continuant ce livre, il devient évident que l'auteur a elle aussi un souci. Elle affuble ses collègues de divers noms, et liste impitoyablement leurs défauts, mais n'aborde pas vraiment sa propre nature profonde de langue de vipère, prête à dire les pires horreurs sur tous ceux dont elle partage les journées. Etre cynique, c'est vraiment donné à tout le monde, et ce n'est pas son style d'écriture qui la distingue. Un véritable écrivain aurait eu un regard malicieux et non purement cruel sur son environnement. Du haut de son complexe de supériorité, elle va tellement loin dans le mépris que ses cibles tendent à devenir plus sympathiques qu'elles. Qui n'a jamais fait d'erreur ?
A lui seul, ce livre ne signifierait donc pas grand chose. Ce qui est véritablement troublant, ce sont les suites qu'il a eues. En lisant ce livre, les employés du conseil régional d'Aquitaine (les collègues de l'auteur) se sont reconnus, et s'en sont émus. Deux constats s'imposent. Le premier, c'est que s'ils se sont reconnus, c'est que le portrait que Zoé Shepard faisait d'eux était donc fidèle. En effet, elle avait pris le soin de masquer l'environnement (en changeant les noms, et en plaçant l'action dans une mairie). Ne restait donc que la description des collègues et des anecdotes qui en découlent. Le deuxième constat est qu'en protestant, ils ont bel et bien prouvé leur stupidité. En effet, quelle envie pouvaient-ils avoir de signifier à l'extérieur de leur service la façon dont ils ont caractérisés ? Maintenant que l'anonymat que Zoé Shepard avait créé est tombé, tout le monde sait que le conseil régional d'Aquitaine est rempli d'un personnel incompétent.
Qu'il y ait des employés peu compétents ou peu productifs dans le service public n'est pas étonnant. Non seulement on peut en rencontrer lorsque l'on a à faire avec l'administration, mais en plus, il y en a également dans le privé. Néanmoins, s'il y en a trop dans une entreprise privée, les résultats de l'entreprise s'en ressentiront et sa survie sera menacée, alors que dans le public, tout est financé par l'impôt (ou la dette).
En fait, le vrai problème que montre ce livre, c'est l'empilement des collectivités locales, et leur obésité de plus en plus fréquente. Malheureusement, la décentralisation a favorisé la multiplication de ces collectivités, et elles ont tendance à s'attribuer des missions qui ne sont pas institutionnellement les siennes. Il y a les mairies, les collectivités de communes, les conseils généraux et les conseils régionaux... A chaque fois, une administration entière. Pour les ceux qui les dirigent, être à la tête d'une grosse administration est valorisant. Mais les effectifs sont gonflés à coup de cadres, bien au delà des besoins. On se retrouve donc avec du personnel théoriquement qualifié, coûteux mais structurellement désœuvré. C'est une source immense de déficits publics, et donc une source aussi considérable d'économies à réaliser. Si ce livre permet de faire comprendre cela à plus de gens, il aura été utile.
EN continuant ce livre, il devient évident que l'auteur a elle aussi un souci. Elle affuble ses collègues de divers noms, et liste impitoyablement leurs défauts, mais n'aborde pas vraiment sa propre nature profonde de langue de vipère, prête à dire les pires horreurs sur tous ceux dont elle partage les journées. Etre cynique, c'est vraiment donné à tout le monde, et ce n'est pas son style d'écriture qui la distingue. Un véritable écrivain aurait eu un regard malicieux et non purement cruel sur son environnement. Du haut de son complexe de supériorité, elle va tellement loin dans le mépris que ses cibles tendent à devenir plus sympathiques qu'elles. Qui n'a jamais fait d'erreur ?
A lui seul, ce livre ne signifierait donc pas grand chose. Ce qui est véritablement troublant, ce sont les suites qu'il a eues. En lisant ce livre, les employés du conseil régional d'Aquitaine (les collègues de l'auteur) se sont reconnus, et s'en sont émus. Deux constats s'imposent. Le premier, c'est que s'ils se sont reconnus, c'est que le portrait que Zoé Shepard faisait d'eux était donc fidèle. En effet, elle avait pris le soin de masquer l'environnement (en changeant les noms, et en plaçant l'action dans une mairie). Ne restait donc que la description des collègues et des anecdotes qui en découlent. Le deuxième constat est qu'en protestant, ils ont bel et bien prouvé leur stupidité. En effet, quelle envie pouvaient-ils avoir de signifier à l'extérieur de leur service la façon dont ils ont caractérisés ? Maintenant que l'anonymat que Zoé Shepard avait créé est tombé, tout le monde sait que le conseil régional d'Aquitaine est rempli d'un personnel incompétent.
Qu'il y ait des employés peu compétents ou peu productifs dans le service public n'est pas étonnant. Non seulement on peut en rencontrer lorsque l'on a à faire avec l'administration, mais en plus, il y en a également dans le privé. Néanmoins, s'il y en a trop dans une entreprise privée, les résultats de l'entreprise s'en ressentiront et sa survie sera menacée, alors que dans le public, tout est financé par l'impôt (ou la dette).
En fait, le vrai problème que montre ce livre, c'est l'empilement des collectivités locales, et leur obésité de plus en plus fréquente. Malheureusement, la décentralisation a favorisé la multiplication de ces collectivités, et elles ont tendance à s'attribuer des missions qui ne sont pas institutionnellement les siennes. Il y a les mairies, les collectivités de communes, les conseils généraux et les conseils régionaux... A chaque fois, une administration entière. Pour les ceux qui les dirigent, être à la tête d'une grosse administration est valorisant. Mais les effectifs sont gonflés à coup de cadres, bien au delà des besoins. On se retrouve donc avec du personnel théoriquement qualifié, coûteux mais structurellement désœuvré. C'est une source immense de déficits publics, et donc une source aussi considérable d'économies à réaliser. Si ce livre permet de faire comprendre cela à plus de gens, il aura été utile.