Les thèmes de la campagne présidentielle n'auront, a priori, rien d'inédit. Du côté de la gauche, on aura à nouveau le droit au couplet sur la relance de la consommation en donnant de l'argent aux plus défavorisés. C'est ce qui s'appellerait de la redistribution, car l'argent serait prélevé chez les riches, qui ne sont qu'une minorité. L'intérêt de la majorité primant, ils devront procéder à ces transferts. Ce grand classicisme appelle quelques observations. Pour commencer, être riche c'est forcément être dans une minorité. En effet, de nos jours, la richesse ou la pauvreté sont considérées en des termes relatifs. Etre pauvre, c'est gagner moins de 60 % du revenu médian de la population. Etre riche, c'est avoir les revenus ou le patrimoine les plus importants. Ce sont ces principes là qui sont utilisés quotidiennement, dans les médias et les statistiques. Si tout le monde venait à gagner deux fois plus d'argent du jour au lendemain, avec des prix stables, il y aurait alors toujours autant de pauvres que de riches. Voilà qui est décourageant.

Mais partons du principe que cette redistribution est effectivement positive pour l'économie. On constate alors qu'en France, on a déjà l'un des taux d'imposition les plus élevés au monde. Les riches sont tellement une minorité qu'ils ne sont pas assez pour tout payer. Les classes moyennes sont déjà lourdement sollicités. Notre incapacité à limiter nos dépenses est accompagnée par une incroyable créativité fiscale. Il y a de nouvelles taxes chaque années, sur tout et n'importe quoi. Problème : cela ne suffit pas, le déficit public reste colossal. On s'aperçoit alors qu'il s'agit d'une redistribution des revenus des générations futures vers celles actuelles. On est plus du tout dans la quête de justice sociale ni de recherche de l'égalité, on ne fait que nuire à l'avenir. Voilà qui est effrayant.

Le problème de la richesse est mal posé. Le problème, ce n'est pas qu'il y ait des riches alors qu'il y a des pauvres. Le problème, c'est qu'il n'y a pas assez de riches. Il faut alors raisonner en termes absolus, et considérer qu'un riche, c'est quelqu'un qui vit à l'abri du besoin, qui peut loger et nourrir sa famille et éduquer ses enfants sans difficulté. Dans les pays développés, c'est le cas d'une majorité. Plutôt que de redistribuer les richesses, il est certainement préférable de les créer.

"Enrichissez-vous par le travail et par l'épargne" aurait dit, parait-il, François Guizot au XIXème siècle. Le leader communiste chinois Deng Xiaoping aurait lui aussi encouragé sa population à s'enrichir. Ils ont tous deux raison. Le travail et l'épargne créent la richesse, et la richesse permet une vie confortable. Ils ne sert donc à rien de craindre ni le travail, ni l'épargne, ni la richesse. Notre vrai souci, c'est notre manque global de ces trois choses, pas leur répartition.