Cette semaine, François Hollande s'est mis en campagne. Malheureusement, il n'a pas grand chose à dire. Le projet prévu par le Parti Socialiste il y a un an de cela, et qui devait obligatoirement être promu et appliqué par le candidat quel qu'il soit, semble à peu près oublié. Ce serait une bonne chose si cela se confirme, vu qu'il était tout à fait consternant. Les rares idées brandies par François Hollande dans sa campagne des primaires sont également remises au placard : ce qui était considéré comme réaliste hier est bel et bien décrédibilisé aujourd'hui. On navigue donc à vu sur ce que compte faire François Hollande. Son directeur de campagne, Pierre Moscovici, revendique le fait que le candidat ait son propre programme par rapport au Parti Socialiste, quitte à ce qu'il arrive plus tard, et que c'est une tradition socialiste. En effet, c'est exactement ce qu'avait fait Ségolène Royal il y a cinq ans, en se mettant en campagne en attendant que quelque chose sorte de ses ateliers de démocratie participative. Même cause, mêmes effets : Ségolène Royal ne pouvait pendant ce laps de temps rien dire d'intéressant, étant réduite à parler de "bravitude" à la presse. Et maintenant, François Hollande en est réduit à traiter le Président de la République de "sale mec" devant les journalistes. Voilà qui augure d'une belle campagne, l'insulte succédant au néologisme.

Pendant ce temps, Nicolas Sarkozy ne fait pas campagne, et continue de faire le travail pour lequel il est élu. Plutôt que d'attendre un nouveau mandat, il lance dès maintenant deux nouveaux projets. Ce n'est pas forcément pertinent pour ce qui est de la taxe sur les transactions financières à l'échelle française : il est bien plus intéressant de la lancer au niveau au moins européen, et c'était déjà en cours. Par contre, pour ce qui est de la TVA sociale, il était bien temps. Idéalement, il aurait même fallu le faire depuis longtemps. Et puisqu'il n'est pas sûr de pouvoir la faire voter lors de la prochaine législature, autant le faire immédiatement.

Voilà un mécanisme qui permet d'améliorer la compétitivité des entreprises françaises sur les marchés intérieurs et extérieurs. Certes, ce n'est pas une solution miracle qui réglera tout, mais le fait de faire financer la protection sociale par la consommation plutôt que par le travail assure que les produits français sont moins désavantagés par cette importante protection sociale dont bénéficie les Français. La gauche critique la mesure car susceptible de gêner une relance de la consommation. Or, d'une part, les baisses de cotisations sociales peuvent être répercutés en gains pour la population. Et d'autre part, le problème de la France n'est pas qu'il n'y a pas assez de consommation. C'est que cette consommation est largement financées par la dette, et profite massivement aux produits étrangers, d'où notre balance commerciale déficitaire. La TVA sociale ne peut aller que dans le bon sens sur ces points là.

Pourquoi remettre au lendemain ce que l'on peut faire le jour même ? En mettant en place la TVA sociale, Nicolas Sarkozy prouve qu'il travaille le plus longtemps possible pour les Français. Espérons maintenant que la campagne présidentielle ne soit pas un prétexte pour s'attaquer à cette bonne idée, approuvée d'ailleurs par une partie de la gauche (Manuel Valls s'en était ainsi fait l'avocat pendant la primaire socialiste).