La semaine dernière, les médias ont raconté l'histoire d'une jeune fille de douze ans qui s'est suicidée, laissant une lettre d'adieux dans laquelle elle évoquerait ses problèmes au collège. Sa mère explique qu'elle était victime de harcèlement de la part de certains d'autres élèves. La jeune fille en avait également parlé à une voisine, et plusieurs de ses camarades confirment qu'elle était bien l'objet de moqueries sur son physique. Mais de son côté, la direction du collège repousse ses accusations, expliquant ne rien savoir à ce sujet. C'est bien le problème.

Au delà de ce fait divers, on retrouve un vrai sujet, celui du harcèlement scolaire. Le collège est certainement la période où ce phénomène est le plus marqué. Les élèves sont suffisamment vieux pour se soucier des questions de statuts et de jugement de valeurs, mais pas assez pour avoir la maturité qui permet de relativiser. Pour la cible des moqueries, c'est une dévalorisation gratuite et quotidienne, à l'âge où l'on construit sa personnalité. C'est dur à encaisser, et peut avoir des effets bien plus dévastateurs à long terme que le fait de voir un film violent, pourtant bien souvent plus cité comme chose "traumatisante". Pour les moqueurs, il n'y a aucun enjeu. S'en prendre à un souffre douleur est une activité ludique, une occasion de rigoler pratiquée en groupe. Peut-être que cela leur permet de renforcer leur confiance en eux, d'avoir la certitude d'être du côté de ceux qui dominent... Mais à vrai dire, ils n'y pensent pas plus que ça avant ou après. C'est vraiment l'occasion fait le larron.

La plupart du temps, les adultes ne se rendent compte de rien. "Rapporter" ce genre de comportement aux surveillants ou professeurs peut-être l'occasion de brimades supplémentaires. Ceux-ci sont de toute façon prompts à évacuer un signalement d'un revers de main, mettant ça sur le compte de banals conflits entre gamins sans conséquence, où au mieux, tout le monde est coupable. Les parents des victimes sont parfois mis au courant, mais ne savent pas vraiment comment réagir. Quant aux parents des moqueurs, ils sont bien loin d'imaginer cet aspect de la vie de leurs enfants.

Ce n'est pas le genre de problème qui se réglera avec une loi, ou même qui pourra être réglé tout court. Mais avec plus de sensibilisation sur cette question (notamment via la médiatisation de telles affaires), au moins peut-on espérer que familles et équipes éducatives ne croient plus que c'est sans conséquence.