Pour une politique de l'offre
Par xerbias, dimanche 29 janvier 2012 à 21:23 :: Economie :: #725 :: rss
Pourquoi aussi peu de croissance en France ? A l'heure actuelle, celle-ci est quasi nulle. Cela s'explique par la crise économique et financière qui date de 2008. La crise de l'euro qui en découle n'aide pas, mais les pays situés en dehors de la zone euro ne font pas mieux, ce qui fait relativiser. Il y a aujourd'hui bien des pays qui en sont en pire état que la France, notamment ceux qui avaient une croissance forte auparavant mais qui vivaient en fait sur une bulle. Pour ceux-là , le retour à la réalité est à la fois brutal et terrible. Néanmoins, la France tend à avoir des taux de croissance inférieurs à ceux des autres pays développés depuis des décennies. Or quand la croissance est trop faible, le chômage augmente mécaniquement. Le manque de croissance structurel de la France lui assure un chômage tout aussi structurel.
Le grand leitmotiv des politiciens français a donc été leur volonté de relancer la croissance pour créer des emplois. Seulement il faut se souvenir que, à moins d'embaucher des fonctionnaires en masse, ce ne sont pas les gouvernements qui créent des emplois, ce sont les entreprises. Et les politiques menées ne leur ont pas été favorables. Leur déficit de compétitivité ne les handicape pas seulement pour l'exportation, mais aussi pour la vente dans le marché intérieur. Voyons comment cela fonctionne...
Sur les trois dernières décennies, relancer la croissance a voulu dire, pour les politiciens, relancer la consommation. En donnant plus d'argents aux ménages français, ceux-ci le dépenseront, ce qui fera travailler les entreprises, et donc créera des emplois. Théoriquement, selon le mécanisme du multiplicateur keynésien, le surcroit d'activité engendré finirait par générer suffisamment de ressources fiscales pour au final compenser l'argent "investi" dans la relance. Cela paraît séduisant, mais ça ne fonctionne plus. Si les Français dépensent bien l'argent qu'on leur donne, ils l'utilisent pour acheter en grande partie des produits achetés à l'étranger. Plus innovants, de meilleure qualité ou moins chers, ils sont souvent plus compétitifs que les produits produits en France. L'argent investi dans la relance va donc bien générer de l'activité économique, mais de l'activité pour les entreprises chinoises. Evidemment, les ressources fiscales escomptées n'arrivent pas, et l'investissement, sans retour, se transforme en débit pur et simple, financé par la dette qui s'accumule.
Ces histoires de relance, c'est comme essayer de remplir le tonneau des Danaïdes, un récipient percé. On comprend donc la thématique de l'"acheter français", relancé par François Bayrou et le gouvernement : il s'agit de boucher le trou. Le concept n'a rien de nouveau. Mais plutôt que de prendre les consommateurs par les sentiments avec des slogans tels que "nos emplettes font nos emplois", il serait préférable de s'appuyer sur la rationnalité économique des acheteurs. Si le produit français est le meilleur (en innovation, solidité, voire prix), il aura beaucoup plus de chances de rencontrer le succès, en France, mais aussi à l'étranger.
On en revient donc à la question de la compétitivité des entreprises françaises. Au niveau des prix, la TVA sociale est une bonne piste pour améliorer cet aspect de la compétitivité, mais vu l'ampleur des sommes dépensées pour la protection sociale en France, une hausse de la TVA ne suffira jamais à tout compenser. Au niveau de l'innovation, la situation est bien sombre pour la France. Si la France n'arrive pas à atteindre l'objectif de 3 % du PIB dépensé en recherche et développement, c'est bien à cause de la faiblesse des investissements en la matière par les entreprises françaises. Il y a un soucis de mentalité, mais aussi un problème de marges suffisantes pour financer de tels investissements à long terme. On pointe souvent du doigt les profits des entreprises du CAC 40, mais ce n'est qu'une partie de l'économie française, et elles tirent une grande part de ces profits par des biens et services produits à l'étranger.
