Ces temps-ci, à l'Assemblée Nationale, les jours se passent tranquillement en jouant au jeu du "quel impôt va-t-on pouvoir créer ou augmenter ?" Cela fait bien longtemps que le pouvoir en place ne se soucie plus des effets des hausses d'impôts sur l'économie, le maintien de dépenses publiques énormes pour raison idéologiques étant de loin la priorité. Si seulement ces dépenses pouvaient toutes être nécessaires, voire même utiles... Mais non, on continue de se faire plaisir en augmentant les impôts afin de financer des postes parfois très accessoires. Tel est le cas des débats actuels sur la hausse de la redevance audiovisuelle. En effet, la question n'est pas de savoir s'il faut l'augmenter, mais bien jusqu'à quel point il faut l'augmenter. 4 euros d'augmentation (soit déjà plus que l'inflation) sont déjà actés, entre le Parlement et le gouvernement, on tergiverse désormais pour savoir s'il faut passer cette augmentation à 6 euros. Jamais, au grand jamais, on ne se soucie des contribuables qui auront à la payer. Envolés, tous les discours sur le pouvoir d'achat, l'essentiel de nos jours, c'est le pouvoir de payer l'impôt.

Et pourquoi faudrait-il payer cette redevance ? Elle finance les chaînes et les radios publiques, on peut parfaitement vivre sans y avoir recours, mais il faut s'en acquitter à partir du moment où l'on possède un téléviseur. La redevance, c'est un bouquet de chaînes payantes obligatoire. De la vente forcée, en somme. Contrairement à d'autres services publics, celui-ci n'est pas forcément d'intérêt général, et il coûte plus cher que la concurrence privée. Pour bien faire, il faudrait que le paiement de la redevance soit optionnel, pour permettre à ceux qui ne le souhaitent pas d'économiser cet argent.

Alors bien sûr, cela réduirait considérablement les ressources de l'audiovisuel public. Eh bien justement, cela permettrait de s'interroger enfin sur notre politique audiovisuelle afin de la rendre plus pertinente. Pour commencer, la suppression de la publicité sur les chaînes publiques après 20 h n'était pas utile, et a fait perdre des ressources. Il conviendrait donc de la rétablir, contrairement aux vœux du gouvernement actuel. Ensuite, est-ce bien nécessaire qu'il y ait autant de chaînes publiques ? En métropole, on a sur la TNT :
  • France 2
  • France 3
  • France 4
  • France 5
  • France Ô
  • Arte
  • LCP/Public Sénat
  • Gulli, détenue à 34 % par France Télévisions
Et on peut rajouter à cela France 24 en trois déclinaisons (français, anglais, arabe) sur le satellite, et TV5 Monde, détenue en grande partie par la France. Pourquoi autant de chaînes ? Est-ce bien nécessaire pour le public ? On pourrait commencer par supprimer France 4, qui n'est qu'une chaîne de plus qu'on ne peut pas distinguer des autres sur la TNT. Laissons le secteur privé s'en occuper, ou bien libérer cette fréquence pour qu'une autre chaîne puisse diffuser en haute définition à la place. Même chose pour France Ô. Est-ce une chaîne régionale, ou bien une chaîne communautaire ? Si c'est une chaine régionale, une simple diffusion gratuite des programmes produits en outre-mer sur le satellite et l'ADSL suffirait, on ne peut pas supporter le coût énorme de diffusion sur l'ensemble du territoire métropolitain en TNT. Si c'est une chaîne communautaire, elle n'a pas sa place du tout dans l'audiovisuel public.

La logique est la même pour LCP/Public Sénat. Il est utile que chacun puisse avoir accès aux débats du Parlement, seulement, il faut s'en tenir à ça, et ne pas ajouter en plus des programmes de flux ou de stock qui alourdissent le coût. Le problème de ces chaînes est bien qu'absolument personne ne les regarde, à tel point qu'elles refusent de souscrire aux données d'audience. La plupart du temps, quand le public regarde l'Assemblée Nationale, ce sont les questions au gouvernement sur France 3... Le flux des débats en assemblée plénière ou en commission doit donc pouvoir être accessible sur internet, avec possibilité de revoir les séances passées, mais une diffusion sur la TNT ne se justifie pas. Economisons l'argent public !

De même, si l'audiovisuel public français a besoin d'argent, il peut revendre sa participation dans Gulli, à moins que d'éventuels dividendes constituent une rentrée d'argent en soi. Un service public de l'audiovisuel doit se concentrer sur des missions que ne peuvent pas assurer le privé. En tant que chaîne de culture et de documentaire, la présence d'Arte se justifie pleinement, et représente des programmes de qualité. L'audiovisuel extérieur français est également un outil utile, en l'occurrence pour l'influence de la France dans la monde.

France 2, France 3 et France 5 ne sont-elles pas en surnombre ? Si l'argent manque, on pourrait rationaliser tout ça. France 3 garderait les informations et les programmes régionaux, France 2 l'information nationale, et les meilleurs programmes de France 5 pourrait alimenter les grilles de ces deux chaînes, qui garderaient également les programmes religieux et les clips électoraux. Et du côté de Radio France, la publicité pourrait faire son entrée. Une privatisation de France Inter est également une idée intéressante. Voilà bien des manières de maîtriser les coûts de l'audiovisuel public, et ainsi, permettre le maintien du pouvoir d'achat des Français.