samedi 3 février 2007
Une faucille, un marteau, voilà José Bové
Par xerbias, samedi 3 février 2007 à 13:15 :: Faits politiques
L'automne dernier, l'extrême gauche essayait de se mettre en ordre de marche pour les présidentielles. La capacité de nuisance dont elle avait fait preuve lors du référendum sur le traité constitutionnel européen l'a encouragé à croire qu'elle pouvait jouer un rôle important lors des prochaines élections. L'idée a donc couru sur l'opportunité d'une candidature unitaire "anti-libérale". Seulement, il en était hors de question pour Lutte Ouvrière, et Arlette Laguiller a promis d'entrer en lice seule. Pour la Ligue Communiste Révolutionnaire, l'idée était envisageable, à condition que ce soit Olivier Besancenot qui en soit le représentant. Certains prétendaient qu'une telle candidature ne pouvait être représentée par une personnalité politique dirigeante de l'un des partis composant l'alliance. C'est ce qui faisait Clémentine Autain ou José Bové penser qu'ils pouvaient être la bonne personne. Parmi les Verts, ce dernier en particulier avait des soutiens, séduits par son extrémisme sur l'écologie. Mais lorsque les dirigeants de ce parti ont rejeté une candidature pouvant venir d'en dehors leurs rangs. José Bové, voyant qu'il ne serait pas le grand candidat unitaire qu'il souhaitait, décida de se retirer. Accessoirement, le Parti Communiste a réussi à faire de Marie-George Buffet la candidate unitaire de son parti, et de quelques autres collectifs par une manoeuvre. L'objectif recherché n'est donc pas atteint, et la division que l'on constate dans ce camp est un échec pour ceux qui souhaitaient une candidature véritablement unitaire. En fait, tout le monde est d'accord pour l'unité, mais à condition que l'unité se réalise autour de soi-même. Cela n'a pas empêché José Bové de refaire surface ces dernières semaines, pour faire lui aussi sa propre candidature unitaire devant laquelle les autres devraient s'effacer. Peu importe qu'il ait dit qu'il n'était plus candidat, les prises de positions fermes ne semblent pas être sa tasse de thé. Il rejoint en cela Noël Mamère, qui en dit clamait haut et fort sa décision irrévocable de ne plus être candidat à l'élection présidentielle, pour le devenir très peu de temps après. On peut aussi penser au retrait très relatif de Lionel Jospin de la vie politique. Toujours est-il que José Bové semble décider à profiter du personnage médiatique qu'il s'est forgé pour qu'on puisse parler de lui pendant les trois prochains mois.
On ne sait pas bien ce qu'il pourrait apporter à la France en tant que Président. Ce n'est de toutes façons pas ce qu'il souhaite être. Le problème est qu'on ne voit pas bien non plus ce qu'il pourrait apporter au débat. Sa volonté est d'incarner une candidature anti-libérale. C'est donc une candidature qui s'inscrit en négatif, mais qui ne dit pas ce qu'elle souhaite. Cela s'inscrit dans un refus épidermique du libéralisme, qui est toujours considéré comme ultra, et une croyance qui considère que la France entière refuse le jeu de la concurrence, le capitalisme en fait. José Bové et ses amis ont quelques slogans qui délimitent leur pensée : "le monde n'est pas une marchandise", ou bien "un autre monde est possible". Au fait, quel autre monde ? Comment se fait-il que si le constat est toujours aussi sévère, on soit autant épargné par les solutions qui permettrait de sauver le monde ? Les alter-mondialistes n'ont en fin de compte réussi à se faire entendre que sur une seule mesure : la taxe Tobin. L'idée est de prélever un petit montant des énormes transactions financières qui ont lieu chaque jour pour financer à peu près tout et n'importe quoi. Seulement pour que cela soit possible il faudrait que tous les pays mettent en application cette mesure en même temps, afin d'éviter les fuites de capitaux. C'est d'ores et déjà utopique. Mais en plus, James Tobin, l'économiste qui a eu l'idée de cette taxe a d'ores et déjà dénoncé l'application que les mouvements alter-mondialistes voulaient en faire. Subsiste alors la grande inconnue sur le monde qui est censé remplacer notre ère capitaliste.
Voyons voir, peut-être pouvons-nous rechercher des éléments dans le parcours de José Bové pour découvrir la philosophie qui l'anime. Issu d'un milieu aisé, il entre dans la mouvance soixante-huitarde et décide d'aller garder des chèvres dans le Larzac, ce qui n'était pas si rare à l'époque. Par le biais de la Confédération Paysanne, il réussit à apparaître dans les médias en détruisant un restaurant. Il est alors consulté à propos de tous les sujets, et continue d'entretenir le spectaculaire de son engagement en usant de la violence. Il se sert d'ailleurs d'un vocable étonnant pour tenter de justifier ses actions. La mise à sac d'un restaurant devient un "démontage", alors qu'il n'était pas vraiment question d'y dévisser des ampoules. La destruction de plants génétiquement modifiés est un "acte de désobéissance civile" qui se voudrait dans la lignée de Gandhi, alors que celui-ci se réclamait de la non-violence. Utilisé de cette façon, le concept devient troublant : ainsi, si l'on a un problème avec quelque chose et que la loi ne permet pas de faire ce que l'on voudrait contre, il suffirait de mépriser la loi et de faire ce que l'on veut si l'on estime cela juste. Dès lors, tout est justifiable et la loi n'a plus aucune justification, il ne reste que l'anarchie. A ce titre là , ceux qui estiment que détruire la maison de José Bové pourrait être une bonne action n'auraient pas à se priver. José Bové, lui, se présente à l'élection présidentielle tout en assumant le non-respect des lois. Heureusement qu'il ne souhaite pas véritablement être élu, les lois auraient du mal à être respectées dans une telle situation.
