...et chaque minute qui passe nous rapproche inéluctablement de notre mort !

En tant que tel, ces affirmations sont parfaitement exactes. Et c'est à peu près la tonalité qu'ont adopté les médias depuis quatre jours. L'actualité nous fournit un flot ininterrompu de pessimisme qui se conjugue à tous les temps. Au passé, ce fut effrayant avec les images du raz du marée dévastateur. Au présent, c'est glauque avec les reportages sur les villes rayées de la carte. Et au futur, les perspectives qui nous sont présentées sont particulièrement lugubres, avec un feuilleton sur le refroidissement de la centrale de Fukushima.

Mais si cela ne suffisait déjà pas, il a fallu qu'on embraye sur une psychose aussi vaine que pénible. Telle une malédiction, il faut que chaque événement qui se passe dans le monde se transforme en polémique française locale. Le manque d'informations en provenance des autorités japonaises (qui ont bien d'autres choses à faire qu'à répondre à nos journaux nationaux) a laissé de la place libre pour que ce moment fort d'actualité soit meublé par les prophètes de la fin du monde. Ce week-end, la chaîne d'information en continue France 24 en était par exemple à utiliser comme consultante sur la centrale nucléaire japonaise une responsable française de Greenpeace... qui assurait que d'après ses sources (lesquelles ?), tout était bien évidemment foutu. Qu'est-ce que des militants anti-nucléaires pouvaient affirmer d'autre ? Chaque matin, les radios font des appels à témoins auprès des auditeurs sur la question "avez-vous peur du nucléaire ?" Les journaux locaux tendent à exploiter le filon en faisant leur une sur les dangers du nucléaire près de chez vous.

Le pire est certainement le fait que dès samedi, les responsables des Verts ont monté une opération de communication sur le thème "sortons du nucléaire, bombe à retardement garantie". Ils n'ont pas eu peur d'être indécent en récupérant rapidement ce drame, alors qu'à l'autre bout du monde on sauve encore des gens coincés dans les gravats et que des ingénieurs travaillent comme des chiens pour limiter les dégâts. La paranoïa est totale. C'est comme si à chaque fois qu'un avion s'écrasait, on remettait en cause la raison d'être de l'ensemble du transport aérien. Et en l'occurrence, à Fukushima, "l'avion" ne s'est même pas écrasé, et ne fait que traverser de fortes turbulences dues à des circonstances exceptionnelles. En aviation, les vraies questions qui se posent sont celles des leçons à tirer de chaque catastrophe pour éviter qu'elles se reproduisent. C'est la même procédure pour l'énergie nucléaire.

Evidemment, rien n'est jamais sans risque. Mais c'est justement parce que le nucléaire est dangereux qu'il y a autant de précautions prises, plus que pour aucun autre secteur. Et en ce qui nous concerne, les avantages sont bien plus importants que les inconvénients. Cela ne veut pas dire qu'il ne faut développer d'autres sources d'énergie, mais en attendant le nucléaire est une solution solide pour notre production d'électricité. Mais cela paraît difficile à faire entendre dans un "débat" alimenté par l'émotion voire l'hystérie.