L'Institut Nobel d'Oslo a reçu 241 propositions pour le prix Nobel de la paix 2011. D'après le directeur de l'Institut, bon nombre de candidatures seraient liées aux révolutions arabes actuelles. Pour le moment, on manque encore un peu de recul par rapport à ce qu'il se passe, et ces révolutions ne sont pas sans quelque violence. Ces révolutions rappellent celles de l'Europe orientale en 1989. Ces dernières sont mêmes un modèle en la matière. La révolution de velours en Tchécoslovaquie fut particulièrement exemplaire, le changement de régime s'effectuant sans qu'il y ait mort d'homme. La rumeur (fausse) de la mort d'un manifestant renforça la mobilisation des manifestants sans que cela tourne à l'émeute pour autant.

La révolution de velours fut donc irréprochable, paisible dans la forme qu'elle a prise, démocrate dans les objectifs qu'elle poursuivait. La présence d'une opposition réfléchie pour encadrer les choses facilita certainement les choses. Alexander Dubcek, l'artisan du Printemps de Prague qui avait été écarté du pouvoir par les communistes à sa suite, se rangea rapidement du côté des protestataires. L'organisation du Forum Civique pris rapidement les événements en main. Il était composé des anciens signataires de la Charte 77, du nom d'un appel d'intellectuels tchécoslovaques à la libéralisation du régime en 1977. L'écrivain Vaclav Havel en premier lieu a été entre ces deux événements un militant politique particulièrement actif, passant plusieurs années en prison pour ses convictions.

Peu après la révolution de velours, Vaclav Havel devint Président de la Tchécoslovaquie, alors qu'Alexander Dubcek devint président du parlement. Celui-ci décéda en 1992. Mais Vaclav Havel resta quatorze ans au pouvoir, supervisant la séparation à l'amiable entre la République Tchèque et la Slovaquie en 1992, et menant les négociations de l'adhésion de la République Tchèque à l'Union Européenne jusqu'à son départ de la présidence en 2003. Depuis, il a repris sa carrière d'auteur. Peut-être mériterait-il d'ailleurs le prix Nobel de littérature. Mais ce qui est sûr, c'est qu'au vu de tout ce qu'il a fait pour la paix dans son pays et en Europe, il mérite le prix Nobel de la paix. C'est même étonnant qu'il ne l'ait pas déjà reçu jusqu'à présent. Il est probablement proposé depuis plusieurs années aux membres de l'Institut Nobel. Mais s'il faut être terre à terre, rappelons qu'il a déjà 74 ans, et que le prix Nobel ne peut être décerné à titre posthume.

Ce serait donc une très bonne idée si le prix Nobel de la paix pouvait lui être décerné rapidement. Le pacifisme de la révolution dont il fut l'une des âmes serait un modèle pour toutes les révolutions actuelles dans les pays arabes. Et son combat pour les libertés en pays communiste serait également un exemple pour les activistes chinois ou nord coréens. Un prix Nobel serait le meilleur moyen pour montrer que les idéaux de Vaclav Havel continuent de résonner aujourd'hui.