La visite du président israérlien Shimon Pérès en France se fait à l'occasion du salon du livre de Paris, dont Israël est l'invité d'honneur. Le moins que l'on puisse dire est qu'il est, à 84 ans, un vieux routier de la politique israélienne, pour avoir servi dans l'armée lors des guerres ayant eu lieu lors de l'indépendance d'Israël, et pour avoir été élu à la Knesset pour la première fois en 1959. Il est désormais surtout connu pour avoir été l'un des artisans de la paix au proche-orient, ayant été le ministre des affaires étrangères d'Yitzhak Rabin lorsque celui-ci mis en place les accords d'Oslo en 1993. Il fut pour cela récompensé du Prix Nobel de la Paix. Mais l'assassinat d'Yitzhak Rabin, l'arrivée du Likud au pouvoir et la montée de l'islamisme en Palestine brisèrent cet espoir de paix. Aujourd'hui, les tentatives de paix existent toujours, mais le quotidien reste marqué par de fréquentes périodes de tensions, nourri de tirs de roquettes palestiniennes sur les habitations israéliennes, les incursions de Tsahal dans les territoires palestiniens en représaille, et le terrorisme suicidaire de fanatiques palestiniens, même si la construction du mur autour de la Cisjordanie semble avoir réduit cette source de violences.

Ce mur n'est pourtant pas forcément un bienfait pour la région, loin de là. Sa construction parfois à l'intérieur de la Cisjordanie fait perdre aux Palestiniens des parties de leur territoire, dont les limites sont fixées comme celles du cessez-le-feu du 1967. Il entraîne une annexion de fait de territoires palestiniens de la part d'Israël. Le procédé entérine le processus de colonisation de la Cisjordanie, alors que cette colonisation ne fait que de mettre de l'huile sur le feu dans cet interminable conflit. A ce titre, Ariel Sharon avait eu raison de démanteler les colonies israéliennes de la bande de Gaza. Mais désormais, il faut penser à faire de même en Cisjordanie. Or c'est l'inverse qui se produit, à la stupéfaction de la communauté internationale. Le gouvernement israélien vient en effet d'accepter l'agrandissement d'une colonie en banlieue de Jérusalem, montrant sa bienveillance envers la colonisation en Cisjordanie, celle-ci étant assez ouvertement tolérée.

Il ne manque pas de fanatiques israéliens pour lire dans la Torah une injonction de coloniser toute la Palestine pour créer une grande Israël. Ils se moquent bien des problèmes que cela peut créer. Car en alimentant la haine chez les Palestiniens, ils handicapent le processus de paix. La priorité est surtout de sécuriser Israël dans ses frontières existantes. La grande majorité des Israéliens veut la paix avec les pays voisins. Les colons, en poursuivant leur objectif délirant, mettent en danger l'ensemble des leurs. A ce titre, ils ne valent pas mieux que les extrémistes palestiniens. Ces derniers sont aussi des fanatiques religieux prompts à la violence. Seulement, la Palestine n'est pas vraiment un Etat souverain et démocratique, en tous cas biens moins que ne l'est Israël. Et c'est justement pour cela qu'il est dommage que l'Etat israélien ne soit pas capable de contrôler ses propres éléments perturbateurs. Cela, Shimon Pérès doit être le premier à le penser.