La récente opération terroriste qui a eu lieu à Bombay ne peut laisser indifférent. L'Inde est loin d'être un pays fondamentalement pacifiste, en dépit de l'enseignement de Gandhi, mais les récentes violences ne peuvent être vues que comme des faits d'une gravité sans précédent. Les terroristes ont l'habitude de commettre leurs crimes en faisant exploser des bombes auprès de la population afin de répandre la terreur. Cette fois-ci, ils sont arrivés en grand nombre, tirant sur tout le monde sans distinction, dans le seul but de tuer et de créer la terreur. A 10 personnes, ils ont pris la vie de 164 Indiens et en ont blessés des centaines d'autres. Tout cela dans la première ville de l'Inde, Bombay, la capitale économique et touristique. Neuf des des terroristes ont été tués par les forces de l'ordre indienne, le dernier a été capturé vivant. Mais ces événements ont duré plusieurs jours, au cours desquels l'armée indienne est intervenue pour sauver les otages, sécuriser les zones et supprimer la menace. Au final, l'Inde a bien fait face à un acte de guerre.

Un acte de guerre qui n'est l'œuvre d'aucun pays. Le terme de "11 septembre indien" a été lancé. Cela a une certaine pertinence : un commando prêt à mourir débarque dans la plus grande ville pour y semer la désolation, avec des actes dont la portée fait penser à des opérations de guerre, mais sans être les soldats d'une quelconque armée officielle. Sur ces aspects-là, novembre 2008 rejoint septembre 2001. De tels méfaits demandent bien une préparation minimale, qui doit forcément s'accomplir quelque part. Pour le 11 septembre 2001, le plan avait été conçu par Al Quaida, une organisation dont le chef et des camps d'entraînement étaient hébergés en Afghanistan, par le régime taliban. Celui-ci et Oussama Ben Laden avaient d'abord démentis être impliqués dans la tragédie américaine, avant de le reconnaître (et de s'en vanter) plus tard, les preuves étant établies. La colère venue des Etats-Unis s'est abattue sur l'Afghanistan, et si les talibans continuent d'être actifs sans être au pouvoir, Al Quaida n'y a plus vraiment son refuge. Nombreux sont ceux qui pensent que tous les démons de l'Afghanistan se sont repliés dans le nord du Pakistan, une zone que l'armée pakistanaise ne contrôle pas, si jamais elle le souhaitait.

Les terroristes de Bombay venaient eux aussi du Pakistan, même si leur appartenance aux mêmes organisations que celle d'Oussama Ben Laden est loin d'être claire. D'une manière générale, le fondamentalisme musulman est un problème central pour le Pakistan. La démocratie pakistanaise, qui a permis de faire partir le général Pervez Musharraf du pouvoir pour y mettre le veuf de Benazir Bhuto, Asif Ali Zardari, reste assez faible. Il y a une forte agitation sociale extrémiste qui menace constamment le régime en place et qui risque d'instaurer la charia. Le travail des dirigeants pakistanais est celui d'équilibriste, à contenir les influences islamiques d'une part, et d'autre part rester de bonnes relations diplomatiques avec l'occident d'autre part.

La rivalité entre l'Inde et le Pakistan est forte, les tensions entre les musulmans et les hindous dans la région étant déjà une source de préoccupation à l'époque de la domination britannique. Au-delà des questions nationalistes se posant sur le territoire du Cachemire, ces opérations terroristes semblent augurer de nouveaux conflits qui ressembleraient à une guerre de religion. L'Inde tient le Pakistan comme responsable de ce qu'il s'est passé, mais le Pakistan condamne les actions des terroristes et affirme ne pas les avoir favorisés. Evidemment, ce que le Pakistan aurait du faire, c'est de les en empêcher lorsqu'elles se préparaient. Quand bien même le Pakistan en aurait la volonté, il est loin d'être certain qu'il en aurait la capacité. Au final, l'aggravation brusque des crimes accomplis par des fondamentalistes musulmans en Inde augmente le risque d'un terrible conflit dans cette poudrière. Et la menace extrémiste demeure vive, partout dans le monde.