Cela fait désormais plus de 18 mois que le gouvernement Fillon dirige la France. Sa feuille de route est claire, c'est d'appliquer les programme prôné par Nicolas Sarkozy lorsqu'il était en campagne présidentielle. Si François Fillon est moins devant les caméras que le Président de la République, il n'en reste pas moins que son gouvernement est loin d'être inactif. L'Assemblée Nationale semble même s'en plaindre, protestant fréquemment contre l'agenda législatif que les députés trouvent toujours trop chargé. Si certaines mesures peuvent être appliquées par une seule loi, d'autres visent à accomplir des transformations qui demandent un travail s'étalant sur plusieurs années. Le rythme tenu est bon, certains progrès ou tentatives de progrès sont accomplis parfois via des renoncements qui limitent considérablement la portée de la politique appliquée, comme en matière de service minimum ou de réforme de la gouvernance des universités. Toujours est-il que la phase actuelle ne pourra pas toujours continuer, tout du moins pas sous la même forme. Il y a peu de chances que la population demande un retour à l'immobilisme, il faut donc éviter un pouvoir politique qui passerai progressivement de réformateur à gestionnaire. Il y a peu de chances que ce soit un jour l'idée de Nicolas Sarkozy que de prendre un tel tournant, mais l'expérience montre qu'au fil des années, le pouvoir use et le gouvernement en place devient le synonyme de l'ordre établi.

Bien sûr, en politique il y a la possibilité du remaniement ministériel, pour redynamiser l'action. Les rumeurs de remaniements sont d'ailleurs un fonds de commerce inépuisable pour les journalistes politiques qui jouent à "qui gagne, qui perd". Il y a aussi la possibilité plus spectaculaire de changer de Premier ministre. Chaque mandat présidentiel voit ainsi passer deux ou trois Premiers ministres, François Mitterrand s'étant distingué en en changeant quatre fois au cours de son second septennat. Mais la solution la plus forte pour un camp politique est celle de faire arriver de nouvelles idées, de mettre en avant un renouveau idéologique qui est alors accompagné d'un certain renouvellement des personnalités politiques. C'est ce qu'avait réussi à faire la droite en portant Nicolas Sarkozy à la tête de l'UMP en 2004.

Ainsi, deux ans après la victoire de Jacques Chirac à la présidentielle de 2002 et l'arrivée de Jean-Pierre Raffarin à Matignon, la relève a commencé à se préparer. Des propositions ont progressivement été élaborées avec pour objectif d'être mises en application un jour ou l'autre. Elles le sont aujourd'hui. Normalement, c'est le processus que devrait suivre le Parti Socialiste actuellement. Mais pour bien faire, la majorité serait bien inspirée de faire de même dès maintenant, pas forcèment pour être en concurrence avec le travail gouvernement en cours, mais pour pouvoir être en mesure de prendre le relais le moment venu. De chaque bord politique de nouvelles idées ou visions doivent être créées, pour que, dans un prochain temps, la France puisse sans difficulté bénéficier d'un nouvel élan.