La croissance économique française est insuffisante car ses entreprises manquent de compétitivité. Le but de la politique économique française doit donc de permettre aux entreprises d'améliorer leur compétitivité. On pourra débattre des mesures à mettre en place pour cet objectif, mais on cela signifie d'ores et déjà une chose : la France n'a pas besoin d'une politique économique fondée sur la relance de la demande, elle a besoin d'une politique améliorant son offre de biens et services.
Le grand leitmotiv des politiciens français a donc été leur volonté de relancer la croissance pour créer des emplois. Seulement il faut se souvenir que, à moins d'embaucher des fonctionnaires en masse, ce ne sont pas les gouvernements qui créent des emplois, ce sont les entreprises. Et les politiques menées ne leur ont pas été favorables. Leur déficit de compétitivité ne les handicape pas seulement pour l'exportation, mais aussi pour la vente dans le marché intérieur. Voyons comment cela fonctionne...
Sur les trois dernières décennies, relancer la croissance a voulu dire, pour les politiciens, relancer la consommation. En donnant plus d'argents aux ménages français, ceux-ci le dépenseront, ce qui fera travailler les entreprises, et donc créera des emplois. Théoriquement, selon le mécanisme du multiplicateur keynésien, le surcroit d'activité engendré finirait par générer suffisamment de ressources fiscales pour au final compenser l'argent "investi" dans la relance. Cela paraît séduisant, mais ça ne fonctionne plus. Si les Français dépensent bien l'argent qu'on leur donne, ils l'utilisent pour acheter en grande partie des produits achetés à l'étranger. Plus innovants, de meilleure qualité ou moins chers, ils sont souvent plus compétitifs que les produits produits en France. L'argent investi dans la relance va donc bien générer de l'activité économique, mais de l'activité pour les entreprises chinoises. Evidemment, les ressources fiscales escomptées n'arrivent pas, et l'investissement, sans retour, se transforme en débit pur et simple, financé par la dette qui s'accumule.
Ces histoires de relance, c'est comme essayer de remplir le tonneau des Danaïdes, un récipient percé. On comprend donc la thématique de l'"acheter français", relancé par François Bayrou et le gouvernement : il s'agit de boucher le trou. Le concept n'a rien de nouveau. Mais plutôt que de prendre les consommateurs par les sentiments avec des slogans tels que "nos emplettes font nos emplois", il serait préférable de s'appuyer sur la rationnalité économique des acheteurs. Si le produit français est le meilleur (en innovation, solidité, voire prix), il aura beaucoup plus de chances de rencontrer le succès, en France, mais aussi à l'étranger.
On en revient donc à la question de la compétitivité des entreprises françaises. Au niveau des prix, la TVA sociale est une bonne piste pour améliorer cet aspect de la compétitivité, mais vu l'ampleur des sommes dépensées pour la protection sociale en France, une hausse de la TVA ne suffira jamais à tout compenser. Au niveau de l'innovation, la situation est bien sombre pour la France. Si la France n'arrive pas à atteindre l'objectif de 3 % du PIB dépensé en recherche et développement, c'est bien à cause de la faiblesse des investissements en la matière par les entreprises françaises. Il y a un soucis de mentalité, mais aussi un problème de marges suffisantes pour financer de tels investissements à long terme. On pointe souvent du doigt les profits des entreprises du CAC 40, mais ce n'est qu'une partie de l'économie française, et elles tirent une grande part de ces profits par des biens et services produits à l'étranger.
La croissance économique française est insuffisante car ses entreprises manquent de compétitivité. Le but de la politique économique française doit donc de permettre aux entreprises d'améliorer leur compétitivité. On pourra débattre des mesures à mettre en place pour cet objectif, mais on cela signifie d'ores et déjà une chose : la France n'a pas besoin d'une politique économique fondée sur la relance de la demande, elle a besoin d'une politique améliorant son offre de biens et services.
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