Récemment, lors de la nomination de nouveaux sénateurs remplaçant ceux appartenant désormais à l'administration Obama, des controverses ont eu lieu quant à la composition du Sénat américain. Un dessin humoristique sur ce sujet montrait un homme politique proposant de mettre fin à la fracture entre les sénateurs qui avaient acheté leur siège et ceux qui en avaient hérités. C'est vrai qu'il y a un peu de cela au Congrès américain. Si l'arrivée de Barack Obama représente bien un renouvellement et un souffle d'air frais, notamment par ses origines étrangères et son peu de temps passé au premier plan avant de devenir Président, la vie parlementaire américaine est plutôt le théâtre des carrières politiques interminables et des positions qui se transmettent au sein d'une même famille. Les exemples sont nombreux. Il y a évidemment les deux Georges Bush, 41ème et 43ème Présidents des Etats-Unis, respectivement fils et petit-fils du sénateur Prescott Bush. Ce n'était même pas la première fois qu'un fils suit sont son père à la tête du pays, John Quincy Adams, le 6ème président, étant le fils du deuxième, John Adams.

Du côté démocrate, la famille Kennedy a récemment essayé de placer la fille du 35ème président à un poste de sénateur, suivant les exemple de son père et de son oncle, Ted Kennedy. Ce dernier est membre du sénat depuis 1962, mais n'y est pas même pas le plus ancien à son poste. Le doyen s'appelle Robert Byrd, il a 91 ans, et a été élu pour la première fois en 1958. Le plus ancien membre de la chambre des représentants, John Dingell Jr, n'a "que" 82 ans, mais siège depuis 1955, avant même la naissance de Barack Obama ! Son prédécesseur n'était autre que son père, John Dingell Sr, qui commença à siéger en 1933. Le cas de Strom Thurmond est également stupéfiant. Né en 1902, il devint gouverneur de Caroline du Sud à l'âge assez ordinaire de 44 ans, fut candidat à la Présidence de 1948 du côté démocrate sur la base d'un programme particulièrement raciste et ségrégationniste, entra au sénat en 1954 et y resta (sauf une interruption de quelques mois au début) jusqu'en janvier 2003, à l'âge de 100 ans ! Son grand âge (il fut doyen du sénat pendant 14 années) et sa défense de la ségrégation ne l'ont pas empêché d'être réélu sans discontinuer, se contentant simplement de changer de parti en 1964, au point d'être sénateur centenaire.

Si actuellement, au niveau des histoires de familles, le cas Clinton est connu avec les candidatures des deux époux à la Maison Blanche, il faut également lui adjoindre le cas des Dole, où le mari Bob fut sénateur du Kansas, avant que sa femme Elizabeth ne le soit de la Caroline du Sud. Mais l'exemple de tradition politique familiale le plus marquant reste celui de la famille Udall. Au XIXème siècle, un mormon influent de l'Utah, David King Udall, eu deux femmes. Les descendants de sa seconde femme ont formé une lignée de politiciens républicains, dont le dernier membre, Gordon Smith, était encore sénateur de l'Oregon jusqu'aux dernières élections. Quant aux descendants de la première femme, ils ont eux tous été des politiciens du côté démocrate : aujourd'hui encore, les cousins Tom et Mark Udall siègent au sénat, représentant respectivement le Nouveau Mexique et le Colorado.

Ces exemples, parmi d'autres, montrent à quel point certains politiciens américains sont verrouillés à leurs sièges. Même en France, où chaque camp a des circonscriptions imperdables, l'ancienneté ne remonte pas aussi loin, alors que les parlementaires sont plus nombreux au niveau national. Si le doyen de l'Assemblée Nationale, Loïc Bouvard, vient "seulement" de fêter ses 80 ans. Le plus ancien élu est Didier Julia, siégeant à l'Assemblée Nationale depuis 1967. Aucun des sénateurs actuels ne siégeait avant 1980... mais l'on y compte pas moins de 8 octogénaires, soit plus que dans tout le Congrès américain.