Lorsque Nicolas Sarkozy devint ministre de l'Intérieur en 2002, il est rapidement devenu le centre d'attention des médias. Sa volonté d'action et son statut de successeur présomptif de la droite le rendaient particulièrement intéressant à observer pour les journaux. Pour ces raisons, il représenta un espoir pour certains, une menace pour d'autres. Jacques Chirac n'étant plus appelé à se représenter, tout le débat se portait alors sur celui qui se présenterait aux élections en lieu et place. Mais si Nicolas Sarkozy profita de sa popularité pour prendre la tête de son parti puis gagner la présidentielle, il ne fut pas pour autant aussi célébré par son propre camp qu'on aurait pu le croire. Il fut, et reste toujours, l'objet d'une couverture médiatique importante, mais celle-ci est loin d'être systématiquement à son avantage. Bien au contraire : les médias aiment parler de Nicolas Sarkozy sans aimer pour autant Nicolas Sarkozy.

Le plus étonnant est d'ailleurs le fait que de nombreuses personnes trouvent que l'on parle trop de lui, et ne peuvent pas s'empêcher de parler abondamment de lui pour regretter ce fait. Cela aboutit à des situations assez étranges, où des gens qui ne le supportent pas le transforment en source de toute ce qui ne va pas, s'obligeant par la même occasion à penser constamment à lui. Tout cela aboutit à une sorte de culte de la personnalité inversé, où Nicolas Sarkozy est au centre du monde de certains de ses opposants, il est l'objet d'une fixation au mieux comique, au pire malsaine.

Il y a un fort appétit pour ses caricatures. Sur le net, des blogs hostiles lui sont ainsi entièrement consacrés. Toute information négative le concernant sera fortement relayée, comme s'il fallait constamment se convaincre qu'il fallait le combattre. Mais un magazine en a même fait un fond de commerce : l'hebdomadaire Marianne fait ses unes de manière presque systématique sur Nicolas Sarkozy. Tous les angles ont été abordés plusieurs fois, l'un des plus savoureux étant le thème "comment Sarkozy contrôle les médias pour qu'ils parlent de lui". En fait, il n'a pas besoin de contrôler qui que ce soit. Les journalistes comme ceux de Marianne se dévouent volontiers pour parler de Nicolas Sarkozy jusqu'à l'écœurement, ils sont eux-mêmes les auteurs de cette omniprésence médiatique qu'ils critiquent paradoxalement.

Evidemment, si cela perdure, c'est forcément parce que ce doit bien faire vendre. Mais on peut tout de même rester circonspect sur tous ceux qui n'en peuvent plus de Nicolas Sarkozy mais en font une obsession personnelle.