Suite au derniers événements, le Japon est dévasté. Des villes entières ont été rayées de la carte. La puissance atomique en a profité pour montrer le visage terrifiant qu'elle peut avoir. Le pays doute de son modèle de société. Nous sommes en 1945.

Comme après l'armistice de 1945, le Japon est aujourd'hui face à des défis immenses... et certains d'entre eux sont d'ailleurs les mêmes. Mais c'est justement cette Histoire qui peut lui permettre de redémarrer au plus vite. Pendant l'après guerre, le Japon a connu un baby boom, une très forte croissance économique et l'émergence d'un nouveau modèle de développement. La réussite japonaise était telle que les Etats-Unis se sentaient menacés à la fin des années 80. Pourtant, lors des 20 dernières années, le Japon a semblé prendre un chemin inverse : la croissance économique a laissé place à l'éclatement d'une bulle immobilière, suivie d'une crise déflationniste increvable. La forte baisse de la natalité pousse au vieillissement de la société. Des grands groupes comme Sony font face à de nouveaux concurrents. Le système politique sclérosé a entraîné une instabilité gouvernementale inefficace. Le Japon doutait déjà fortement de lui-même. La catastrophe récente fut en quelque sorte le couronnement de ces difficultés.

Mais cela peut également être le signal du redémarrage. Bien sûr, il faudra d'abord mettre fin aux problèmes de la centrale nucléaire de Fukushima. Le plus dur est quand même passé : si elle avait du explosé à la manière de Tchernobyl, cela aurait eu lieu pendant la première semaine. Avec le temps qui passe, l'enjeu est de calmer doucement les réacteurs. Cela reste un sujet d'inquiétude, mais les principaux enjeux sont ailleurs. Combien de morts pendant le tremblement de terre ? Combien de morts suite au tsunami ? Et en comparaison, combien de morts précisément suite aux troubles de la centrale de Fukushima ?

Aujourd'hui, il faut donc reconstruire. Toutes ces destructions auront des conséquences terribles sur l'économie, et la reconstruction, si elle est entamée rapidement, pourra contrebalancer cela. L'Etat japonais a des atouts dans cette optique. Il est très lourdement endettée, mais comme les Japonais sont de grands épargnants, cette dette est principalement détenue par les ménages. L'inflation n'y existe pas. Il y a donc une solution pour financer de grands projets et relancer l'activité : profiter de cette crise pour que la banque centrale japonaise rachète massivement les titres de dettes de l'Etat, comme l'ont fait les Etats-Unis il y a quelques mois. C'est un facteur d'inflation, mais cela importe peu vu son niveau actuel. C'est surtout un facteur de relance de l'économie via l'afflux de liquidités. Et peut-être que le choc sera un instrument de remobilisation pour la société japonaise, avec à la clé un mini-baby boom.

Dans la mythologie shinto japonaise, les tremblements de terre sont créés par un poisson chat géant, Namazu, qui vit sous le Japon. D'habitude, il est contrôlé par le dieu Kashima. Mais lorsque ce dernier relâche son attention, Namazu en profite pour remuer brusquement sa queue sous la terre, provoquant de terribles destructions, jusqu'à ce que Kashima vienne le remettre au pas. Le Japon a connu de terribles secousses, celles sismiques n'étant que les dernières. Mais c'est justement l'opportunité pour Kashima de revenir, et permettre au Japon de connaître un nouveau départ.