A moins que ce soit un tout autre ensemble de loi qu'il reconnaisse et souhaite faire appliquer. Une faucille pour arracher les cultures qui lui déplaisent, un marteau pour détruire le restaurant qui a le tort de servir une cuisine d'origine étrangère, on pourrait retrouver dans ce marteau et cette faucille les symboles d'un communisme que le candidat ne semble pas assumer publiquement. Après tout, le communisme est la seule alternative disponible sur le papier au capitalisme, mais l'expérience a invalidé ce modèle après les cuisants échecs que causèrent son application dans le monde. L'anti-libéralisme n'est alors que le masque d'un communisme non avoué qui tente de faire oublier ses échecs en critiquant le capitalisme sans proposer d'alternative nouvelle. Dans l'extrême gauche, le marxisme prédomine donc toujours, divisé en trotskistes et non trotskistes, en communistes avoués et en anti-libéraux qui n'assument pas leur pensée, le fond reste le même. Mais le communisme reste une douloureuse utopie, et le propre de l'utopie est qu'elle ne peut pas être appliquée, et donc qu'on ne doit pas chercher à le faire.
On ne sait pas bien ce qu'il pourrait apporter à la France en tant que Président. Ce n'est de toutes façons pas ce qu'il souhaite être. Le problème est qu'on ne voit pas bien non plus ce qu'il pourrait apporter au débat. Sa volonté est d'incarner une candidature anti-libérale. C'est donc une candidature qui s'inscrit en négatif, mais qui ne dit pas ce qu'elle souhaite. Cela s'inscrit dans un refus épidermique du libéralisme, qui est toujours considéré comme ultra, et une croyance qui considère que la France entière refuse le jeu de la concurrence, le capitalisme en fait. José Bové et ses amis ont quelques slogans qui délimitent leur pensée : "le monde n'est pas une marchandise", ou bien "un autre monde est possible". Au fait, quel autre monde ? Comment se fait-il que si le constat est toujours aussi sévère, on soit autant épargné par les solutions qui permettrait de sauver le monde ? Les alter-mondialistes n'ont en fin de compte réussi à se faire entendre que sur une seule mesure : la taxe Tobin. L'idée est de prélever un petit montant des énormes transactions financières qui ont lieu chaque jour pour financer à peu près tout et n'importe quoi. Seulement pour que cela soit possible il faudrait que tous les pays mettent en application cette mesure en même temps, afin d'éviter les fuites de capitaux. C'est d'ores et déjà utopique. Mais en plus, James Tobin, l'économiste qui a eu l'idée de cette taxe a d'ores et déjà dénoncé l'application que les mouvements alter-mondialistes voulaient en faire. Subsiste alors la grande inconnue sur le monde qui est censé remplacer notre ère capitaliste.
Voyons voir, peut-être pouvons-nous rechercher des éléments dans le parcours de José Bové pour découvrir la philosophie qui l'anime. Issu d'un milieu aisé, il entre dans la mouvance soixante-huitarde et décide d'aller garder des chèvres dans le Larzac, ce qui n'était pas si rare à l'époque. Par le biais de la Confédération Paysanne, il réussit à apparaître dans les médias en détruisant un restaurant. Il est alors consulté à propos de tous les sujets, et continue d'entretenir le spectaculaire de son engagement en usant de la violence. Il se sert d'ailleurs d'un vocable étonnant pour tenter de justifier ses actions. La mise à sac d'un restaurant devient un "démontage", alors qu'il n'était pas vraiment question d'y dévisser des ampoules. La destruction de plants génétiquement modifiés est un "acte de désobéissance civile" qui se voudrait dans la lignée de Gandhi, alors que celui-ci se réclamait de la non-violence. Utilisé de cette façon, le concept devient troublant : ainsi, si l'on a un problème avec quelque chose et que la loi ne permet pas de faire ce que l'on voudrait contre, il suffirait de mépriser la loi et de faire ce que l'on veut si l'on estime cela juste. Dès lors, tout est justifiable et la loi n'a plus aucune justification, il ne reste que l'anarchie. A ce titre là , ceux qui estiment que détruire la maison de José Bové pourrait être une bonne action n'auraient pas à se priver. José Bové, lui, se présente à l'élection présidentielle tout en assumant le non-respect des lois. Heureusement qu'il ne souhaite pas véritablement être élu, les lois auraient du mal à être respectées dans une telle situation.
A moins que ce soit un tout autre ensemble de loi qu'il reconnaisse et souhaite faire appliquer. Une faucille pour arracher les cultures qui lui déplaisent, un marteau pour détruire le restaurant qui a le tort de servir une cuisine d'origine étrangère, on pourrait retrouver dans ce marteau et cette faucille les symboles d'un communisme que le candidat ne semble pas assumer publiquement. Après tout, le communisme est la seule alternative disponible sur le papier au capitalisme, mais l'expérience a invalidé ce modèle après les cuisants échecs que causèrent son application dans le monde. L'anti-libéralisme n'est alors que le masque d'un communisme non avoué qui tente de faire oublier ses échecs en critiquant le capitalisme sans proposer d'alternative nouvelle. Dans l'extrême gauche, le marxisme prédomine donc toujours, divisé en trotskistes et non trotskistes, en communistes avoués et en anti-libéraux qui n'assument pas leur pensée, le fond reste le même. Mais le communisme reste une douloureuse utopie, et le propre de l'utopie est qu'elle ne peut pas être appliquée, et donc qu'on ne doit pas chercher à le faire.